Le portail des mélomanes francophones, le rendez-vous des collectionneurs et de ceux qui aiment écouter la musique classique - aucune expérience requise!
Cette année, mon été sera plutôt chargé du côté domestique,
et je fais des ajustements pour juillet et août quant à nos plateformes.
En somme, mes séries du mardi et du dimanche feront relâche
jusqu’en septembre, exception faite d’un billet sommaire que je prévois publier
le premier mardi de juillet et d’août sur ici et sur MQCD Musique Classique
pour encadrer nos sélections souvenir. Ainsi donc, pas de Chronique du
Disque ni de nouveaux Jadis sur Internet ou même de nouvelles
illustrations musicales inédites cet été.
Je m’en tiendrai donc au B + B du vendredi, qui ramènera de
vieux montages et de vieilles suggestions de musique ouverte, avec des reprises
de billets (comme je l’ai fait pour la série du dimanche cette année).
Ma Vlast (trad. Ma Patrie) est un cycle de six poèmes symphoniques de Bedrich Smetana (1824-1884), compositeur tchèque contemporain de Dvořák. Quoique Dvořák ait composé beaucoup de musique avec des accents tchèques, Ma Vlast se distingue comme étant plutôt une œuvre patriotique, disons comme Finlandia de Sibelius, par exemple.
Les six tableaux mêlent la légende, le folklore et l’atmosphère. Les poèmes furent conçus pour être joués ensemble, et Smetana utilise des leitmotivs qui cimentent les tableaux.
Le poème le plus célèbre de l’ensemble, Vltava (la Moldau) a été endisqué par à peu près tous les grands chefs. Il ne faut pas négliger les cinq autres, dont Par les prés et les bois de Bohême qui est en tous points aussi évocateur que Vltava peut l’être.
MQCD propose un enregistrement de Ma Vlast par la philharmonique tchèque sous Vaclav Talich (cliquer ici), et en dépit des limites techniques évidentes, on reconnait le fil soyeux tissé par Smetana et rendu avec fidélité absolue par le vieux maestro.
L’artiste
Le chef tchèque Rafael Kubelik (1914-1996) est issu d’une génération remarquable de chefs nés entre 1908 et 1920, qui compte des noms illustres comme Bernstein, Karajan et Giulini. Il étudie au conservatoire de Prague et donne son premier concert avec l'Orchestre philharmonique tchèque en 1937, et deviendra son directeur artistique en 1942, succédant (justement!) à Vaclav Talich.
À l'arrivée du régime communiste, il s'exile en 1948 en Angleterre, puis aux USA. Il devient alors directeur musical de l'orchestre symphonique de Chicago (1950–1953), directeur musical du Covent Garden (1955 -1958). Il dirige également régulièrement la philharmonique de Vienne et la philharmonique de Berlin. Il est nommé, à partir de 1961, directeur musical de l'orchestre de la radiodiffusion bavaroise, poste qu'il occupera pendant près de 20 ans (1961–1979).
Cette dernière association sera des plus fructueuses: il endisquera une intégrale Mahler qui (encore aujourd’hui) fait l’éloge des mélomanes, en plus d’une large panoplie d’œuvres couvrant la période classique et allant aux œuvres modernes de la nouvelle école Viennoise. Son répertoire de prédilection est sans doute la musique tchèque: Dvořák, Janáček, Martinů et Smetana.
L’association Kubelik / Ma Vlast
Kubelik (encore à Prague en 1947), institua le festival international de musique classique du Printemps de Prague. La tradition veut que le festival débute par le récital du poème symphonique Ma Vlast, et se termine par la neuvième symphonie de Beethoven.
Le mariage Kubelik / Ma Vlast est en effet un mariage des plus réussis: le chef qui se veut un grand sensible et le cœur sur la main musicalement - on ne peut qu’imaginer l’émotion que doit ressentir un Kubelik en exil, qui se donne à fond à l’exécution d’une œuvre aussi patriotique…
L’écoute comparée
Kubelik nous régale donc d’au moins cinq prestations de cette œuvre disponibles commercialement.
Ce qui est important de noter est que les cinq prestations sont de très haut niveau, alliant ferveur, énergie et lyrisme, avec un esprit de synthèse que je ne peux que qualifier d’exemplaire. Ceci est d’autant plus remarquable si l’on souligne que ces cinq prestations couvrent près de 40 ans, et impliquent cinq orchestres différents, tous (sauf un) n’étant pas nécessairement associés avec le répertoire tchèque!
Je vous les propose ici, par ordre chronologique
Chicago Symphony Orchestra (Mercury, 1952)
Ce premier enregistrement de Kubelik date de sa courte association avec le Chicago Symphony. Ce document MONO fut supervisé par les ingénieurs de l’étiquette Mercury, qui étaient (au début des années 50) à la fine pointe de la technologie de l’époque. En dépit du MONO, cette interprétion est spectaculaire, et certains vont même jusqu’à suggérer qu’il s’agît de la meilleure des prestations enregistrées par notre maestro. La dynamique sonore requise par Vltava souffre quelque peu sur ce vieil enregistrement, mais l’ensemble est clair et plein de couleur.
Wiener Philharmoniker (Decca, 1959)
Pour sa deuxième prestation, Kubelik est à Vienne, et endisque l’intégrale en stéréo. Je dois regrettablement pointer du doigt les ingénieurs de DECCA qui, à l’instar de l’équipe américaine de Mercury, réalisent un enregistrement qui manque de définition et de contraste. Même si on a droit à une version stéréophonique, le résultat est généralement inférieur au produit de Chicago.
