Le billet suivant est une reprise d'un Quinze que j'en pense, datant originalement du 15 novembre 2013. Ce billet reprend le Montage # 78 (Commentaire original: http://itywltmt.blogspot.ca/2012/11/montage-78-in-memoriam-maurice-ravel.html) |
Pour ma sélection souvenir de novembre, je vous propose de ré-écouter mon hommage Ravel de l’an dernier. Cet hommage, faisant partie d’une série dédiée aux disparus de 1937 (dont Gershwin, Widor et Vierne), prend une ampleur différente suite à un reportage que j’ai entendu en baladodiffusion plus tôt cette année – on y reviendra plus loin.
Selon l’opinion partagée par la plupart des mélomanes, Maurice Ravel compte parmi les compositeurs les plus importants et les plus influents du début du XXe siècle. Bien qu'il soit souvent lié avec Claude Debussy comme un impressionniste et que certaines de leurs œuvres ont une ressemblance en surface (e.g., les quatuors), Ravel possède une voix indépendante qui est issue de son amour d'une large variété de styles, y compris la musique baroque française, Bach, Mozart, Chopin, traditions folkloriques espagnoles, le jazz et le blues américain. Son œuvre n'est pas aussi abondante que celle de certains de ses contemporains, mais ses compositions sont méticuleusement et délicieusement conçues. Il était particulièrement doué en tant qu’orchestrateur, un domaine dans lequel il reste inégalé.
L’an dernier, j’ai proposé dans le cadre de ma série Jadis sur Internet un large échantillon de la musique pour piano de Ravel. Ravel faisait souvent appel à des thèmes particuliers dans ses compositions – entre eux, on note la danse et les choses anciennes. Ses valses nobles et sentimentales intègrent ces deux concepts. Plus tard, Ravel reprendra les valses nobles en version pour orchestre – un traitemet qu’il offrira à beaucoup de ses œuvres pour piano. Son Menuet Antique est un autre exemple d’orchestration dans le même moule.
Tzigane, une oeuvre casse-cou pour violoniste avec son très long solo d'introduction est soit présenté avec piano (version de chambre) ou orchestre, et c'est cette dernière version qui fait le montage.
En 1928, Ravel fait une tournée triomphale en Amérique du Nord, où il rencontre Gershwin et aura l' occasion d'élargir son exposition au jazz. Le Concerto pour piano en sol majeur montre l'influence de ce nouveau genre.
Pour clore le montage , sans doute l’œuvre-fétiche du compositeur - Boléro . Ravel l’achevé en 1928 à l'âge de 53 ans. Boléro alterne entre deux principaux thèmes mélodiques, en répétant la paire huit fois sur une partition de plus de 340 mesures, en modulant volume et couches instrumentales. En parallèle, la pièce tient méthodiquement à deux lignes simples de basse staccato. C'est un exercice compulsif dont la construction reste inchangée jusqu'à la 326e mesure, avec un crescendo inoubliable. Ravel dira que Boléro est un "morceau pour orchestre sans musique".
La plupart des notes biographiques en ligne parlent des dernières années de Ravel comme troublées par les séquelles neurologiques d’un accident d’automobile, minant sa mémoire et sa capacité de communiquer. Il meurt suite à un traitement chirurgical. Toutefois, un récent reportage indique que cette version des évènements ne serait pas tout à fait exacte. En fait, Boléro serait un emportant indice d’une condition neurologique latente. chex Ravel ainsi que chez de nombreux artistes.
Anne Adams , biologiste moléculaire devenue peintre, est obsédée par la peinture. Elle ne fait que peindre et peindre. Elle peint des tableaux de bâtiments, puis une série de peintures impliquant des fraises, et puis ... "Boléro". À un certain point, Anne est obsédée par la célèbre composition de Ravel et décide de créer une impression visuelle élabporée du morceau, qu’elle apppelle Unraveling Bolero (trad. Lit., Démêler Bolero), qui forme et un jeu de mots et une description éloquente du produit final:
Peu de temps après, Mme Adams lentement mais sûrement montre les signes d’une forme de démence progressive et implacable (l’aphasie primaire progressive). Selon un article de chercheurs cliniciens de l'Université de Californie à San Francisco, l’aphasie de Ravel pourrait avoir commencé, indétectée, à l'époque de la composition de Boléro, alors que son écriture commence à se détériorer. Dans un premier temps on remarque des erreurs d'orthographe dans des partitions musicales et des lettres, et les symptômes sont évidents en 1931. Difficultés dans le discours, perte de éléments langagiers et l'arrêt de la production suite à sa frustration. Ravel serait décédé suite aux complications d’un traitement expérimental en 1937.
Voici l’hyperlien au reportage (en anglais) qui parle du cas de Mme Adams et fait le lien entre sa condition et celle qui aurait affligé Ravel:
Comme Copland et tant d'autres compositeurs américains de sa génération, David Diamond se rend à Paris pour étudier et absorber les dernières tendances artistiques. C’est là qu’en 1928, il rencontre Maurice Ravel, au faîte de sa réputation. Diamond se liera d'amitié avec le compositeur français et son Elégie à la mémoire de Maurice Ravel se veut l'expression de son chagrin suite à cette grande perte.
DETAILS
David DIAMOND (1915-2005)
Elegy in Memory of Maurice Ravel (1938-39)
Seattle Symphony Orchestra, Gerard Schwarz, direction
Maurice RAVEL (1875-1937)
Valses nobles et sentimentales pour piano, MR 61
Francine Kay, piano
Tzigane, rhapsodie de concert pour violon et orchestre, MR 76
Itzhak Perlman, violin
Orchestre de Paris, Jean Martinon, direction
Menuet antique, MR 7
(Orcjestration de Ravel, 1929)
Orchestre Symphonique de Montréal, Charles Dutoit, direction
Concerto, en sol majeur, pour piano et orchestre, MR 83
Pascal Rogé, piano
Orchestre Symphonique de Montréal, Charles Dutoit, direction
Boléro, MR 81
Orchestre Symphonique de Montréal, Charles Dutoit, direction
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