Le billet suivant est mon Opéra du mois pour mars 2015.
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Notre opéra
du mois pour mars, et pour le Carême, est Héridiade de Jules Massenet, basé sur
un conte de Gustave Flaubert, lui-même inspiré d’un épisode biblique.
Dans le
conte de Fkaubert, Hérode Antipas retient prisonnier Iaokannan (Jean le
Baptiste) dans sa citadelle de Machaerous, au bord de la mer Morte. Ainsi, il
condamne publiquement son union incestueuse avec Hérodias, sa nièce, qui fut de
plus précédemment la femme de son frère qu'elle a quitté. Celle-ci, qui n'était
poussée que par l'intérêt, craint d'être répudiée. Lors d'un grand festin,
Salomé, fille d'Hérodias et d'Hérode Philippe, danse pour Antipas, puis
demande, et obtient, la tête de Jean le Baptiste qu'elle a tant voulue.
Le conte de
Flaubert sera l’inspiration de la tragédie Salomé d’Oscar Wilde qui à son tour
aura droit au traitement opératique notoire de Richard Strauss. Lorsque
l'opéra de Richard Strauss reçôit sa première à Dresde en 1905, c’est bien sûr
un scandale… Mais le succès monstre du drame de Strauss a peut-être eu l'effet
contraire sur la popularité d'un autre opéra contemporain du sien basée sur la
même histoire: Hérodiade de Jules Massenet., qui termine la
composition de son opéra en 1881, quelques années après la parution du conte de
Flaubert. Il espérait créer l’opéra à Paris, mais le directeur de l'Opéra de
Paris a trouvé l'histoire "incendiaire". Donc, la première production
de l'opéra a eu lieu à Bruxelles plus tard cette même année et ce fut une
sensation immédiate. Deux mois plus tard, l’opéra sera monté à la Scala de
Milan.
Pourtant,
aujourd’hui, Hérodiade joue les deuxième, troisième ou même quatrième violons
parmi les opéras de Massenet, après Manon, Werther et Cendrillon.
Est-ce donc un peu la faute de Richard Strauss; car lorsque comparé à Salomé,
l'opéra de Massenet peut sembler plutôt apprivoisé.
Dans la
plupart des versions de l'histoire de Salomé, y compris celui de la Bible,
c’est Salomé elle-même qui obtient le rôle juteux. Elle est l'adolescente
séduisante qui exhorte Hérode d’exécuter Jean-Baptiste. Dans la pièce de Wilde
et dans l'opéra de Strauss, c’est parce qu’il rejette ses avances passionnées.
Cet épisode, marqué par la fameuse danse des sept voiles, est le point
culminant de l’opéra.
Mais
l'obsession érotique joue également un rôle clé dans Hérodiade – il y a
toujours Hérode et ses désirs charnels pour Salomé - toutefois Massenet
dépeint les aspirations amoureuses de Salomé pour Jean de manière plus
spirituelle que sensuelle. Ultimement, Salomé séduit Jean au dernier acte de
l'opéra.
Il est
intéressant de voir le contraste entre la Salomé de Wilde et Strauss –
sanguinaire, obsédée et dégénérée, et celle proposée par Maillet et Massenet,
tragique et victime – tout comme Jean-Baptiste, des machinations de sa mère.
Ainsi donc, quoiqu’elle a un rôle maléfique sinon secondaire dans l’opéra de
Strauss, la mère de Salomé est donc l’antagoniste principale chez Massenet.
Chez Massenet, Salomé n’apprend qu’à la toute fin qu’Géroidade est sa mère, et
lors de la scène finale, elle choisit le suicide suite à cette
révélation.
Jules MASSENET (1842-1912)
Hérodiade (1881)
Opéra en quatre actes, livret en français de Paul Milliet et Henri Grémont après Gustave Flaubert
Thomas Hampson (Herode)
Ben Heppner (Jean)
Martine Olmeda (Hérodiade),
Cheryl Studer (Salome)
Société Chorale Bilbao
Orchestre et Choeurs du Capitole de Toulouse,
Michel Plasson, direction
Halle-Aux-Grains, Toulouse, France (1994)
(Introductio parlée en anglais de Sean Bianco)
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