Au début des années 70, DG entra dans une collaboration long-terme avec le Boston Symphony, qui nous donna des dizaines d’enregistrements signés Ozawa, Steinberg et sous des chefs invités tels Claudio Abbado, Tilson-Thomas et celui-ci avec Kubelik. Ici, on a droit à un mariage de circonstances qui réussit: le chef qui possède pleinement l’œuvre, la virtuosité sans équivoque (en particulier les bois) du BSO et l’acoustique du Symphony Hall de Boston qui resplendit dans cette prise de son. Sans doute, pour plus d’une quinzaine d’années, cet enregistrement fut la référence pour Ma Vlast.
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (Orfeo, 1984) (Torrent)
Il s’agît ici d’une performance sur le vif, qui réunit Kubelik et son orchestre de la radiodiffusion bavaroise. Un enregistrement numérique, parfaitement valable. Il existe une version DVD du concert, dont voici un extrait YouTube:
Contraint par sa santé précaire (particulièrement des problèmes d’arthrite), Kubelik a du prendre une retraite prématurée (pour un chef d’orchestre!), mais avec la fin du régime Soviétique, et les nouvelles libertés offertes aux citoyens de sa patrie natale, il reprit le podium à l’invitation de la philharmonique tchèque en 1990 dans la performance annuelle de Ma Vlast au festival de Prague. Ce disque croque cette prestation du vieux chef sur le vif. Sans contredit, il s’agît ici d’un moment magique, qui est retenu à jamais dans une longue séquence de bits. L’enregistrement numérique est à la hauteur de la prestation, et le résultat est (pour moi) la performance la plus émouvante et sincère de l’intégrale de ces poèmes. Voici le concert intégral, gracieuseté YouTube:
Le montage # 162 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast162
Les vacances doivent aporocher, car j'ai l'impression de vous offrir un billet assez facicle et pas trop original... Une reprise intégrale d'une playlist de september 2012 qui présente Mozart dans une paire de comandes.
Sigmund Haffner Gasse dans le centre-ville historique de Salzbourg relie la Getreidegasse avec le Franziskanergasse. C'est l'une des plus vieilles rues de Salzbourg: remontant à 1140 quand l'église franciscaine est devenu une église paroissiale. Avant 1620 la rue a marqué la fin du secteur bourgeois de la ville. Le nom de la rue rend hommage au riche marchand, Sigmund Haffner, qui a servi comme maire de la ville de 1768 à 1772. Son fils avait le même âge que Wolfgang Amadeus Mozart, et le compositeur a consacré sa Sérénade Haffner à la fille de Sigmund Haffner pour sses fiançailles en 1776.
Ce qu'on retient de particulier de cette sérénade est l'insertion de trois mouvemtns qui forment à toutes fins pratiques un concerto pour violon et orchestre.
En juillet 1782, Mozart, résidant à Vienne, venait de célébrer son mariage avec Constance Weber, contre l’avis de son père qui n’appréciait pas la jeune femme. Il reçut alors une autre commande de la part de Sigmund Haffner, maire de Salzbourg, qui venait d’être anobli et désirait une sérénade pour célébrer l’évènement.
Le 27 juillet, Mozart expédiait à Salzbourg deux menuets et promettait le plus rapidement possible le reste de la sérénade. Mais, alors que le compositeur avait presque achevé son travail, Haffner annula probablement sa commande et la partition tomba dans l’oubli. En décembre, Mozart reprit sa partition pour l’un de ses concerts à venir. Il la modifia légèrement en fonction de sa nouvelle destination : la Symphonie no 35 en ré majeur « Haffner » était née.
Cette 35e symphonie marque souvent la première des dernières grandes symphonies de Mozart (les 39e, 40e et 41e étant les plus célèbres). La Haffner et la suivante (Linz) représentent fort probablement les meilleurs exemples de symphonies composées par Mozart dans ce que j'appellerais le style classique, à la manière de Haydn.
MENDELSSOHN: Songs without Words [eMusic - Vol 1, Vol 2]
Mendelssohn composera huit recueils de chansons sans paroles entre 1829 et 1845, chaque recuiel totalisant huit "lieder". A leur époque, alors que les pianos devenaient populaires dans les domiciles, l'attrait de ces courtes pièces était leur varété musicale et leur accessibilité pour les pianistes amateurs. C'est sans doute justement cette dernière qualité qui fait qu'on néglige l'aspect pianistique de ces petits bijoux parmi les musiciens sérieux et la critique... NAXOS confie à Peter Nagy la mission d'endisquer l'intégrale sur deux disques (un troisième disque étant un ramassis des meilleurs moments), et je trouve que l'ensemble est réussi. Une cinquantaine de plages, jouées avec affection pour ces partitions. Pour ceux qui cherchent à compléter l'ensemble. QS = A, IG = A-.
Korngold, E.W.: Much Ado About Nothing Suite / Improvisations (Korngold) (1951) [eMusic]
Je reviens souvent à cette série Naxos de documents d'archives, des numérisations d'enregistrements d'époque, car ils proposent souvent des artistes ou des oeuvres qu'on a peine à retrouver sur le marché. L'artiste en primeur ici est le compositeur, pianiste et wunderkind de naguère Erich Korngold, dont la carrière dut prendre un détour Hollywooden lors de l'occupation Nazie en Autriche. Après la Guerre, Korngold tente de reprendre du service comme artiste "sérieux", mais son passé cinématographique fait de lui une victime de snobisme culturel, disons. Lors d'un séjour en Autriche au début des années 50, Korngold endisque un grand nombre de ses oeuvres de jeunesse, comme chef et (rarissime!) comme pianiste: Des plages de musique de scène et d'improvisations sur des thèmes de ses opéras. Quel génie! Les sources originales trahissent leur ère, mais le résultat vaut la peine d'entendre! QS= B+, IG= A-.
