vendredi 15 mars 2013

C’est arrivé le 13 février 1994




Le billet suivant est une reprise d'un Quinze que j'en pense, datant originalement du 15 mars 2013.

La diffusion originale fut faite "en tandem" avec I Think You Will Love This Music Too (Montage # 96)




Entre le 13 et le 15 février 1945, la ville Allemande de Dresde fut presque entièrement détruite suite à un raid aérien Allié. Selon un document du Comité international de la Croix-Rouge datant de 1946 on estime le bilan humain à plus de 305 000 morts, d’autres estimés plus modestes en suggèrent environ 200 000. Compte tenu que la population de la ville à ce moment-là était d’environ 630 000 habitants, il est évident que le bilan est catastrophique.

A la réalité incontournable du coût humain de ces bombardements s’ajoute un débat tout aussi déplorable – quelle était la valeur stratégique de cette campagne? Ou était-ce tout simplement un exercice avec pour principal objectif de démoraliser l’ennemi?

Les années, les décennies n’ont toutefois pas effacé ce triste souvenir de la conscience des habitants de la ville, qui fut un des centres urbains majeurs de la défunte République Démocratique d’Allemagne. En effet, à chaque année, on souligne les événements de février 1945 lors d’un concert. L’éphéméride d’aujourd’hui propose en baladodiffusion l’œuvre principale du concert tenu le 13 février 1994, la grande messe des morts d’Hector Berlioz.

La Sächsische Staatskapelle Dresden, plus communément appelé Staatskapelle de Dresde en français est un des plus anciens orchestres du monde (sa fondation sous le prince-électeur de Saxe Maurice datant du 22 novembre 1548) et est aussi considéré comme l'un des plus prestigieux orchestres européens. Comme tel, cet orchestre est bien équipé pour s'attaquer à toutes les facettes du répertoire, mais on peut affirmer sans trop risquer de se tromper qu’il est sûrement plus à l’aise dans le répertoire Allemand.

Pour s’attaquer au monumental Requiem de Berlioz, on invite donc un chef reconnu pour son affinité particulière au compositeur choisi: Sir Colin Davis.

A la fin des années 1960 et au début des annnées 70, Davis signe avec le London Symphony l’intégrale de l’œuvre pour orchestre de Berlioz pour le label Philips. Après plus de 40 ans, cette intégrale continue de combler les mélomanes, et sa version studio du Requiem a été rééditée maintes fois, du vinyle au numérique.

Afin de servir d’avant-goût, voici son enregistrement de la Symphonie Funèbre et Triomphale (commande officielle du ministre de l'intérieur Charles de Rémusat, est composée en 1840, en prévision de la grande commémoration du dixième anniversaire de la Révolution de 1830 à Paris ) - gracieuseté de YouTube:


Davis signera trois enregistrements du Requiem – celui de 1969 mentionné plus tôt, un autre enregistrement plus récent (avec le même LSO) pour le label LSO Live et l’enregistrement de Dresde proposé aujourd’hui.



Divisé en dix sections, le Requiem se veut une oeuvre souvent fort intime et découverte - en fait l'incursion de la masse orchestrale (grand orchestre, auquel on ajoute pas moins de 16 timbales et quatre groupes de cuivres!) durant le Tuba mirum est probablement l'exceptiuon plutôt que la règle. Soulignons le Quid sum miser, qui suit le moment boeuf déjà mentionné, l'interventon du soliste dans le Sanctus, et un Agnus Dei d'une remarquable tendresse , ornéj d'un soupçon des timbales, vestige lointain des échos du Jugement Dernier de la Séquence.

Tant qu’à la performance croquée sur le vif on fait affaire à la convergence d’un grand chef qui dirige une oeuvre tout à fait de circonstance pour la soirée, et une atmosphère sans doute chargée d'émotions, qui alimentent et inspirent les charges du chef.

A tout le moins, il s'agît ici d'une performance qui mérite d'être écoutée.

Bonne écoute, donc!

Hector BERLIOZ (1803-1869)
Grande messe des morts, op. 5 (H. 75)
[Texte: Latin traditionnel]

Keith Ikaia-Purdy, ténor
Singakademie Dresden
Chor der Dresden Staatsoper
Staatskapelle Dresden
Sir Colin Davis, direction



 

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