Notre montage # 250 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast250 |
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C’est notre
coutume d’offrir un montage « étendu » pour marquer les grands jalons
dans notre série B + B, qui se chiffre maintenant à 250. Ainsi, presque une
heure et 45 minutes de musique couvrant quatre titres… inachevés.
On peut
considérer une œuvre inachevée de plusieurs façons: pourquoi donc Schubert
aurait-il mis de côté sa symphonie en si mineur après avoir achevé deux
mouvements, et quelques mesures d’un scherzo? Pourquoi a-t-on cru bon d’achever
des œuvres laissées incomplètes par le décès de leur auteur?
Prenons
d’emblée la deuxième proposition; était-ce un sacrilège, par exemple, pour Franco
Alfani d’avoir achevé Turandot? Si on croit la légende de la
première performance de l’ultime opéra de Puccini, assorti d’un rideau
et de l’intervention de Toscanini qui dit (je paraphrase) « Ici, le Maître
pose son crayon » sans qu’on entende les dernières minutes de l’opéra, M.
Toscanini se range dans cette direction…
Mahler avait établi une méthodologie de
travail qui créait un équilibre entre sa carrière de chef et sa vocation de
compositeur. Ainsi, il prenait en moyenne deux ans à préparer une œuvre – un
été passé à créer les esquisses et idées à élaborer, et orchestrait et
complétait son travail à temps perdu et au cours de l’été suivant. Il ne fut
donc pas surprenant de trouver ses cartables pleins d’esquisses et de
brouillons de sa dixième symphonie, avec un mouvement (l’Adagio initial)
presque complet. Son décès prématuré en 1911 laisse donc l’ouvrage incomplet.
Certains encourageront un bon nombre de ses contemporains – et des musicologues
– à étudier ces cartables et de reconstituer une œuvre finale depuis ces notes.
La version du musicologue Deryck Cooke (offerte ici dans un clip YouTube) est
une version qui a gagné une certaine notoriété, en dépit d’une génération de
Mahleriens (dont MM. Bernstein et Kubelik) qui se sont limités à l’exécution de
l’Adagio, seul mouvement « authentique » provenant du crayon de son
maître.
Tchaïkovski
a entrepris à maintes reprises des projets de symphonie qu’il abandonnera,
recyclant ses esquisses sous forme de suites, par exemple. Un projet du début
des années 1890 n’aboutira pas en une symphonie, mais se trouvera recyclé sous
la forme de son troisième concerto pour piano (qui ne compte qu’un seul
mouvement), et d’un scherzo-fantaisie pour piano seul.
-- YT
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Le décès du
compositeur amène un confrère, Sergey Taneyev, à retravailler deux
autres mouvements de la symphonie (originalement destinés à être l’Andante et
le Finale du concerto) et publiera le résultat comme « l’opus 79 » du
compositeur.
Dans les
années 1950, le musicologue russe Semion Bogatyrev s'intéressa aux
esquisses laissées par Tchaïkovski et tenta de reconstruire la symphonie telle
qu'elle aurait pu être achevée. Pour le premier mouvement, il disposait de
l'orchestration même de Tchaïkovski. C'est l'Andante qui fut le
plus difficile à reconstruire, et Bogatyrev suivit les idées principales de
Taneyev en essayant de restituer aux mieux à l'orchestre la finesse de la
partie pianistique. Le manuscrit comportait plus d'indications pour le Scherzo,
malgré de nombreuses ratures et des indications incompréhensibles ; aussi
Bogatyrev dut-il se servir fréquemment de la version pour piano. Le Finale,
enfin, était le mouvement le plus avancé avec le premier, et Bogatyrev put
encore une fois s'appuyer sur les notes du compositeur.
Ainsi donc,
le montage d’aujourd’hui propose l’Inachevée de Schubert, l’Adagio
de la Dixième de Mahler, la reconstruction de la symphonie de
Tchaïkovski et, pour compléter le montage, la reconstruction par Glazounov
de la troisième et dernière symphonie de Borodine qui, contrairement au
Mahler et au Tchaïkovski) est acceptée sans réserve dans le répertoire
symphonique du compositeur.
Bonne écoute!
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