Nos deux prochaines suggestions mettent en vedette Herbert von Karajan, dans deux disuqes d'oeuvres du répertoire qu'il edisquera plusieurs fois, avec le Philharmonia (EMI en MONO vers 1955-59) et la Philharmonique de Berlin (DG, Stéréo, 1965+). Un petit détour avec ce premier choix, qui présente Karajan avec un troisième orchestre (Philharmonique de Vienne) sur un label différent (DECCA) mais dans des oeuvres qu'il endisquera au moins trois fois: les trois suites de ballet de Tchïikovski, Dans ma colletion, j'ai la version Berlin de ces suites, mais je trouve que ce recueil est supérieur. A vous de me dire si vos partagez mon opinion... QS = A, IG = A.
Rossini Overtures - Berliner Philharmoniker, Karajan [Torrent]
Lors d'une visite chez un disquaire avec un collègue, nous avons trouvé une réédition ("Red Label" Angel) de "cinq" des ouvertures de Rossini avec Karajan et le Philharmonia. Il acheta le disque, et j'ai vite comparé l'audition au DG de Karajan avec la Philharmonique de Berlin qui comptait "six" ouverures dans ma collection. Pas de comparaison, le DG l'emporta haut-la-main, et aucun aitre disque de compilations d'ouverures de l'Italien n'est venu à sa cheville depuis. Quel délice de retrouver ce vieil enregistreent sous forme numérique, dans toute sa splendeur! Pour les "fans" de Rossini et de Karajan! QS = A, IG = A-.
Le solstice d'été a eu hier, donc je vous invite à écouter ce montage d'oeuvres qui ont comme thématique commune l'été.
Commençons par souligner une paire de compositions québécoises: “Un été fragile” d'André Gagnon et “Été canadien” d'un Andre Mathieu âgé d'à peine dix ans. Pour compléter la présence québécoise, soulignoins la contribution de l'ouverture du Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn interprétée par l'Orchestre Symphonique de Montréal. “Knoxville, Summer 1915” de Samuel Barber et une version intégrale de l'été des Quatre Saisons de Vivaldi sont deux oeuvres majeures de noitre sélection estivale - le Vivaldi étant extrait de l'intégrale des Quatre Saisons par le violoniste Louis Kaufman. Le texte de Knoxville peut être fureté ici: http://www.sfsymphony.org/music/ProgramNotes.aspx?id=34170
“Im Sommerwind” est un bon example de musique de la soi-disant deuxième école Viennoise. A l'instar de la Nuit Transfugurée de Schönberg, cette courte pièce de Webern se rapproche de Brahms et Bruckner plutôt que de la dodécaphonie qui dominera l'esthétique du groupe. Ajoutons ici Gershwin et un extrait des saisons de Tchaikovski. Enfin, "Sur les lagunes", extrait des nuits d'été de Berlioz. Texte: http://www.recmusic.org/lieder/get_text.html?TextId=5950
Plus tard ce matin, vers 10 heures 30, mon épouse et moi
serons assis dans un gymnase mal aéré, afin d’assister à la remise des diplômes
de la promotion de 2014 à l’École Secondaire Catholique Béatrice-Desloges ici à
Ottawa. Un moment – en fait, une journée – pleine d’émotions pour notre fille
cadette qui met fin à ses études secondaires aujourd’hui, et entame le prochain
chapitre de sa vie et de ses études en septembre prochain.
Nous étions dans ce même gymnase il y a trois ans, afin
d’assister à la remise des diplômes de la promotion de 2011 et le tremplin de
notre autre fille dans le monde adulte. Dans son cas, hormis un séjour court et
oubliable aux études post-secondaires, elle a trouvé chaussure à son pied sur
le marché du travail et je peux vous rapporter que dans l’ensemble les choses
vont bien pour elle.
Il y a trois ans également, notre aîné recevait un diplôme
collégial, et se promettait d’entamer une carrière universitaire, chose qu’il a
complétée ce printemps. Il est maintenant titulaire d’un baccalauréat en
sciences de l’activité physique.
Dans les prochaines semaines, frère et sœur comptent
aménager ensemble et partager un appartement. Tant qu’à notre cadette, elle
quittera le nid familial également pour ses études.
Les circonstances ont conspiré afin que notre nouvelle
finissante poursuive ses études à une université à plus de 600 km de chez nous.
Il y a de l’appréhension de part et d’autres évidemment, et l’ensemble des
circonstances ont ramené à la surface un tas de sentiments et de souvenirs,
vieux maintenant de 30 ans, un étrange parallèle avec mon expérience personnelle.
Il y a trente ans presque jour-pour-jour, j’étais moi aussi
un finissant, mais dans ce cas-ci un finissant universitaire, recevant mon bac
en Physique. Comme ma fille, il y avait un plan: des études de deuxième cycle à
une université lointaine et, comme elle, ma première expérience de vie
étudiante loin de ma famille, avec tout ce que ça implique: le relogement, la
séparation, l’incertitude… Contrairement à elle, toutefois, j’avais 22 (presque
23) ans et j’avais une bonne idée de ce que la vie d’étudiant universitaire
représente, et du besoin de trouver un équilibre sain entre la routine
étudiante et la «vie sociale».
Il ne faut pas minimiser l’aspect séparation dans cette
considération – et ceci d’autant plus pour une jeune adulte qui fait ses
premiers pas «en solo». Ma relation avec ma famille, et mon frère en
particulier, était des plus étroites et – chose un peu déplorable – une fois
qu’on coupe les ficelles, les choses ne sont plus jamais les mêmes. On
vieillit, on trouve son chemin, on se crée de nouveaux réseaux et souvent
l’éloignement et la distance font qu’on s’éloigne et on se distance. Il est
difficile à dire si c’est pour le meilleur ou pour le pire, mais c’est sûrement
différent. Tout le monde change, même si fondamentalement on n’a pas changé.
On ose croire que l’expérience qui attend notre fille
l’aidera à se développer professionnellement et s'épanouir personnellement, et à se
façonner une identité. Mon désir est qu’elle développe une confiance en soi
grandissante sans toutefois oublier qu’elle est déjà une personne de grande
qualité, dont nous sommes tous fiers.
