vendredi 21 novembre 2014

In Memoriam: Lorin Maazel (1930 - 2014)





Le  montage # 174 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast174


pcast174- Playlist

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B + B reprend cette semaine sa série d’hommages aux artistes disparus cette année, avec le premier de deux montages consacrés à deux chefs disparus au cours de 2014.

A plus d’une reprise dans mes billets, j’ai parlé de la génération des chefs nés autour de 1915 – Bernstein, Karajan, Giulini et tant d’autres. Ces chefs ont contribué, directement ou indirectement, à la formation de chefs nés entre 1930 et 1940: Zubin Mehta, Seiji Ozawa et Daniel Barenboim sont trois noms qu’on pourrait nommer parmi eux. Les chefs Claudio Abbado et Lorin Maazel figurent également sur cette liste.

Sans vouloir nécessairement faire une comparaison entre ces deux artistes, il y a une certaine différence en termes de style et d’approche entre les deux, en particulier dans leur « image » publique. Abbado dégage une certaine chaleur humaine, son amour manifesté pour le sport et son appui inconditionnel à son club de football préféré font de lui un « homme ordinaire », qui s’adonne à être un géant dans son domaine. Maazel, tant qu’à lui, est un clinicien, aseptique et exact, qui approche sa musique avec un détachement qu’il considère nécessaire. Si Abbado est Stokowski, Maazel est Toscanini.
Les deux chefs ont également beaucoup en commun: ils ont tous deux fait office à Berlin (Maazel tôt en carrière avec l’orchestre de la radiodiffusion rendu célèbre par Fricsay, Abbado succédant à Karajan avec la Philharmoniker), et ils ont tous deux laissé une discographie à la fois variée et considérable.

Né de parents Américains à Paris, Maazel se révèle enfant-prodige: cours de violon à 5 ans, et de direction d’orchestre (rien de moins!) à 7 ans, dirigeant l’orchestre de la NBC (à l’invitation de Toscanini) à 12 ans! Imaginez: jeune homme, il voit diriger Koussevitzky et Klemperer, il joue pour Heifitz, assiste aux répétitions de Rachmaninov! Mais Maazel ne suivra pas le cheminement du wunderkind typique: plus intéressé au baseball qu’à une carrière musicale, il mettra tout ça plus ou moins de côté, et choisira des activités plus typiques pour les adolescents de son âge. Prenant « sa retraite » à 15 ans, il étudie la littérature à l’Université et, afin de gagner de l’argent de poche, joue avec l’orchestre symphonique de Pittsburgh (là où il va à l’uni). C’est probablement ce retour à la musique qui lui donne un deuxième souffle et encouragé par le grand chef Victor de Sabata il postule pour une bourse d’études qui l’amènera en Italie, et de là en Autriche et en Allemagne. C’est là que commence la carrière « adulte » de Maazel, au début comme chef itinérant, et plus tard à la barre de formations prestigieuses.
Parmi les postes occupés par Maazel, on compte la radiodiffusion Berlinoise (1964–1975), l’Orchestre National de France (1977-1990), l’orchestre de Cleveland (1977-1990) et, plus récemment, la Philharmonique de New-York (2002-2009).

Un chef à l’oreille particulièrement aiguisée, il fut très respecté et admiré, notamment pour sa profonde connaissance du répertoire romantique et des œuvres de Mahler, Sibelius, Puccini ou encore Richard Strauss, dirigeant toujours de mémoire, il fut aussi l'un des chefs les plus souvent invités par l'Orchestre philharmonique de Vienne, qu'il dirige notamment dans onze concerts du nouvel an, entre 1980 et 2005 (dont neuf fois en dirigeant du violon). 

Toutefois, ses performances sont également parfois critiquées, à partir des années 1980 surtout, pour un souci excessif du détail au détriment de la forme et de l'expressivité. On lui reproche aussi son autoritarisme; son successeur à la tête de l'orchestre de Cleveland, Christoph von Dohnanyi, relate également les critiques de ses musiciens, qui reprochaient à Maazel son autoritarisme, et son unique souci de battre la mesure au détriment du sens du phrasé. Ce même orchestre était hésitant à engager Maazel originalement, ne le croyant pas un chef à la hauteur de Szell et Boulez, ses prédécesseurs.
Bien sûr, on peut critiquer tant qu’on veut, il reste que Maazel est un chef qui a un grand nombre de réalisations enviables: une intégrale Beethoven (Cleveland, pour CBS), une intégrale Rachmaninov (Berlin, pour DGG), une version complète de Porgy and Bess de Gershwin (Cleveland, pour Decca) et un peu de tout avec les grands orchestres d’Eutope.

Parmi les exemples retenus aujourd’hui, une lecture des plus claires de la huitième symphonie de Dvořák, ainsi que des œuvres de Strauss, Tchaïkovski et Gershwin.
Bonne écoute!

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