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Le B + B de
cette semaine propose un montage constitué d’une œuvre unique, comme ce fut le
cas la dernière fois avec Messiaen. Cette fois-ci, nous considérons une
œuvre pas mal moins parcourue, l’unique concerto pour piano de Ferruccio
Busoni.
Busoni est
le fils de deux musiciens professionnels : sa mère est une pianiste
italo-allemande et son père un clarinettiste italien. Enfant prodige. Il donne
son premier concert public, accompagné de ses parents, à l'âge de sept ans.
Quelques années plus tard, il interprète certaines de ses propres compositions
à Vienne où il a l'occasion d'entendre Franz Liszt jouer et de
rencontrer outre ce dernier, Johannes Brahms et Anton Rubinstein.
Après une
brève période d'études à Graz, il part en 1886 pour Leipzig. Il obtient ensuite
plusieurs postes d'enseignement, le premier en 1888 à Helsinki où il fait la
connaissance de sa future femme, Gerda Sjöstrand. En 1890, il enseigne à Moscou
et de 1891 à 1894 aux États-Unis où il se produit également comme pianiste
virtuose.
En 1894 il
s'installe à Berlin où il donne des concerts à la fois comme pianiste et comme
chef d'orchestre.
A l’instar
de Liszt et Godowsky, Busoni compose et transcrit des pièces pour son propre
usage comme pianiste-virtuose. Adoptant au début la tradition Romantique, dans
les années 1900 il se frottera à un langage moderne; il se distingue
particulièrement en tant que promoteur de la musique contemporaine. Parmi les
musiciens qu’il formera au cours des années, notons Claudio Arrau et Egon Petri.
Parmi les
œuvres majeures de Busoni, il faut écouter le Concerto pour piano, et
orchestre, œuvre monumentale en cinq mouvements, dont le dernier avec chœur
d'hommes. A près de 70 minutes, c’est sans doute le plus long concerto du
répertoire pour piano.
Busoni
écrira qu’on a deux approches reconnues pour le concerto pour piano –
l’approche Mozart où le soliste virtuose est accompagné par un fond
d’orchestre, et l’approche Beethoven où l’orchestre occupe le premier
plan, avec le piano en complément (exception faite pour le quatrième
concerto avec son introduction mémorable pour piano seul). Le concerto de
Busoni se veut un espèce de compromis, une œuvre orchestralement ambitieuse
avec des passages virtuoses – de là sa complexité et, par extension, peu de
solistes et d’orchestres n’osent s’y frotter.
L’ajout
d’un chœur à un concerto comme celui-ci est rare – on pense à la fantaisie
chorale de Beethoven (une œuvre concertante pour piano mais pas un
concerto) et des concerti peu fréquentés comme celui d’Henri Herz.
Homme de
lettres, Busoni s’amourache de drame avec vers Aladdin du danois Adam
Oehlenschläger, contemporain de Goethe, dont la pièce explore des thématiques
qui s’approchent étrangement de Faust. Busoni conçut originalement une
« soirée musicale » assortie de chants usant des vers de la pièce (en
version allemande), mais seul la section finale survit, et deviendra l’ultime
mouvement du concerto.
Un survol
de la discographie du concerto ne propose qu’une dizaine d’enregistrements de
cette œuvre colossale. Parmi elles, la version de studio du regretté John Ogdon
fait le montage de cette semaine. M. Ogdon, comme le québécois Marc-André
Hamelin, était un spécialiste de répertoire peu fréquenté (et techniquement
difficile) – Alkan et Busoni en particulier. Le chef d’orchestre pour les
circonstances, l’Américain Daniell Revenaugh, fut l’élève d’ Egon Petri et plus
tard l’instigateur de la Busoni Society. L’enregistrement, qui date de 1967,
est du catalogue EMI et revient fréquemment en reedition depuis 50 ans.
Bonne
écoute!