J’entends bien profiter au maximum des quelques semaines qui
restent avant qu'elle nous quitte!
Trente ans déjà
Les choses sont relatives comme on le dit, et il semble que
d’avoir trente ans (quand on en a 23) c’est vieux.
Je me souviens très bien de mon frère à 30 ans: célibataire,
ambitieux, et en transition dans sa vie personnelle. Il ne se doutait probablement
pas qu’il trouverait l’âme-sœur ce même été, et qu’is seraient ensemble encore
aujourd’hui, après avoir fondé leur propre famille. Mon frère et moi et notre
entourage (je vous épargnerai les noms, mais il s’en souviendra sûrement…)
étions assis dans le salon de son logement (il occupait l’étage supérieur du
duplex familial) lorsqu’inopinément, on sonne à la porte avec une
« livraison spéciale ». Le paquet contenait tout simplement une
cassette audio. Il la met dans la platine, et on entend une interprétation
parfaitement oubliable d’un tube de l’époque (« It feels like I’m In
Love » si je ne m’abuse). On se regarde: voyez vous, la personne qui avait
fait parvenir la cassette travaillait au sevice national des Postes, et était une dame que nous connaissions tous très bien,
que mon frère avait fréquenté pour une très courte période quelques semaines
auparavant. On se demandait tous s’il y avait un « message caché »
dans cette cassette… En fin de compte, il n’y avait rien de sinistre dans toute
cette histoire la cassette était un « mix » composé par la dame
en question, envoyé tout simplement à mon frère comme cadeau d’anniversaire.
Je ne sais pas pourquoi cet incident oubliable et anodin
m’est revenu à l’esprit récemment, sauf peut-être pour me rappeler que pendant
cet été de 1984 mon frère et moi étions presque inséparables, et que ce sont
ces moments spontanés, banals même, que je garde précieusement, qui manifestent
une certaine insouciance de ce qu’on peut appeler une jeunesse longtemps passée
(même si nous n’étions plus « jeunes » mais bien des adultes).
Demain, le 21 juin, marquera un jalon remarquable pour mon
frère – ses 60 ans. Il n’y a pas si longtemps, on aurait dit que 60 ans
c’est « vieux », mais dans le contexte du XXIe siècle, 60 ans c’est
le moment où on entame le « dernier droit »,
cette dernière folle étape d’une longue course, avec le fil d’arrivée (la
retraite) bien en vue. Pour certains, le dernier sprint exige qu’on fouille
dans ses réserves et qu’on se vide complètement, rampant presque jusqu’au fil
d’arrivée. Pour d’autres (et je souhaite que ce soit le cas pour mon frère), le
dernier droit exhorte un souffle renouvelé, et on finit la course avec encore
plein d’énergie, de quoi se payer un autre tour de piste!
Non, Michel, je ne t’enverrai pas une cassette pour ta fête,
mais j’espère que tu prendras le temps d’écouter le montage de cette semaine,
qui partage avec toi un anniversaire notoire. Avec l’expression de tous mes
meilleurs sentiments pour notre nouveau sexagénaire – sachant fort bien que ce
sera mon tour dans 7 ans…
Le montage # 161 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast161
Dans un petit hôpital privé – depuis longtemps disparu – sur
le boulevard Rosemont près de la rue Chabot, on s’apprête à mettre au monde un
certain petit monsieur (il verra le jour vers 10 heures ce soir-là). Mais il y
a un autre monsieur qui laissera un souvenir indélébile ce même soir, mais
cette fois-ci sur les ondes de la radio d’État. Dans un billet publié en
anglais originalement sur mon blog du mardi il y a trois ans, et repris en français ici, j’ai fait allusion
à ce qui sera mis en ondes ce soir-là.
On parle de Glenn Gould et des Variations Goldberg de
Jean-Sébastien Bach.
Comme je l’avais alors écrit, l’association Gould et
Goldberg est l’une de ces associations légendaires entre un artiste et une
œuvre, l’apparent parfait mariage entre la technique impeccable d’un pianiste
et du mythe de la pièce, dédiée par Bach à un mélomane insomniaque.
Glenn Gould et la Société Radio-Canada
Afin de mettre les choses dans leur contexte, il faut
rappeler que Glenn Gould est un artiste qui a une place de choix chez notre
diffuseur d’état. Entre autres, Gould sera du gala télévisé qui marque la mise
en ondes du service télévisuel de la SRC (ou de la CBC, si vous préférez) en
septembre 1952, et il est régulièrement invité à se produire à la radio lors de
l’émission Distinguished Artists (trad. Lit.: artistes de distinction) à
un point tel qu’il signe ses correspondances « Glenn Gould, D.A. »,
proposant ceci comme un titre de noblesse!
Beaucoup des prestations de Gould sur les ondes de la CBC
qui précèdent le lancement de l’album des Variations Goldberg chez Columbia (un
des disques classiques les plus vendus, point final) furent conservées parmi
les archives audio de la société sous forme d’enregistrements-témoin sur
acétate. Suite au décès prématuré du pianiste (il y a maintenant plus de 30
ans), la CBC a procédé à un effort de restauration numérique de ces
enregistrements, qui incluent des diffusions de musique de Bach, Beethoven
et de compositeurs de la Deuxième Ecole Viennoise, tous des chevaux de bataille
pour le pianiste. Un écrin de ces prestations (Gould,the Young Maverick) futl’objet d’une de mes chroniques du Disque, ainsi que d’un montage en janvier2012.
L’association entre Gould et la CBC continue tout le long de
sa carrière, et prend un virage particulier après que Gould cesse de se
produire en public en 1964, alors qu’il produit des documentairesradiophoniques en plus de s’offrir en studio comme interprète. La maison
Radio-Canada à Toronto est doptée d’un studio-amphithéâtre conçu spécifiquement
pour les concerts de musique classique qui pote le nom de « Glenn Gould
Studio » et on retrouve devant l’entrée principale la statue de RuthAbernethy montrant Gould assis sur un banc.
