vendredi 15 janvier 2021

Quatuor pour la fin du temps





Notre montage # 351 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast351


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Le 15 janvier marque le 80e anniversaire de la première représentation du Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen pour violoncelle, piano, clarinette et violon. L'œuvre a été composée dans un camp de prisonniers de guerre en Silésie contrôlée par les nazis.

Messiaen avait 31 ans lorsque la France est entrée dans la Seconde Guerre mondiale. Il a été capturé par l’armée allemande en juin 1940. Il n’est pas surprenant que certains des codétenus de Messiaen étaient des musiciens professionnels; le clarinettiste Henri Akoka, le violoniste Jean le Boulaire et le violoncelliste Étienne Pasquier. Il a réussi à se lier d'amitié avec un garde sympathique et à obtenir du papier et un petit crayon Messiaen a d'abord écrit un court trio pour eux; cette pièce s'est développée en Quatuor pour le même trio avec lui-même au piano. La combinaison d'instruments était inhabituelle à l'époque, mais non sans précédent: Walter Rabl avait composé pour elle en 1896, tout comme Paul Hindemith en 1938.

C'est ainsi que le compositeur a raconte sa création au début de 1941: «Le Stalag a été enterré dans la neige. Nous étions 30 000 prisonniers (français pour la plupart, avec quelques Polonais et Belges). Les quatre musiciens jouaient sur des instruments cassés ... les touches de mon piano droit restaient abaissées quand elles étaient enfoncées ... c'est sur ce piano, avec mes trois collègues musiciens, habillés de la manière la plus étrange ... complètement en lambeaux, et des sabots en bois assez gros pour que le sang circule malgré la neige sous les pieds… que j'ai joué mon quatuor.

Ces réminiscences furent contestées par plusieurs, y compris les autres membres du quatuor: alors que Messiaen se souvient de milliers de spectateurs, la salle du camp pouvait en contenir au plus 500; son piano n'était pas aussi imparfait qu'il le décrit; et son insistance sur le fait que le violoncelliste ne jouait qu'avec trois cordes a été démentie à plusieurs reprises par le violoncelliste lui-même. Néanmoins, peu contestent la signification de l'œuvre elle-même, l'une des plus importantes à être produites au XXe siècle.

Messiaen et Etienne Pasquier (violoncelliste à la première création) ont enregistré plus tard le quatuor en LP pour le Club Français du Disque (1956), avec Jean Pasquier (violon) et André Vacellier (clarinette).

Deux autres œuvres complètent le montage. Cantéyodjayâ est une œuvre pour piano écrite en 1949 dont les bases compositionnelles sont les rythmes hindous que l'on retrouve souvent dans l'œuvre de Messiaen. Les recherches du compositeur sur les rythmes hindous reposaient en partie sur les 120 rythmes répertoriés dans la Sangita Ratnakara de Sarangadeva du XIIIe siècle. La partition comprend des noms tirés de cette œuvre, ainsi que de la théorie musicale carnatique.

Les cinq réchants forment la dernière partie de la "Trilogie de Tristan" après Harawi et la Turangalîla-Symphonie. Le titre de cette œuvre fait référence au Printemps de Claude Le Jeune, «chef-d'œuvre de l'écriture chorale et chef-d'œuvre du rythme» selon Messiaen. Comme dans cet ouvrage, les couplets (chansons) et les refrains (rechants) alternent. La mélodie trouve sa source dans le harawi ou yaravi, une chanson d'amour folklorique du Pérou, et dans l'alba, une chanson de l'aube du Moyen Âge.

Bonne écoute!


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