| B + B En Vacances reprend des billets publiés sur d'autres plateformes. Le billet suivant est la reprise d.un Mardi en Musique du 14 novembre 2011. Certains propos et hyperliens furent revisés pour cette rééedition. |
Comme ce
fut le cas pour notre billet sur les quatuors de Beethoven il y a quinze jours,
un billet de notre Projet Beethoven de 2011-12 fut la victime du retrait de
contenu sur le Web ce qui dans ce cas-ci non seulement justifie la réédition du
billet, mais nous force à repenser le contexte de la discussion et même faire
preuve d’ingéniosité…
Le billet
original commençait avec un exposé – parfois fort personnel – sur ce que
j’appelais alors «l’Age d’Or de la télévision», et comment la programmation
télévisuelle des années 50 et 60 (donc d’il y a 50 ou 60 ans) a évolué
adressant non seulement un auditoire sans cesse grandissant, mais également un
univers de chaînes qui passe d’une poignée de chaînes terrestres à maintenant une centaine de
chaînes câblodistribuées ou satellite, la plupart d’entre elles dites « spécialisées ». Dans
l’univers télévisuel (et en fait multi-médias) du XXIe siècle, la programmation
dite culturelle a sa niche et ses chaînes, ce qui ne fut pas le cas il y a même
quinze ou vingt ans. C’était le mandat des diffuseurs publics et privés
d’inclure ce genre de programmation dans leur grille hebdomadaire.
Si les
chaînes spécialisées ou les services tels Netflix ne jettent pas
forcément un regard nostalgique sur la programmation culturelle de notre
jeunesse, il y a YouTube et son vaste réseau de contributeurs qui – eux
– numérisent beaucoup de leurs vieilles bandes magnétoscopiques ou offrent des
clips numériques de ces vieilles émissions, et nous permettent avec le recul
qui s’impose d’apprécier et de (re) découvrir ces émissions.
Dans nos
pages, nous avons parlé d’Amahl and the Night Visitors par exemple, un
opéra commandé et créé exprès pour la télé en 1951. Il y a également un nombre
innombrable de concerts et d’opéras, de Toscanini depuis le Studio 8-H du
Rockefeller Plaza en passant par les Trois ténors au Mundial d’il y a une
vingtaine d’années et j’en passe!
Une chaîne
YouTube a pris la peine de mettre en diffusion la majorité de la série des Young
People’s Concerts (trad. lib. Concerts-Jeunesse) de la
Philharmonique de New-York, animés par l’éminent chef Américain Leonard
Bernstein entre 1958 et 1972, qui ont initié une génération de jeunes mélomanes
Américains cinq ou six dimanches par saison sur le réseau Américain CBS. Les
premières émissions émanent du Carnegie Hall, et déménagent avec l’orchestre au
Lincoln Center, et passent du Noir et Blanc à la couleur, son chef allant de
svelte et dynamique à gris et essoufflé par moments mais toujours énergique et
d’un parler qui oscille entre l’accessible et le technique (« parce qu’il
le faut » dira-t-il parfois). Je vous ai offert un clip de cette série
lors de mon billet sur l’opéra Fidelio en début de mois.
Les sujets
abordés (et le contenu) sont parfois fort surprenants. Par exemple, une
émission parle de « la sonate », en commençant par une discussion de
la « forme » et passant par une dissertation technique sur la
tonalité (la note « tonique » versus la « dominante ») et
une lecture de mouvements de symphonies accompagnés de topos visuels afin de
renforcer la leçon. Vulgarisation musicale parallèle à la vulgarisation
scientifique d’un Fernand Seguin ou d’un Jacques Lebrun.
En
Amérique, on associe forcément Bernstein à la vulgarisation musicale (une
« mission éducative » qu’il embrasse pleinement avec ces émissions
qui coïncident avec son séjour comme Directeur Artistique à New-York), lui qui
est reconnu comme un chef d’orchestre d’envergure, ainsi que comme compositeur.
La « légende » Bernstein dira-t-on commence avec son remplacement à
pied-levé de Bruno Walter aux commandes de la même Philharmonique New-Yorkaise
en 1947 pour un concert diffusé sur la radio nationale. Sept ans presque
jour-pour-jour plus tard, on le retrouve à la télé pour ce qu’on appellera son
« baptême » comme vulgarisateur musical, et un baptême tel
qu’il lance cette facette de sa carrière avec un boum retentissant.