Le Montage
Si on revient à l’éphéméride musical pour aujourd’hui, le
montage ouvre avec la prestation des Goldberg datant du 21 juin 1954. Sans
aller dans le détail (mon article de 2011 propose une certaine analyse) la
prestation radio offre un avant-goût du résultat New-Yorkais qui suivra l’année
suivante (juin 1955), et dans certaines variations, présage même la version
numérique de 1981! Il est clair que la vision qu’a Gould de cette œuvre est une
conception changeante, dynamique, et qu’après seulement un an, son jeu
démontrera plus d’applomb, de confiance et une meilleure maîtrise de la
partition. Certains noteront que même le thème (l’aria) est joué plus
lentement, plus délibérément que la version mono de 1955, mais dans un tempo
beaucoup moins exagérément lent qu’en 1981… Ceci étant dit, Gould est en grade
forme ce soir-là, et il offre une prestation généralement dépourvue des écarts
de conduite habituels du pianiste. Disons qu’il se comporte comme un artiste
sérieux, et non pas comme un excentrique!
En complément de programme, toujours du même écrin
d’enregistrements-témoin, d’autres Bach de la même période: la Partita no. 5 et
l’ensemble des inventons à deux voix. Gould reprendra en studio
l’ensemble des partitas et l’ensemble des inventions à deux et trois voix pour
la maison Columbia et, comme pour les Goldberg, on a droit à un aperçu du
« génie au travail », qui apprend et digère ces pièces afin de les
programmer dans son répertoire. La partita, selon les Archives Nationales du
Canada, furent reprises maintes fois sur les ondes de la SRC, donc est sans
doute sa préférée parmi les 6 suites pour clavier seul du compositeur.
Notons l’ordre particulier des inventions, qui est un ordre
choisit par le pianiste, et qu’il reprendra en concerts publics, dont lors d’un
concert à Moscou (qui fut distribué posthumément par la maison Sony en couplage
avec les Goldberg, version du festival de Salzbourg en 1959).
Un dernier mot à propos de la qualité sonore: dans
l’ensemble, les techniciens de la SRC on fait un travaiil remarquable avec la
restauration de ces acétates, mais vous prendrez note de certains bruits de
fond et de distorsions inévitables dans le cas de ces transferts . La prise de
son mono est typique pour la radio à l’époque et n’enlève rien au mérite de ces
prestations. L’oreille s’adapte facilement.
Notre volet
mensuel de la série Jadis sur Internet considère la musique du Tchèque Antonín Dvořák, reconu comme un compositeur qui a réussi à intégrer les
motifs folkoriques de son pays à ses compositions.
En effet,
Dvorák est exposé à la musique locale très jeune à l'auberge familiale, où lces
airs faisaient partie de leur quotidien. On retrouve spécialement beaucoup de
ces airs dans le catalogue de musique de chambre de Dvořák. Un excellent
exemple de ce mlarige ese trouve dans ses bagatelles, qui incluent l'ajoût
d'un harmonium, un instrument assez commun dans les foyers de ses amis.
En plus de
cette influence folklorique, il y aussi l'espèce d'admiration mutuele entre lui
et Brahms. D'après moi, en plus des danses slaves, les deux
sérénades (une pour cordes et l'autre pour vents) rappellent celles de
Brahms, avec leur variété de motifs. J'ai retenu la sérénade pour cordes dans
la playlist d'aujourd'hui.
L'autre
association notoire avec Dvořák souligne un assez court séjour (1892-1895)
comme enseignant en Amérique. Le conservatoire national qu'il y diridea sera
supplanté par d'autres grandes institutions (Les Juilliard et Curtis) mais la musique qu'il composera pemdant cette période -
largement influencée par les motifs autochtones et afro-américains - compte parmi ses oeuvres les plus connues et
les plus jouées: on pense à la symphonie "provenant du Nouveau
Monde", la suite Américaine et son 12e quatuor surnommé l'Américain (ou même le drapeau Américain).
Composé
lors d'une vacance dans le Mid-West Américain (en fait, en Iowa), sa
composition fut sponytanée et fructueuse qu'il en fait la remarque sur la
partition autographe en y remeriant la Providence! Le quatuor allie ces motifs
Américains à la formule habituelle des quatuors du compositeur. En complément,
une paire de courtes pièces pour chambristes.
Bonne
écoute!
Antonín
DVOŘÁK (1841-1904)
Sérénade
pour cordes en mi majeur, op. 22 [B 52]
Orchestre
de Chambre des Jeunesses Musicales de Macédonie
Borjan
Canev, direction
Mazurek
pour violon et piano, op. 49 [B 89]
Susanne
Stanzeleit, violon
Julian
Jacoson, piano
Quatuor no.
12, en fa majeur, op. 96 [B 178] “Américain”
Stamic
Quartet
Danse slave
en mi mineur (Allegretto grazioso), op. 72 [B 145], no. 2
Le billet suivant est la reprise de notre Montage # 10 et d.un Quinze que j'en pense du 15 juin 2012.
Aujourd'hui nous célèbrons la Fête des Pères, une tradition sans doute inventée par les sociétés de cartes de souhaots mais un moment tout de même afin de porter notre attention à ce monsieur tantôt jovial, tantôt sévère mais toujours attentionné, notre cher papa.
Mon père nous a presque 10 ans – il fêterait ses 86 ans le 10 juillet – et (avec le recul qui s’impose) je n’ai que de bons souvenirs des moments que nous avons passé ensemble. Mon père était un homme actif, qui aimait les longues randonnées, et adorait passer ses soirées dans les gradins des arénas et des terrains de jeux, suivant les péripéties des jeunes joueurs de hockey et de baseball dans les quatre coins de l’île de Montréal.
