dimanche 22 décembre 2013

Musikakademie Konzert der 22. Dezember 1808

 
 
NDLR: La série Dimanche en pantoufles est une occasion de revoir des billets parus jadis sur ITYWLTMT ou parus sur MQCD Musique Classique.

Le billet suivant est la reprise d'une paire de billets datant de 2011, regroupés ici pour former une seule réflexion.


Article connexe (en anglais): http://raptusassociation.org/22dec1808e.html

Pour notre Dimanche en pantoufles d'aujourd'hui, nous allons nous concentrer sur l'académie de concert qui eût lieu à Vienne le 22 décembre 1808.

Pendant mes études de premier cycle à l’université Concordia de Montréal, je me suis lié d’amitié avec une demi-douzaine des membres de l’orchestre étudiant qui pratiquaient au vieux réfectoire du campus Loyola. Pas, surprenant, j’ai assisté à tous (ou presque) les concerts de l’orchestre à la vieille chapelle de l’université (l’orchestre joue maintenant dans une salle mieux nantie, la salle Oscar-Peterson, ainsi nommée en mémoire du fameux pianiste né et formé à Montréal).

Dans le temps, l’orchestre était dirigé par le clarinettiste Sherman Friedland, émule de Nadia Boulanger, et l'enseignant en formation orchestrale. L’université avait (et a toujours d’ailleurs) une vocation axée vers l’éducation permanente, et offrait une large tranche de ses cours le soir, et le cours de formation orchestrale se tenait les lundi soirs (deux heures et demie par semaine), et l’orchestre lui-même était formé d’étudiants, de musiciens amateurs de la communauté universitaire et des environs. Avec les répétitions ad-hoc, l’orchestre devait pratiquer en groupe un total de 4 ou 5 heures par semaine, et donnait un concert toutes les 6 à 8 semaines.

Un concert particulièrement mémorable eût lieu en début de saison (peut-être le premier ou deuxième, j’oublie…) et fut un programme tout-Beethoven avec le concerto «Empereur» (avec une pianiste de l’Université de Montréal comme soliste) et la fameuse cinquième.

L’orchestre exécuta la première partie du programme assez bien, et la foule anticipait une performance de prouesse équivalente pour la cinquième de l’après-entracte. Hélas! Le motif d’entrée (la figure de quatre notes célébrissime) fut raté complètement. Le manque d’unisson hanta l’orchestre entier pour le reste du mouvement (qui inclut la reprise des premières mesures!). On se racheta après la pause du premier mouvement, et le reste de l’exécution fut plus que correcte – ovation bien méritée. De dire mon voisin «Ce n’est pas la Philharmonique de Berlin!».

Une longue anecdote, si, mais probablement appropriée pour le billet d’aujourd’hui. Cet orchestre entendu en ce samedi soir ne fut probablement pas très différent de l’ensemble que dirigea Beethoven en ce soir du 22 décembre 1808, et les résultats ne furent sûrement pas très différents – sauf que, lors de la première, on n’avait pas de barème de comparaison car personne n’avait encore entendu le motif maintenant légendaire.

Cette académie se déroula au Theater-an-der-Wien et fut monté afin de permettre à Beethoven de promouvoir une série de nouvelles oeuvres. Cette pratique est parfaitement analogue aux tournées de concert de nos artistes d'aujourd'hu - ainsi donc, Beethoven se veut le maître d'oeuvre, le promoteur (il doit embaucher les musiciens, réserver la salle, etc.) et il empochera les bénéfices pécuniers de l'éeénement.

L'article mentionné ci-haut offrre une synthèse détaillée de la correspondance entre Beethoiven et divers intervenants en 1808. Beethooven pense contribuer à une académie de concert, et en discute avec Heinrich Joseph von Collin (l'auteuir de Coriolan). Dans cette correspondance du mois de mars, Beethoven rappelle qu'il s'engage à contribuer des pièces pour une académie (qui sera montée pour le bénéfice des Theaterarmen, c'est à dire des familles moins fortunées de la communauté artistique. Lors de ce concert, qui a lieu le 13 avril, Beethoven dirige l'ouverure Coriolan, sa quatrième symphoinue et son troisième concerto pour piano.

En retour pour cette contribution, il obtient l'usage du théâtre pour son académie. Je cite (ma traduction):

. . .En retour pour les nobles contributons musicales et des services offerts par Beethoven lors des concerts du 15 novembre 1897, 13 avril et 15 novembre 1808, Hartl lui fait don du Theater-an-der-Wien pour son akademie du 22 décembre.