Ceci nous
amène finalement au sujet de notre B + B, la « curieuse expérience »
du 14 novembre 1954. Invité à produire et animer un épisode de l’anthologie
culturelle Omnibus, Bernstein propose un essai basé sur la fameuse cinquième
symphonie de Beethoven. « N’ayez crainte », dira-t-il « nous
ne jouerons que des notes écrites par Beethoven lui-même ».
Ce que Bernstein propose est une espèce de psycho-analyse du compositeur, de sa poursuite « infatigable » de la « droiture musicale ». Bernstein propose d’utiliser comme laboratoire le plateau de télévision et un orchestre (le Symphony of the Air, la réinvention du NBC Symphony post-Toscanini dont il sera le conseiller artistique pendant quelques saisons avant 1958 et son accession au poste de la Philharmonique).
L’expérience comme tel: réviser les dizaines de croquis rejetés par Beethoven et comprendre leur origine et la raison de leur rejet, afin de jeter un coup d’œil sur le processus artistique du compositeur. Il dissèque l’orchestre et sa composition, la musique et les formules d’usage, il va même jusqu’à disséquer l’aspect échevelé du manuscrit!
Ce que Bernstein propose est une espèce de psycho-analyse du compositeur, de sa poursuite « infatigable » de la « droiture musicale ». Bernstein propose d’utiliser comme laboratoire le plateau de télévision et un orchestre (le Symphony of the Air, la réinvention du NBC Symphony post-Toscanini dont il sera le conseiller artistique pendant quelques saisons avant 1958 et son accession au poste de la Philharmonique).
L’expérience comme tel: réviser les dizaines de croquis rejetés par Beethoven et comprendre leur origine et la raison de leur rejet, afin de jeter un coup d’œil sur le processus artistique du compositeur. Il dissèque l’orchestre et sa composition, la musique et les formules d’usage, il va même jusqu’à disséquer l’aspect échevelé du manuscrit!
Comme je le
disais en début d’article, YouTube offrait jadis une version intégrale de
l’émission, mais la maison qui détient les droits de diffusion a veillé à sa
disparition du service gratuit, limitant seulement le clip oû Bernstein dirige
l’orchestre dans l’exécution du premier mouvement. Si vous vous donnez la peine de chercher, vous trouverez probablement une version vidéo de l'émission, gracieuseté d'autres services internet. Au moment d'écrire ces lignes, j''ai trouvé le clip ici:
http://vdownload.eu/watch/5909629-leonard-bernstein-quot-omnibus-quot-musical-lectures-beethoven.html
Le voici donc, après avoir procédé au chargement sur Internet Archive:
http://vdownload.eu/watch/5909629-leonard-bernstein-quot-omnibus-quot-musical-lectures-beethoven.html
Le voici donc, après avoir procédé au chargement sur Internet Archive:
En complémenrt de billet, il est bien sûr de mise de vous offrir une performance intégrale de la symphonie. Le clip du billet original (Klemperer et le New Philharmonia pour la BBC) est aussi périmé, donc je me dois de le remplacer. Il existe une version YouTube de l’enregistrement EMI de Klemperer avec le « old » Philharmonia que j’aurais pu utiliser, ou même faire référence à Bernstein et la Philharmonique de Vienne (voir notre montage # 36). Il existe un assortiment phénoménal de prestations disponibles depuis YouTube et ailleurs, et sans doute l’une d’entre elles est votre préférée.
Puisqu’on a
une occasion d’offrir quelque chose de différent, je vous propose une
numérisation que je trouve fantastique d’un vieux 78 tours endisqué par Bruno
Walter et la Philharmonique de New York en 1941. C’est une lectuire énergique
et musclée de ce grand standard, et probablement un enregistrement que peu
d’entre vous auront entendu.
Nous revenons la semaine prochaine avec de nouveaux B + B, et de nouvelles séries pour septembre et octobre. Bonne écoute!
Nous revenons la semaine prochaine avec de nouveaux B + B, et de nouvelles séries pour septembre et octobre. Bonne écoute!
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