Le montage # 165 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast165 |
pcast165- Playlist
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Aujourd’hui,
attardons-nous sur le cas d’Anton
Bruckner et de sa neuvième symphonie, laissée inachevée à son décès.
Oui, encore
ici, la malédiction de la neuvième symphonie fait des siennes. Les mélomanes
rappelleront toutefois que Bruckner compte 11 symphonies à son actif, si on
compte sa symphonie estudiantine (numérisée “00”) et une symphonie en ré mineur
surnommée “Die Nullte” (numérisée “0”) que Bruckner considère comme une symphonie
"gilt nicht" ("à ne pas compter"), un “mulligan” comme on dit
dans le langage des golfeurs.
Revenons
donc à cette neuvième symphonie. Bruckner complètera trois mouvements avant son
décès en 1896, et c’est normalement sous cette forme qu’elle est jouée (je
reviendrai plus tard sur l’existence d’un quatrième mouvement). La dédicace lit
"dem lieben Gott" (à Notre Seigneur bien-aimé), donc clairement une œuvre
à consonance spirituelle.
Dans un Jadis sur Internet du printemps dernier,
j’ai indiqué que pour l’oreille non-initiée les symphonies de Bruckner semblent
toutes se ressembler. La raison pour cette illusion auditive est la formule
particulière des mouvements de forme sonate chez Bruckner, qui déroge quelque
peu à la tradition “exposition-développement-récapitulation et coda” d’une
sonate et y va plutôt pour une exposition suivie d’une “réexposition”. Parmi
ses premiers mouvements, celui de la neuvième se veut le porte étendard de
cette formule, proposant (et exposant) plusieurs motifs qui se succèdent dans
leur réexposition, et qui culminent dans leur récapitulation ultime accompagnés
de thèmes de symphonies ultérieures.
Au cours
des ans, les exégètes ont débattu le besoin d’une résolution “traditionnelle” à
cette ultime symphonie de Bruckner. Le trio de mouvements, tous fort
introspectifs à leur façon, forment un bel arc qui trouve son apogée dans le
scherzo du deuxième mouvement; ici Bruckner déroge encore une fois à la formule
qui veut que le second mouvement soit “lent” en comparaison avec la sonate
(normalement agitée) et du mouvement de danse lui-aussi animé qu’on retrouve au
premier et troisième mouvements habituellement.
On pointe
alors au manuscrit olographe de la symphonie, laisse inachevé nais qui démontre
que Bruckner avait en tête un quatrième mouvement. Les feuilles du manuscrit sont
d’ailleurs numérotées de la main du compositeur, et les esquisses du mouvement ainsi
que des bribes d’orchestration ne laissent aucun doute à ce sujet.
Toutefois,
les musicologues ne s’entendent pas sur la qualité – et la continuité de l’élan
symphonique – de ce mouvement. Il existe des partitions éditées (dont celle de J.
A. Phillips) qui incluent cette Finale. Toutefois, il existe une autre résolution
à la symphonie qui mérite d’être considérée, et celle-ci vient de la part de
Bruckner lui-même.
Sachant qu’il
ne complèterait pas sa symphonie, Bruckner aurait recommandé que son Te Deum soit utilisé en fin de
performance. Un examen du manuscrit confirme la présence d’un lien musical (la
reprise des trilles d’introduction du Te Deum) dans le mouvement inachevé. Les
musicologues récalcitrants soulèvent que la tonalité de la symphonie (ré
mineur) et du Te Deum (ut majeur) présentent un conflit tonal. Est-ce là
quelque chose d’irréconciliable? Si on se souvient de la dédicace spirituelle de
la symphonie, l’usage du Te Deum n’est pas si déplacé…
Afin de
vous permettre de juger de cette résolution, j’ai place en succession la
symphonie (sous Karajan) et le Te Deum (dans un enregistrement numérique plus récent)
dans mon montage. Parce que les œuvres montées impliquent des interprètes différents,
j’aimerais vous rappeler que la Bibli Musicale MQCD Musique Classique propose
le couplage de ces deux mêmes œuvres dans
une inmtégrale Bruckner des années 1950 avec l’Orchestre Symphonique de Vienne
sous Volkmar Andreae (hyperlien
ici).
Un dernier
mot à propos de la symphonie. Bruckner a souvent revu ses symphonies, et les
versions et éditions (dont celles de MM. Nowak et Haas, entre autres) font l’objet
de la préférence de tel ou tel chef. Dans le cas de la neuvième, hormis l’inclusion
ou non d’une reconstruction du quatrième mouvement, il n’existe pas de révisions.
Les éditions commencent avec la version dirigée lors de la première, et
évoluent dépendant de l’usage (ou de l’absence) d’éléments du manuscrit. La
version montée cette semaine est la version Nowak.
Bonne
écoute!
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