| Ce billet de la série Jadis sur Internet est une reprise d'un Quinze que j'en pense, datant originalement du 15 décembre 2011. |
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http://www.bach-cantatas.com/Bio/Cantelli-Guido.htm
http://www.pristineclassical.com/Lar...al/PASC166.php
Pour ma réflexion d'aujourd'hui, je voulais souligner la disponibilité du triptyque des trois dernières symphonies de Tchaïkovski par le regretté Guido Cantelli.
En ce qui me concerne, mon choix sur disque pour ces trois symphonies s'arrête à la prestation légendaire de Evgenii Mravinski et de la Philharmonique de Leningrad, croquée durant une tournée occidentale au début des années 60. Il s'agît d'un choix justifié musicalement et sentimentalement, puisque j'ai découvert Tchaïkovski et Mravinski par le truchement des édition vinyles de ces symphonies, achetées il y a plus d'une trentaine d'années à la co-op du CEGEP Maisonneuve à Montréal...
Musicalement, certains reprocheront à cet ensemble de prestations d'être "trop Soviétiques", mais je trouve que ces observations sont motivées par quelconque sens de political correctness occidentale. On peut reprocher une prise de son qui est dépassée largement par les prestations plus récentes de chefs russes, mais il ne reste pas moins qu'il s'agît ici de documents d'une teneur quasi-historique, et d'un esprit de synthèse magistral du triptyque de la part d'un chef qui a marqué une époque en Union Soviétique et qui se veut un interprète incontournable du répertoire russo-soviétique, point à la ligne.
Que peut donc ajouter à ma discographie (ou celle d'autres mélomanes) un triptyque datant des années 1950 par un chef négligé par plusieurs? Eh bien, il faut commencer par donner un survol biographique de la vie et très courte carrière de Cantelli.
Le chef Italien Guido Cantelli, (* 7 avril 1920, + 24 novembre 1956) fait partie de la grande génération de chefs nés entre 1908 et 1920 – tels Herbert von Karajan, Georg Solti, Erich Leinsdorf, Rafael Kubelik, Carlo Maria Giulini, et Leonard Bernstein. Doué pour la musique, on compte: leçons de piano, groupes de cors et clairons militaires, organiste d'église à 10 ans, récitals de piano à 14 ans. Il s'inscrit au conservatoire de Milan où il se spécialise en direction d'orchestre et en composition.
Après ses études, il devient directeur du théâtre Coccia (théâtre qui fut inauguré par Arturo Toscanini en 1888 - chef auprès duquel Cantelli trouvera un mentor.)
En 1943, bien malgré lui, il est enrôlé au service de l'armée italienne, et sera un prisonnier de guerre près de Stettin (1943-1944). On associe certaines péripéties (évasions, le maquis, etc.) au jeune Cantelli, quoiqu’il en soit, après la libération de l'Italie en 1944, et fit un retour comme chef d'orchestre et d'opéra: La Scala, ailleurs en Italie, puis en Europe dont Budapest et Vienne.
Outre-mer, un Toscanini octogénaire est à la recherche d'un dauphin, d'un successeur pour la direction de son orchestre américain de la NBC. Antonio Ghiringhelli de La Scala invita Toscanini à assister à une prestation de Cantelli, et tout à fait séduit il l'invite à diriger son orchestre New-Yorkais sur les ondes de la NBC le 15 juillet 1949.
Time magazine introduit Cantelli à ses lecteurs comme étant un croisement entre Frank Sinatra et Toscanini - faisant référence aux attraits physiques du chef de 29 ans et sa maîtrise comme chef. Entre 1949 et 1954 (moment où le diffuseur discontinue l'orchestre), Guido Cantelli dirige le NBC Symphony de quatre à huit fois par an. En 1951, il commence une association avec la Philharmonique de New-York comme chef invité, et il sera préssenti comme directeur artistique (avec le départ imminent de Mitropoulos).
Comme Toscanini, Cantelli est considré comme un chef exigeant, qui dirige les répétitions et les exécutions sans l'aide d'une partition. La Scala le nommera directeur artistique en novembre 1956 (suite au départ de Giulini), un poste qu'il ne pourra pas remplir - il mourra tragiquement lors d'un accident d'avion une semaine après sa nomination.
Arturo Toscanini s'éteindra lui aussi deux mois plus tard, sans avoir été informé du décès tragique de son protégé. Le producteur Walter Legge écrira "aucun autre chef dans l'histoire de notre art n'aura établi, si tôt, autamnt de notoriété."
Voici un court extrait YouTube de Cantelli en répétition (La Scala en tournée au Festival d'Edimbourg)
http://www.youtube.com/watch?v=pE89IFhaWmQ
Il est difficile d'apprécier pleinement les mots de M. Legge si on n'a pas vu Cantelli diriger en personne... Et il y a peu d'enregistrements en core disponibles de Cantelli - Les Quatre Saisons de Vivaldi avec la Philharmoniqyue de New-York pour Columbia, des enregistrements pour RCA, EMI (avec le Philharmonia) et une poignée d'enregistrements (des prestations radiophoniques) avec le NBC Symphony. Voici un hyperlien YouTuibe avec d'autres sélections musicales:
Parmi les rares documents qui témoignent de sa courte carrière, on compte un ensemble de symphonies de Tchaïkovski de prestations radiophoniques provenant du Carnegie Hall avec l'Orchestre symphonique de la NBC.
Je dois dire que j'apprécie beaucoup ses lectures des symphonies. Oui, la technologie d'enregistrement et de la "russité" de l'ensemble de Mravinsky sont de loin supérieures, mais nous avons ici un interprète authentique, qui comprend la noirceur et le pathos que Tchaïkovski apporte à ces œuvres. En 2009, Keith Bennett écrit ceci à propos de la Pathétique telle qu’interprétée par Cantelli:
Il y a des cas où l’aspect tragiquea de la brève carrière Cantelli nous frappe avec une force écrasante et voici un de ces cas. Cantelli n’a interprété cette symphonie qu’à six reprises en public – comparativement à Karajan qui l’a endisquée sept fois… Cantelli donne sa première prestation en plein air le 27 juillet 1945 lors de sa première apparition avec l'Orchestra della Scala et sa dernière fut cette performance avec l'Orchestre Symphonique de NBC le 21 février 1953 [...]. Cantelli comprend parfaitement les implications émotionnelles de la partition qu'il transmet sans recourir à des exagérations: l’expressivité requise est là, sans hystérie, les tempi sont juste pour les quatre mouvements, et le désespoir déchirant du mouvement final est admirablement dépeint. |
Pyotr Ilich TCHAÏKOVSKI (1840-1893)
Symphonie No. 4 en fa mineur, op. 36
Symphonie No. 5 en mi mineur, op. 64
Symphonie No. 6 en si mineur, op. 74 ('Pathétique')
NBC Symphony Orchestra
Guido Cantelli, direction
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