Certains papas sont des bricoleurs – pas le cas ici. En fait, mon père se pensait bricoleur, mais ses entreprises autour de la maison n’étaient pas de grands succès: il értait un peintre plutôt médiocre, et faisait démonstration d’uine volatilité et d’une impatience quasi-légendaires!
Comme première sélection musicale, ce rap des plus désopilants, très contemporain je dirais, à propos du papa au XXIe siècle: Le montage musical que je vous propose pour la circonstance vous offre un bon nombre de sélections inspirées par les activités de plein air: la chasse (gracieuseté de « Papa » Haydn), la pêche (merci, M. Schubert) et le baseball (Connaissez-vous la pause de la septième manche?).
Pas toutes les relations père et fils sont harmonieuses – en faoit, il m’apparaît qu’en littérature et en musique, c’est bien le contraire. Les Dumas (tel qu’illustré dans La Dame aux Camélias, qui devient La Traviata sous la plume de Giuseppe Verdi et Francesco Maria Piave), le poète Emile Nelligan et son père David (le sijet de l’opéra d’André Gagnon et du dramaturge Michel Tremblay), Les Strauss (que ce soitJohann le père et ses fils ou Richard et son père, le corniste Franz Strauss). Dans tous ces cas, je vous propose des extraits musicaux qui illustrent ces relations.
Trois générations de Chostakovich, avec le petit-fils au piano, le fils à la direction interprétant un concerto composé par le patriarche figurent également au programme.
Du répertoire populaire, une paire d’extraits: Father and Son (trad. Père et fils), un des succès autobiographiques de Cat Stevens et du compositeuré/interprète Neil Young, Old Man (trad : Le vieux), qui aurait pu tout autant représenter sa relation parfois trendue avec son père, le chroniqueur sportif Scott Young.
Bonne écoute et, surtout, bonne fête à tous les pères!
DETAILS
Yusuf ISLAM (*1948) Father and Son (1970) Cat Stevens, guitarist et interprète
Giuseppe VERDI (1813-1901) “Di Provenza il mar il suol” (La mer et le soleil de Provence), extrait de l’ Acte II de La Traviata (1853) Rudolf Knoll, Baryton Nürnberger Symphoniker sous Alexander Von Pitamic
André GAGNON (*1939) “Where were you the last three days” et “Quand tu es né” , extraits de l’Acte II de Nelligan, «opéra romantique» (1988-90) [Orch: Gilles Ouellet] Dominique Côté, Emile Pierre Flynn, David Orchestre Symphonique de Montréal sous Jacques Lacombe
Franz Joseph HAYDN (1732-1809) Quatuor en si bémol majeur, op. 1, no. 1 [Hob. III/1] “La chasse” Quatuor Caspar Da Salo
Franz SCHUBERT (1797-1828) Troisième movement (Scherzo. Presto) EXtrait du quitette pour piano et cordes en la majeur, D. 667 “La truite” Sir Clifford Curzon, piano Membres de la Wiener Philharmoniker (Version intégrale)
Richard STRAUSS (1864-1949) Concerto pour cor no. 1 en si bémol majeur, Op. 11 Dale Clevenger, cor Chicago Symphony Orchestra sous Daniel Barenboim
Dimitri CHOSTAKOVICH (1906-1975) Extraits du concerto ppur piano no. 2 en ga majeur, Op. 102 Dimitri Chostakovich Jr, piano I Musici de Montréal sous Maxim Chostakovich (Version intégrale)
Johann STRAUSS I (1804-1849) Radetzky-Marsch, Op. 228 Edmonton Symphony Orchestra sous Uri Mayer
Neil Percival YOUNG (*1945) Old Man (1972) Neil Young, guitare et interprète
Le montage # 160 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast160
Notre montage de cette semaine continue notre série
« De mardi à vendredi », qui reprend des sujets déjà abordés et
illustrés lors de nos blogs du mardi. En avril 2013, nous avions exploré l’arc
thématique "Raconte-moi une histoire" dans lequel noys avons monté
de la musique inspirée de contes et de légendes. Parmi les billets de cette
série, j’avais proposé une paylist YouTube de Poèmes Symphoniques et c’est ce
sujet qui revient cette semaine.
Produit de l’ère romantique, et exploité à satiété sous
toutes ses formes par les impressionnistes, la musique « à
programme » est sans doute l’une des grandes contributions à la musique de
concert qui jusqu’alors se voulait plutôt régentée par la forme (pensons
symphonies, concerti et rhapsodies).
C’est à Franz Liszt que les musicologue attribuent
l’invention – sinon l’essor – du poène symphonique comme une œuvre à un
mouvement continu, qui s’inspire d’une œuvre d’art, d’un poème ou d’un récit.
Mis à part sa Faust-symphonie et autres ouvres à plusieurs volets, on compte
treize poèmes symphoniques de Liszt, dont celui qui ouvre le montage – Les
Préludes – est sans doute l’exemple le plus connu. Le poème tire son
inspiration d’un ode extrait des Nouvelles méditations poétiques de
Lamartine.
Si Liszt et la musique à programme inspirent ses
contemporains (dont Berlioz et sa Symphonie Fantastique), on associe plus
étroitement certains compositeurs avec le poème symphomnique : Richard
Strauss et Bedrich Smetana.
Les grandes pages de fin de siècle de Strauss incluent Don
Juan, Ainsi Parla Zarathoustra, Mort et Transfiguration, sa Symphonie
Alpestre et Till l’Espiègle, le poème plein de rebondissements et de
mesquinerie musicale programmé aujourd’hui.
