Notre montage # 351 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast351 |
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Messiaen
avait 31 ans lorsque la France est entrée dans la Seconde Guerre mondiale. Il a
été capturé par l’armée allemande en juin 1940. Il n’est pas surprenant que
certains des codétenus de Messiaen étaient des musiciens professionnels; le
clarinettiste Henri Akoka, le violoniste Jean le Boulaire et le violoncelliste
Étienne Pasquier. Il a réussi à se lier d'amitié avec un garde sympathique et à
obtenir du papier et un petit crayon Messiaen a d'abord écrit un court trio
pour eux; cette pièce s'est développée en Quatuor pour le même trio avec
lui-même au piano. La combinaison d'instruments était inhabituelle à l'époque,
mais non sans précédent: Walter Rabl avait composé pour elle en 1896, tout
comme Paul Hindemith en 1938.
C'est ainsi
que le compositeur a raconte sa création au début de 1941: «Le Stalag a été
enterré dans la neige. Nous étions 30 000 prisonniers (français pour la
plupart, avec quelques Polonais et Belges). Les quatre musiciens jouaient sur
des instruments cassés ... les touches de mon piano droit restaient abaissées
quand elles étaient enfoncées ... c'est sur ce piano, avec mes trois collègues
musiciens, habillés de la manière la plus étrange ... complètement en lambeaux,
et des sabots en bois assez gros pour que le sang circule malgré la neige sous
les pieds… que j'ai joué mon quatuor.
Ces
réminiscences furent contestées par plusieurs, y compris les autres membres du
quatuor: alors que Messiaen se souvient de milliers de spectateurs, la salle du
camp pouvait en contenir au plus 500; son piano n'était pas aussi imparfait
qu'il le décrit; et son insistance sur le fait que le violoncelliste ne jouait
qu'avec trois cordes a été démentie à plusieurs reprises par le violoncelliste
lui-même. Néanmoins, peu contestent la signification de l'œuvre elle-même,
l'une des plus importantes à être produites au XXe siècle.
Messiaen et
Etienne Pasquier (violoncelliste à la première création) ont enregistré plus
tard le quatuor en LP pour le Club Français du Disque (1956), avec Jean
Pasquier (violon) et André Vacellier (clarinette).
Deux autres
œuvres complètent le montage. Cantéyodjayâ est une œuvre pour piano
écrite en 1949 dont les bases compositionnelles sont les rythmes hindous que
l'on retrouve souvent dans l'œuvre de Messiaen. Les recherches du compositeur
sur les rythmes hindous reposaient en partie sur les 120 rythmes répertoriés
dans la Sangita Ratnakara de Sarangadeva du XIIIe siècle. La partition comprend
des noms tirés de cette œuvre, ainsi que de la théorie musicale carnatique.
Les cinq réchants
forment la dernière partie de la "Trilogie de Tristan" après Harawi
et la Turangalîla-Symphonie. Le titre de cette œuvre fait référence au
Printemps de Claude Le Jeune, «chef-d'œuvre de l'écriture chorale et
chef-d'œuvre du rythme» selon Messiaen. Comme dans cet ouvrage, les couplets
(chansons) et les refrains (rechants) alternent. La mélodie trouve sa source
dans le harawi ou yaravi, une chanson d'amour folklorique du Pérou, et dans
l'alba, une chanson de l'aube du Moyen Âge.
Bonne
écoute!
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