vendredi 12 mai 2017

Busoni: Concerto pour piano





Notre montage # 247 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast247


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Le B + B de cette semaine propose un montage constitué d’une œuvre unique, comme ce fut le cas la dernière fois avec Messiaen. Cette fois-ci, nous considérons une œuvre pas mal moins parcourue, l’unique concerto pour piano de Ferruccio Busoni.

Busoni est le fils de deux musiciens professionnels : sa mère est une pianiste italo-allemande et son père un clarinettiste italien. Enfant prodige. Il donne son premier concert public, accompagné de ses parents, à l'âge de sept ans. Quelques années plus tard, il interprète certaines de ses propres compositions à Vienne où il a l'occasion d'entendre Franz Liszt jouer et de rencontrer outre ce dernier, Johannes Brahms et Anton Rubinstein.

Après une brève période d'études à Graz, il part en 1886 pour Leipzig. Il obtient ensuite plusieurs postes d'enseignement, le premier en 1888 à Helsinki où il fait la connaissance de sa future femme, Gerda Sjöstrand. En 1890, il enseigne à Moscou et de 1891 à 1894 aux États-Unis où il se produit également comme pianiste virtuose.

En 1894 il s'installe à Berlin où il donne des concerts à la fois comme pianiste et comme chef d'orchestre.

A l’instar de Liszt et Godowsky, Busoni compose et transcrit des pièces pour son propre usage comme pianiste-virtuose. Adoptant au début la tradition Romantique, dans les années 1900 il se frottera à un langage moderne; il se distingue particulièrement en tant que promoteur de la musique contemporaine. Parmi les musiciens qu’il formera au cours des années, notons Claudio Arrau et Egon Petri.

Parmi les œuvres majeures de Busoni, il faut écouter le Concerto pour piano, et orchestre, œuvre monumentale en cinq mouvements, dont le dernier avec chœur d'hommes. A près de 70 minutes, c’est sans doute le plus long concerto du répertoire pour piano.

Busoni écrira qu’on a deux approches reconnues pour le concerto pour piano – l’approche Mozart où le soliste virtuose est accompagné par un fond d’orchestre, et l’approche Beethoven où l’orchestre occupe le premier plan, avec le piano en complément (exception faite pour le quatrième concerto avec son introduction mémorable pour piano seul). Le concerto de Busoni se veut un espèce de compromis, une œuvre orchestralement ambitieuse avec des passages virtuoses – de là sa complexité et, par extension, peu de solistes et d’orchestres n’osent s’y frotter.

L’ajout d’un chœur à un concerto comme celui-ci est rare – on pense à la fantaisie chorale de Beethoven (une œuvre concertante pour piano mais pas un concerto) et des concerti peu fréquentés comme celui d’Henri Herz.

Homme de lettres, Busoni s’amourache de drame avec vers Aladdin du danois Adam Oehlenschläger, contemporain de Goethe, dont la pièce explore des thématiques qui s’approchent étrangement de Faust. Busoni conçut originalement une « soirée musicale » assortie de chants usant des vers de la pièce (en version allemande), mais seul la section finale survit, et deviendra l’ultime mouvement du concerto.

Un survol de la discographie du concerto ne propose qu’une dizaine d’enregistrements de cette œuvre colossale. Parmi elles, la version de studio du regretté John Ogdon fait le montage de cette semaine. M. Ogdon, comme le québécois Marc-André Hamelin, était un spécialiste de répertoire peu fréquenté (et techniquement difficile) – Alkan et Busoni en particulier. Le chef d’orchestre pour les circonstances, l’Américain Daniell Revenaugh, fut l’élève d’ Egon Petri et plus tard l’instigateur de la Busoni Society. L’enregistrement, qui date de 1967, est du catalogue EMI et revient fréquemment en reedition depuis 50 ans.


Bonne écoute!


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