Voici un aperçu du programme de ce soir-là:

  • Sixième symphonie
  •  Aria: "Ah, perfido", Op. 65
  • Gloria de sa messe en ut majeur
  • Quatrième concerto pour pianio (joué par Beethoven lui-même)
 (Entr'acte)
  • Cinquième symphonie
  • Le Sanctus et le Benedictus de sa messe en ut majeur
  • Beethoven improvise au piano
  • La fantaise pour piano, choeur et orchestre
Commençons par l'avant entr'acte de ce concert. L'article en référence relate les impressions de mélomanes présents au concert. Sans traduire les impressions mot-à-mot, la critique discute d'un nombre de facteurs:

  • Que la salle est en banlieue, et mal chauffée
  • Que le concert dure plus de quatre heures
  • Que l'orchestre était mal préparé
  • Que la cantatrice était nerveuse
Si les impressions laissées par l'aria et le Gloria réflètent le manque de préparation, la critique est plutôt positive en ce qui concerne la pastorale ("Chaque mouvement est très long, mais très évocateurs, pleins d'idées et de figures splendides") et du concerto ("d'une difficulté extrème, mais rendu étonemment bien ppar Beethoven")

La cinquième ouvre l'après entr'acte. On écrit donc ces mots (ma traduction) concernant cette première performance de la fameuse symphonie en ut mineur:

Une grande, trop longue symphonie, très élaborée. Un des auditeurs nous assura que, lors de la générale, il avait remarqué que la partition du violoncelle à elle seule couvrait de trente à quarante feuilles. Par ici, seuls les clercs de la cour savent étirer ainsi quelque chose par écrit

(Si le cœur vous en dit, vous pouvez relire mon billet sur l’exposé magistral de Leonard Bernstein sur cette symphonie de novembre 2011.)

Après l’exécution du Sanctus et du Benedictus, Beethoven improvisa seul au piano. L'improvisiation elle-mëme suscite certains débats. Certains croient qu'il s'agirait de l'introduction pour piano seul, maintenant intégrée à la partition de la fantaisie chorale, ou peut-être une pièce singulière. J’ai choisi d’inclure une fantaisie pour piano solo contemporaine à ce concert, son op. 77.

Finalement, la fantaisie pour piano, chœur et orchestre. La dernière sélection de cette académie musicale a la distinction d’être la seule pièce qui fut donnée en rappel… En quelque sorte…

B. sauta de son sièege et tenta d’arrêter le jeu des clarinettes. Il réussit finalement qu’après avoir crié “Silence!” Il insuista pour qu’on reprenne la performance , au déplaisir des musiciens, depuis le début.

Il est donc tellement intéresssant de noter l’ensemble des impressions rapportées de cette académie… Et plus spécialement car, en dépit de l’apparent fiasco, toutes ces pièces sont maintenant des figures de proue du répertoire classico-romantique!

Pour fins d'illustration, je vous propose une playlist YouTube avec des sélections du programme, et des hyperliens pour les oeuvres complètes pour la première partie, et un montage pour la deuxième.

Bonne écoute!

DETAILS

Ludwig van BEETHOVEN (1770-1827)

Premier mouvement (Allegro ma non troppo: Angenehme, heitere Empfindungen, welche bei der Eveil des sentiments joyeux à l'approche de la campagne) extrait de la symphonie no.6 en fa majeur, Op.68 ('Pastorale')
NBC Symphony Orchestra sous Arturo Toscanini
[Intégralement, surYouTube]

Ah! perfido! Per pieta, non dirmi addio, aria de concert pour soprano et orchestre, Op.65
Maria Callas, soprano, Orchestre de la Société des Concerts Du Conservatoire, Paris sous Nicola Rescigno

Gloria extrait de la messe en ut majeur, Op.86
Janet Baker Mezzo-Soprano, Heather Harper Soprano, Hans Sotin Bass, Robert Tear Tenor, New Philharmonia Chorus et London Philharmonic Orchestra sous Carlo Maria Giulini
[Intégralement surYouTube]

Troisième mouvement (Rondo: Vivace) extrait du concerto pour piano no.4 en sol majeur, Op.58
Murray Perahia, piano, New York Philharmonic sous Sir Colin Davis
[Intégralement sur YouTube - avec Mitsuko Uchida, Zubin Mehta dirige la Philharmonique dèIsrael) ]




pcast036 Playlist



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