Le montage # 150 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast150 |
pcast150-Playlist.pdf
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Cette
semaine marque la convergence de plusieurs événements: le troisième
anniversaire de notre « expérience bloguesque », le début d’un
nouvel arc thématique (« l’opus unique ») et l’important jalon
qu’est notre 150e montage audio dans notre série entamée le 1er
avril 2011.
Comme je
l’ai fait pour mes 50e et 100e montages, le montage de
cette semaine est une « édition prolongée » de notre B + B
hebdomadaire, excédant le plafond des 90 minutes que je m’impose habituellement
par presque 15 minutes avec une prestation bœuf de la troisième
symphonie de Gustav Mahler.
La
troisième en contexte
Dans une
analyse hyper-simplifiée des 9 symphonies « achevées » de Mahler, on
peut regrouper ces œuvres dans deux grandes catégories : celles
influencées par les lieder du compositeur (et en particulier Des Knaben
Wunderhorn) qui englobe les quatre premières symphonies, et les autres qui
furent composées après le mariage de Mahler avec Alma Schindler, et qu’il
compose suivant un rituel bi-annuel (un été de composition suivi d’un été
d’orchestration).
A cause de
sa notoriété particulière, on s’attendrait que la huitième symphonie –
dite la « symphonie des Mille » - soit l’œuvre de Mahler la plus
ambitieuse et la plus longue. Toutefois, nonobstant l’aspect unique de cette
symphonie et ses effectifs gargantuesques, c’est la troisième qui gagne la
palme de la plus longue – à plus de 100 minutes – et qui se distingue à mon
avis comme celle qui maintient le mieux le fil conducteur entre ses
composantes.
Le fil
conducteur de la troisième est la nature dans le contexte d’une panoplie
d’émotions humaines, exprimées par l’ensemble de l’orchestre, ainsi que par les
textes interprétés par la soliste et les deux chœurs appelés à intervenir à
mi-chemin dans l’exécution de la symphonie. Le programme imaginé par le
compositeur exalte la nature et reprend les étapes de la Création : Le premier
mouvement devait symboliser les forces telluriques, le second la végétation, le
troisième les animaux, le quatrième la naissance de l'homme (la contralto
chantant un texte d’Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche), le
cinquième les anges (chœur d'enfants reprenant un thème de Des Knaben
Wunderhorn) et le dernier mouvement, hymne à l'amour, conclut la symphonie dans
un apaisement méditatif.
La
performance d’aujourd’hui
Une
prestation de la troisième de Mahler, à mon avis, ne requiert pas une tension
excessive, ou même le recours à des effets orchestraux survoltés; l’importance
ici est le besoin d’un mouvement perpétuel, (d’un momentum continu, si
vous me passez l’anglicisme), et d’une compréhension du fil continu.
Leonard
Bernstein, lors d’une entrevue concernant une toute autre performance, rappelle
les savantes paroles de son maître, Serge Koussevitzky: «Do not forget the
principal line » - n’oubliez pas la ligne principale. Si on
considère les performances de Bernstein au cours de sa carrière, on fait
souvent face à un chef qui peut exagérer les tempi, ce qui fait maugréer la
critique et ses Mahler sont un exemple frappant de cette extravagance!
Les
prestations de Bernstein au cours de la dernière phase de sa carrière (il
endisquait alors quasi-exclusivement pour la maison DG) avaient tendance à être
des « événements » - souvent enregistrés en public, et préservés sur
bande magnétoscopique. On pense, par exemple, à son intégrale Viennoise des symphonies
et concertos de Beethoven). Clairement, Bernstein « en met
plus » s’il dirige devant public. Sauf erreur, l’enregistrement
d’aujourd’hui est une prestation publique, et je suis persuadé que les
mélomanes présents au Lincoln Center de New-York ont quitté avec un sourire
mur-à-mur. Oui, Bernstein attaque la partition avec un tempo plus lent
que la norme, mais il s’en tient scrupuleusement au fil directeur, et projette
un sens de mouvement à l’orchestre qui entraîne les auditeurs dans ce récit
compliqué, évitant les longueurs. Les interventions chantées de Mme Ludwig et
des chœurs – spécialement le chœur d’enfants dans le « Bimm! Bomm! »
sont bien en place. Quelques musiciens de l’orchestre (dont le vénérable
violon-solo Glenn Dichterow) se distinguent avec des solos.
On pourrait
remplir des pages avec nos impressions d’enregistrements rivaux – dans ma
collection personnelle, je compte également les versions Kubelik/Radiodiffusion
Bavaroise et Chailly/Concertgeboiuw, qui sont tous deux excellents, et vous
aurez sans doutes vos préférées – y compris la version CBS Bernstein des années
60… La version choisie ici est ma préférée, donc un choix personnel!
Bonne
écoute!
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