| Le billet suivant est mon Mardi en Musique du 8 avril 2014. |
En mars,
j’ai proposé un billet mettant en évidence le travail de l’organiste
Anglo-Américain E. Power Biggs. Un des rivaux professionnels de M. Biggs était
Virgil Fox (1912-1980), organiste né et formé aux Etats-Unis et, disons, une
personnalité toute autre, d’une flamboyance qui frôle celle d’une diva, et qui
était plus penché sur une performance large à outrance plutôt que de rechercher
l’authenticité.
Une chose
est indéniable – Virgil Fox était un musicien doté d’un immense talent, qui
(n’est-ce pas toujours le cas?) se manifeste dès son jeune âge: il joue l’orgue
à l’église à 10 ans, donne un premier grand récital (devant plus de 2500
personnes à Cincinnati) à 14 ans, et est admis au conservatoire Peabody juste
sorti de l’école secondaire, ayant pris des leçons privées avec l’organiste et
compositeur Wilhelm Middelschulte. Il se distingue au Conservatoire, y recevant
son diplôme après seulement un an d’études (une première dans l’histoire de
l’institution!). Quelques années plus tard, il y retourne afin d’y diriger le
département d’orgue. Il s’enrôlera dans l’Armée de l’Air Américaine (comme
soldat-artiste) pendant la Deuxième Guerre Mondiale, et il prendra ensuite la
tribune de l’Eglise Riverside de New-York, un poste qu’il occupera pendant
presque 20 ans.
Fox mène
une carrière internationale, s’exécutant sur les grands orgues du monde:
Cathédrales de Westminster, Durham, Lincoln, King's College de Cambridge; Nôtre
Dame and Ste. Clotilde à Paris; et la Marienkirche, Lübeck. Il sera le premier
artiste du Nouveau Monde appelé à interpréter Bach à la Thomaskirche de
Leipzig. Il est prolifique en concert et sur disque, poussant l’enveloppe du
bon goût avec des concerts dits « Heary Organ » avec son et lumière à
la mode des grandes vedettes du Rock and Roll!
Car,
voyez-vous, M. Fox est plus qu’une diva – certains l’appelleront « le
Liberace de l’orgue », faisant référence à l’artiste extroverti bien
connu, avec ses froques extravagantes et le comportement sur scène qui
l’accompagne. La référence à l'homosexualité du pianiste est également à propos. Un des
amants de Fox était le directeur des chœurs de la même église Riverside et son départ
de sa tribune en 1965 marque leur séparation professionnelle et personnelle.
Le concert
que je vous propose d’écouter est assez particulier, car il s’agît d’un retour
aux sources: le concert de Fox à cette même église Riverside en 1979, sa première
prestation en ces lieux en presque 15 ans. Si on croît ce qu’on trouve sur la
toile concernant ce même concert, l’église s’oppose à la demande faite par Fox
et son entourage d’amener une équipe afin d’y faire un enregistrement
professionnel! Faites donc avec la prise de son déjà existante… Ainsi donc, une
bande-témoin mono est tout ce qu’on a de l’événement.
Au point de
vue historique, le concert en question est le dernier offert « en
solo » par l’artiste avant son décès un an plus tard – sa dernière
prestation publique sera dans la Symphonie avec Orgue de Saint-Saëns à Dallas
quatre semaines avant son décès en octobre 1980. Une anecdote veut que le
cancer de M. Fox, au moment de son récital à Riverside, avait atteint ses os,
et qu’il aurait eu un poignet et des côtes fêlées – si c’est le cas, son jeu
n’en souffre aucunement. Quoiqu’on pense du personnage, il s’agît d’un grand
musicien!
(A titre de
repère des œuvres au programme, voici l’endos du disque. La prestation est
prise directemnent de YouTube).
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