De Smetana, on pense à Ma Vlast (Ma Patrie), un cycle
de six poèmes symphoniques à saveur nationaliste, et un bon nombre d’œuvres de
concert individuelles, dont Le Camp de Wallenstein qui s’inspire de la
trilogie théâtrale de Friedrich von Schiller. La trilogie met en scène le
généralissime Albrecht von Wallenstein, duc de Friedland, chef de l'armée de
Ferdinand II. Il choisit de nouer une alliance secrète avec les Suédois,
complotant ainsi contre l'Empereur.
Le reste des sélections sont des reprises de la Playlist originale :
Le Rouet d’Omphale de Saint-Saëns et Francesca da Rimini
de Tchaïkovski.
Nos blogs du mardi (et Quinze que j'en pense pendant deux ans) ont exploré occasionnellement des extraits opératiques; arias, ouvertures... C'est dans cette veine que je propose aujourd'hui une playlist d'interludes musicaux provenant d'opéras; des intermezzi, des préludes, et autres moments musicaux qui brisent (ou créent) de la tension sur scène. Dans certains cas, ces pièces sont entendues afin de remettre l'auditoire dans le bain de l'action après un entr'acte, mais aussi on les retrouve intégrés à l'action même, comme dans le cas de la méditation de l'opéra Thaïs.
Si ces oeuvres sont pour la plupart des extraits uniquement instrumentaux, j'ai ajouté ici ce qu'un usager YouTube appelle un intermezzo provenant d'Idomeneo de Mozart, qui inclut choeurs et solistes! Il y a des sélections bien connues, et quelques découvertes - heireux résultat de ma recherche en préparation pour ce billet
Bonne écoute!
DETAILS
Richard WAGNER (1813 - 1883) Prélude à l'Acte III de Die Meistersinger von Nürnberg, WWV 96 NBC Symphony Orchestra Arturo Toscanini, direction
Giacomo PUCCINI (1858-1924) Intermezzo (Acte III) de Manon Lescaut (1893) Koninklijk Concertgebouw Orkest Antonio Pappano, direction
Georges BIZET (1838-1875) Entr'acte (Acte III) de Carmen (1873-74) Emmanuel Pahud, flûte Berliner Philharmoniker Gustavo Dudamel, direction
Enrique GRANADOS (1867-1916) Intermezzo de l'opéra Goyescas, H. 65 Dariusz Skoraczewski - violoncelle Inna Faliks - piano
Umberto GIORDANO (1867-1948) Intermezzo de Fedora (1898) Ensemble non-identifié
Franz SCHMIDT (1874-1939) Intermezzo de Notre Dame (1904) Slovak Philharmonic Orchestra Dr. Ľudovít Rajter, direction
Eugen D`ALBERT (1864-1932) Intermezzo de Tiefland, op. 34 Ensemble non-identifié
Giuseppe VERDI (1813-1901) Prélude à l'Acte III deLa Traviata (1853) NBC Symphony Orchestra Arturo Toscanini, direction
Domenico ALALEONA (1881 –1928) Intermezzo de Mirra (1912-13) Fausto Bongelli, piano
Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791) Intermezzo d'Idomeneo, rè di Creta, K. 366 Coro da Camera e Soli, Reale Corte Armonica - Asolo Orchestra da Camera Lorenzo da Ponte Roberto Zarpellonm, direction
Jules MASSENET (1842-1912) "Meditation" de Thais (1892) Sarah Chang, violon Ensemble non-identifié Placido Domingo, direction
Pietro MASCAGNI (1863-1945) Intermezzo Sinfonico de Cavalleria Rusticana (1890) Wiener Philharmoniker Herbert von Karajan, direction
Richard WAGNER (1813 - 1883) Prélude à l'Acte III de Lohengrin, WWV 75 NBC Symphony Orchestra Arturo Toscanini, direction
Gustav Mahler, Ferruccio Busoni, Charles Gounod et Jacques Loussier (pour ne nommer que ceux-ci) ont ceci en commun: ils ont tous transcrit des œuvres de Jean-Sébastien Bach. N’en déplaise aux puristes, cette soi-disant tradition ne fait que perpétuer l’art de la transcription qui est omniprésente dans l’œuvre même de Bach.
Si on survole l’excellent catalogue des œuvres de Bach sur le web compilé par Robert Poliquin, on remarque le grand nombre de commentaires comme «Repris de la Ritournelle # 7 de BWV 207» ou «Transcrit pour clavecin, en sol mineur, BWV 1058».
Mû sans doute par des besoins professionnels, Bach a souvent retravaillé des œuvres, et il l’a souvent fait avec des résultats qui éclipsent la version originale – ainsi donc s’agît-il d’une formule issue par le besoin ou par enthousiasme pour les idées originales?
On peut classer les œuvres transcrites par Bach dans deux catégories principales: les concerti transcrits ou transposés pour d’autres instruments, et les adaptations d’œuvres de compositeurs contemporains de Bach.
Les œuvres transcrites pour d’autres instruments ou d’autres effectifs
On peut trouver des tas d’exemples de «recyclage» dans le catalogue Bach. Les concerti Brandebourgeois, par exemple, font grand usage de sinfonias et autres extraits de cantates.
Là où Bach fait son plus gros usage est dans le concerto pour instrument solo et cordes, où l’instrument passe du clavier au violon ou au hautbois. Voici deux exemples particuliers:
Voici le troisième mouvement du concerto BWV 1043 pour deux violons dans sa version originale (prestation complète par Csaba Illényi et Katica Illényi, Ferenc Erkel Chamber Orchestra – cliquer ici): Comme M. Poliquin l’indique, voici le même concerto, «Transcrit pour 2 clavecins, en do mineur, BWV 1062» (prestation complète par Trevor Pinnock Kenneth Gilbert et The English Concert – cliquer ici):
Dans sa page dédiée aux œuvres de Bach, David J. Grossman identifie une série de concerti reconstruits, donc des œuvres qui furent rapiécées par des musicologues qui seraient des versions perdues de concerti retrouvés dans le catalogue des concerti pour clavier/
Parmi les plus célèbres, la reconstruction d’un concerto pour violon et hautbois, le BWV 1060r.
