Le montage (# 135) est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/Pcast135 |
pcast135- Playlist
=====================================================================
Notre billet d’aujourd’hui complète notre courte série sur l’œuvre concertante de Tchaïkovski, proposant trois œuvres dont la genèse pourraient faire les frais de romans fleuve… Voici quelques-uns des personnages de ces romans : les pianistes et compositeurs Alexandre Ilitch Ziloti, et Sergueï Ivanovitch Taneïev ainsi que le violoncelliste Wilhelm Karl Friedrich Fitzenhagen.
Fitzenhagen est le dédicataire des Variations sur un thème
rococo, et en donna la première représentation le 30 Novembre 1877. Après avoir
produit une réduction pour violoncelle et piano pour la revue du soliste, ce
dernier fait plusieurs suggestions sur la partie solo, que Tchaïkovski adoptera
sans réserve. Plus tard, loin de se contenter de quelques corrections dans
l’intonation de l’instrument, Fitzenhagen choisit en outre de modifier la
séquence des variations, peut-être pour mieux mettre en évidence l’aspect
virtuose. Une variation en ré mineur (originalement la troisième) devient la
septième et une huitième varition est purement et simplement supprimée.
Fitzenhagen propose « sa version » au public du Festival de Wiesbaden
en Juin 1879, et écrira au compositeur:
J'ai produit un tollé avec vos variations . J'ai été rappelé trois fois , et après l’Andante ( la variation en ré mineur ) on me sert une tempête d'applaudissements. [Le Compositeur Franz ] Liszt m'a dit: « Vous m'avez emporté Vous avez joué magnifiquement! »' et au sujet de votre pièce il a observé : « là, au moins , c’est de la vraie musique . »
Tchaïkovski n’était pas impressionné par la licence poétique
de son collègue violoncelliste. Quand le violoncelliste Anatoliy Brandoukov
discute des variations avec lui peu avant la publication finale en 1889 , il a
trouvé le compositeur " très en colère" « Cet idiot
Fitzenhagen était ici [en pointant la partition] Regardez ce qu'il a fait à mon
œuvre! […] Que le diäble l’emporte! Je la laisserai telle qu’elle. »
La séquience des vartaions proposée par Fitzenhagen sera
donc retenue et l’œuvre est maintenant un grand standard pour violoncelle et
orchestre. Encore aujourd’hui, même si la version originale du compositeur et
sa séquence ont refait surface, les variations sont encore jouées suivant la
séquence de Fitzenhagen.
Compte tenu du succès phénoménal de son premier concerto
pour piano, ses deuxième et troisièeme concerti sont moins bien
connus du public. Ces deux concerti ont également leurs histoires bien
particulières.
Exténué suite à une séquence de travail qui culmine avec son
opéra La pucelle d’Orléans, Tchaïkovski se propose de prendre un repos bien
mérité en septembre 1879. C’est durant ces quelques semaines de pause que
Tchaïkovski explore l’idée d’une nouvelle œuvre pour piano et orchestre – et
elle deviendra son deuxième concerto six mois plus tard. En termes de forme et
de cohésion, ce concerto est supérieur à son premier, et Tchaïkovski
l’affectionne particulièrement puisque créé dans un environnement de paix
interne.
La réaction du public n’atteint pas l’attente du
compositeur, et lorsqu’en tournée avec le concerto, il découvre que l’œuvre a
sa part de problèmes: "[Le deuxième Concerto].contient plein de bévues,
mais le nombre d’erreurs dans les parties [orchestrales] sont une disgrâce.
J’ai connu bien des tourments en répétition". – et de longueurs des dires
de son collègue Alexander Ziloti. Celui-ci propose une série de coupures qui
blessent l’âme créatrice du compositeur. Une quinzaine d’années plus tard,
lorsqu’approché par son éditeur pour une version revisée, et sous la pression
intense de Ziloti, Tchaïkovski accepte l’essentiel de ses suggestions de
coupures, faisant un effort de résistance si l’essence de l’œuvre était en jeu.
Le montage propose la version originale du concerto, alors
que le clip YouTube ci-dessous vous offre la version Ziloti jouée par Emil Gilels:
Dans un billet de mon festival Tchaïkovski de 2011, je
discute du projet inachevé (en fait, abandonné) d’une septième symphonie. Si le
projet de symphonie ne s’est pas matérialisé, les esquisses du projet furent
recyclées pour créer, entre autres, le premier mouvement d’un troisième
concerto pour piano.
Tchaïkovski présente ses esquisses à son collègue Serguei
Taneiev, qui reste plutôt froid tant qu’a l’aspect virtuosité pianistique du
concerto, mais encourage le compositeur à continuer de le travailler. Dans son
cahier, il développe un concerto en trois mouvements, mais le triouve trop
long, suggérant à ses proches que peut-être il se contentera de créer une pièce
pour piano et orchestre , un Allegro de concert ou Conzertstück.
La pièce, un Allegro brillante, emprunte ce qu’aurait
été le premier mouvement de la symphomie abandonnée, et il complétera son
orchestration (allant aussi loin sur le manuscrit que d’écrire « fin du
premier mouvement »). Est-ce que Tchaïkovski aurait repensé l’idée d’un
Conzertstuck? Son décès prématuré nous laissera sans réponse sur ce sujet.
Modeste Tchaïkovski demandera à Taneiev de reviser le
manuscrit de son frère avant de le publier comme « concerto no. 3 en un
seul mouvement ». Plus tard, Taneiev achèvera le travail de Tchaïkovski
sur l’andante et le finale (qu’il publiera posthumément comme l’op. 79 du
composteur), et il est permis de reconstruire ce qu’aurait été le troisième
concerto suivant la forme habituelle en trois mouvements.
Le voici joué dans sa version en trois mouvements par Irina Dubkova avec l;orchestre de Smolensk sous Vladimir Minin
Le montage, touitefois, propose le concerto en un mouvement, suivant les indications (présumément informées par le compositeur) de son frère Modeste.
Bonne écoute!
0 commentaires:
Publier un commentaire