vendredi 10 mars 2017

Les vieux claviers





Notre montage # 242 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast242


=====================================================================
Le B+B pour cette semaine considère un montage de concerti pour clavier et orchestre qui mettent en évidence les ancêtres du piano acoustique moderne. Je crois qu’un survol rapide de l’évolution de ces instruments est de rigueur.

Avant le XIVe siècle, l’instrument avec calvier qui domine est l’orgue, dont les racines remontent à la Grèce antique. La première génération de claviers « à cordes » compte différents instruments d'une même famille, distincts par leurs structures, leurs formes, leurs dimensions ou leurs timbres, chacun d'entre eux ayant souvent un nom spécifique mais aujourd’hui connus de manière générique comme des clavecins. Le clavecin est muni d'un ou plusieurs claviers dont chacune des cordes est « pincée » par un dispositif nommé sautereau.

Le son émis par une corde du clavecin ne dépend pas de la force appliquée par le claveciniste sur la touche; ainsi, le son n’offre pas de diapason dynamique en termes d’intensité. Néanmoins, l'instrument possède une variété de sonorités obtenue grâce à ses différents jeux (ou rangs de cordes) sélectionnés à l'aide des registres, et par la possibilité de les combiner.

Deux œuvres du montage mettent en valeur le clavecin: la première est l’un des six concerti pour clavier de l’Anglais Thomas Arne et l’autre est le Concert Champêtre de Francis Poulenc, une commande du XXe siècle par la claveciniste contemporaine Wanda Landowska.

Le désir de produire une dynamique sonore – c’est à dire de jouer fort (em italien forte) ou doucement (piano) amènent les facteurs d’instruments à concevoir des instruments qui “frappent” les cordes plutôt que de les pincer. Un piano à tangentes comporte un mécanisme assez simple : l’enfoncement de la touche fait projeter verticalement une languette de bois appelée « tangente » (ressemblant quelque peu au sautereau du clavecin) contre la corde. Lorsque la tangente, située sous la corde, a frappé celle-ci, le musicien la maintient appuyée sur la corde. Quand il relâche la touche, le son s'arrête. Le son produit ressemble beaucoup à celui du clavecin, mais, à l’instar du pianoforte, le piano à tangentes permet de produire des intensités différentes. Plusieurs facteurs revendiquent le perfectionnement de cet instrument aujourd’hui oublié; jusqu’à preuve du contraire, il a été inventé en 1799 par Baldassare Pastore. Christian Gottlieb Schröter (1699-1772) déclara, dans un article publié en 1763, être l’inventeur à la fois de la mécanique du marteau et de celle de la tangente, ce qui est douteux.

La discographie de cet instrument est fort limitée, mais j’ai tout de même inclus un concerto de Carl Philipp Emanuel Bach interprété par Miklos Spanyi et Concerto Armonico.

La conception du premier pianoforte est due au facteur de clavecins travaillant à Florence, Bartolomeo Cristofori (1655-1731). Celui-ci cherchait à doter le clavecin de possibilités expressives plus nuancées, en permettant à l'instrumentiste de varier l'intensité des sons selon la force exercée sur les touches. (une variante de cet instrument, le forte-piano, a une forme sensiblement différente, mais suit le même principe et offre la même qualité sonore). Des perfectionnements successifs du mécanisme, une transformation totale du corps sonore, un concept différent des rapports mécaniques, virent progressivement l'apparition d'un nouvel instrument vers 1820, le piano.

Le pianoforte supplante le clavecin comme instrument à clavier de prédilection du temps de Haydn, Mozart et de leur collègue, Antonio Salieri dont un des deux concerti pour cet instrument complète le montage de cette semaine.


Bonne écoute!


0 commentaires:

Publier un commentaire

 

Pages vues la semaine précédente