D’après le catalogue Bach, voici le même concerto dans sa version, «officielle» (prestation complète par Trevor Pinnock Kenneth Gilbert et The English Concert – cliquer ici):
Les œuvres d’autres compositeurs adaptées par Bach
Bach rend hommage à plusieurs compositeurs de son temps: Vivaldi, Marcello et même ses fils… Il y a, par exemple, le concerto pour quatre claviers BWV 1065 qui est une adaptation de l’op. 3 no. 10 du curé rouquin.
Poliquin souligne une série de pièces pour orgue (BWV 592-597) qu’il regroupe sous le titre «Concertos d'après d'autres musiciens». Écoutons le BWV 593 (Johannes-Ernst Köhler)
Bach transcrit pour orgue ici le concerto no. 8 de l’estro armonico (RV 522), interprété ici par Willi Boskowsky et Jan Tomasow.
Il y a également les concerti pour clavier seul (BWV 972-987) qui puisent leur inspiration chez Vivaldi, Telemann et autres compositeurs contemporains de Bach. Par exemple, le concerto, en ré mineur, pour clavier (BWV 974) est basé sur le fameux concerto pour hautbois de Marcello. La version originale (Marcel Ponseele et l’ensemble Il Gardellino):
Voici la version Bach, interprétée par Glenn Gould:
Hommages par d’autres artistes
La réinvention de l’œuvre de Bach est un phénomène relativement récent, avec les exemples les plus célèbres venant d’artistes du milieu du XIXe et XXe siècles. Voici quatre exemples.
Sir Edward Elgar orchestra le Prélude (Fantaisie) et fugue, en ut mineur, pour orgue BWV 537 (Enregistrement d’époque, Royal Hall Orchestra sous Elgar lui-même)
L’un des plus célèbres est l’usage par Gounod du premier prélude et fugue du Clavier Bien Tempéré, qui devient l’accompagnement musical de son Ave Maria (Eula Beal et Marguerite Campbell au piano)
En 1910, Mahler assembla une série de mouvements des suites pour orchestre de Bach. Voici le fameux air sur la corde de sol (prestation complète par Riccardo Chailly et le Concertgebouw d’Amsterdam - Cliquer ici):
Finalement, le chef (et organiste) Leopold Stokowski a orchestré une douzaine des œuvres pour orgue de Bach pour son usage personnel. Voici, pour conclure notre billet, sa fameuse orchestration de la toccate et fugue en ré mineur BWV 565, telle que rendue par Walt Disney et son équipe pour le film de 1940, Fantasia (Stokowski dirige le Philadelphia Orchestra):
Le montage # 159 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast159
Dans mon billet Mardi en Musique du 8 mai 2012, j'ai proposé quatre symphonies en "ut majeur" (pour certains qui le préfèrent, en do majeur). Notre bilet de cette seain reprend cette thématiqyue sous forme d'un montage plustôt que sous la forme d'une playlist YouTube.
Deux des choix du billet original - la première symphonie de Beethoven et la Symphonie en ut majeur de Srravinski ne sont pas reprises ici (faute de temps), et sont remplacées par la 97e symphonie de Haydn, composée suivant la même tonalité. Elle fut composée en 1792 lors de son premier voyage à Londres. La création eut lieu à Londres aux Queen's Concert Rooms, Hanover Square, le 3 (ou 4) mai 1792. Lors de la création Joseph Haydn dirige l'orchestre au pianoforte. Notez l'écriture des cuivres et des timbales du Menuet au troisième mouvement, présageant peut-être le menuet de la huitième Symphonie de Beethoven.
Les deux autres sélections sont reprises du billet original: la "petite" symphonie en ut majeur de Schubert et la symphonie estudiantine de Bizet. Des deux symphonies en ut majeur composées par Schubert, sa "Grande" est si .labor.e que le sobriquet "petite" est en fait relatof, car il n'y a rien de court ou minimiste ici...
La Symphonie en ut majeur est le premier des deux ouvrages symphoniques de Georges Bizet, l'autre étant son ouverture "Patrie" . Composée en 1855 (il avait 17 ans), on croit qu'il s'agît d'un exercice de composition de la part de son professeur, Charles Gounod. Oubliée ou perdue, elle sera créée le 26 février 1935 à Bâle sous la direction de Felix Weingartner après sa redécouverte paemis des manuscrits légués au Conservatoire de Paris.
La sélection souvenir de cette semaine nous ramène au mois
d’avril 2013, et à un exercice qui s’aligne avec la thématique de bos B + B de
ce mois-ci. En effet, les nouveaux montages pour juin font un clin d’œil à des
billets publiés dans nos séries connexes – Mardi en Musique, Quinze que j’en
pense et autres billets de faveur, qui ont fait appel à des playlists YouTube
ou autres formes ouvertes d’illustration musicale.
Mon biillet de faveur du 27 juillet 2011 intitulé
« Poésie et Musique » considérait des poèmes mis en musique. Parmi les sélections, on retrouvait le
Poème de Chausson (pour violon et orchestre) et celui de l’Américain Charles
Griffes (pour flûte et orchestre). Dans le cas du Griffes – et peut-être
celui de Chausson, qui sait - on propose que le soliste est un
poète-récitant avec l’orchestre qui crée l’atmosphère.
Le montage proposé aujourd’hui reprend le concept, mais se
limite à des œuvres qui ont en commun le titre « poème ». Si ceux de Scriabine
et du Canadien Rosario Bourdon suivent l’exemple de Chausson et de
Griffes avec leurs solistes, les autres proposent des pièces lyriques pour
orchestre – que je considère ici comme des pensées musicales et non pas des poèmes
symphoniques…
Des œuvres familières, et probablement des découvertes…