mardi 8 mai 2012

Symphonies en ut majeur


Le billet suivant est la reprise du blog Mardi en Musique, datant originalement du 8 mai 2012.

Le contenu de la réflexion fut modifiée pour sa reprise sur L'Idée Fixe.

Aujourd'hui, je vous propose quatre pièces qui ont ceci en commun: leur tonalité est la gamme la plus simple, soit ut (ou do) majeur. Les sélections n'ont rien de particulier autre que la tonalité et le choix conscient d'une longueur acceptable.

Ceci donc a facilité mon choix pour Schubert: la "grande" symphonie en ut majeur qui dure presque une heure est mise de côté en faveur de sa "petite soeur" (la sixième). Ceci étant dit, il n'y a rien de "simple" dans cette symphonie qui masque ses difficultés derrière son charmne évident. La prestation d'aujourd'hui est signée Roberto Abbado et l'orchestre de Chambre St-Paul.

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Pour mon deuxième choix, je vous offre un de mes chargements personnels de la première symphonie de Beethoven, interprétée par mon orchestre local, celui du Centre National des Arts d"Ottawa sous Pinchas Zukerman.




Igor Stravinski nous offrira trois symphonies, et l'une d'enre elles sera en ut majeur (mieux connue sous son titre anglais "Symphony in C"). Pour son 80e anniversaire de naissance, Stravinski s'engagera dans un grand projet d'enregistrement de toutes ses oeuvres majeures pour la maison Columbia. Plusieurs de ces prestations furent enregistrées à Toronto avec l'orchestre de Radio-Canada à Toronto (ou, plus simplement, CBC Symphony Symphony Orchestra). Voici d'ailleurs Stravinski croqué sur le vif en répétition pour cet enregistrement de la symphonie au Massey Hall de Toronto en 1962:



 

Et la prestation intégrale:




Ma dernière sélection est la symphonie estudiantine de Georges Bizet, dans une interprétation de Georges Pretre et la Philharmonique de Vienne: 



Hyperlien à une playlist YouTube qui contient toutes les symphonies à un seul endroit: http://www.youtube.com/playlist?list=PLE1E54D02DC10D05A

Bonne écoute!

mercredi 4 avril 2012

La Passion selon Saint Matthieu BWV 244 de Bach




Le billet suivant est une reprise d'un Quinze que j'en pense hors-série, datant originalement du 4 avril 2012. 

Jeudi Saint, et la dernière cène sont le point d'envol des moments les plus dramatiques de la Passion du Christ, et donc un jour opportun pour faire l'écoute de la passion selon Saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach.

Quoique Bach ait composé "cinq passions, dont une avec double chorale", seule deux oeuvres ont survécu intégralement: la passion selon Saint Jean (performances homologuées en 1724, 1725, 1732 & 1749) et la passion selon Saint-Matthieu (1727, 1729, rev. 1736, 1742), cette dernière impliquant deux chorales.

Leur immense popularité repose sur leur puissance émotive, et le mélange de drame et de spiritualité que la musique de Bach leur confère. Aucune interprétation de ces oeuvres ne peut être prise à la légère, compte tenu de leur ampleur monumentale - St-Jean requiert plus de deux heures d'exécution, St-Matthieu trois heures sinon plus!


Il faut toutefois rappeler que les coutumes du temps de Bach exigeaint qu'une lithurgie du vendredi Saint inclut non seulement la musique, mais également prières, lectures et un sermon... De quoi bien remplir une journée à l'église!

Je vous offre en référence cet article (http://www.musiquedujour.com/periode...v-244-de-bach/) qui fait un survol de l'oeuvre et offre d'autres informations et anecdotes. Je n'ai rien d'autre à ajouter à cet article, donc passons à la musique...



Johann Sebastian BACH (1685-1750)
Matthäuspassion, BWV 244 (1727)
(Texte de: Christian Friedrich Henrici, mieux connu sous le pseudonyme Picander)

Distribution:
Helmut Krebs, Evangeliste
Dietrich Fischer-Dieskau, Jésus

Elfriede Troetschel, Soprano
Diana Eustrati, Alto
Friedrich Haertel, Basse

Chor der St. Hedwigs-Kathedrale Berlin
Großer Chor des Berliner Rundfunks
Runfunk-Sinfonieorchester Berlin
Direction: Fritz Lehmann
(Radiodiffusion, 1949)
1ère partie - https://archive.org/details/bach_bwv244_leh_35_o_mensch_bew

vendredi 30 mars 2012

Beethoven Serein



Le billet suivant est une reprise d'un Quinze que j'en pense, datant originalement du 30 mars 2012.

Le contenu de la réflexion fut modifiée pour sa reprise sur L'Idée Fixe.




Le Projet Beethoven

En 2011-12, j’ai entrepris un projet de baladodiffusions mensuelles (ou à peu près) qui explorent l’intégrale des concerti et des symphonies de Beethoven. Ma baladodiffusion de cette semaine fait partie de ce projet – tout comme mon dernier QQJP – et nous ferons l’écoute du quatrième concerto pour piano et de la symphonie pastorale.

Le thème de cette semaine, qui accompagne une courte thématique de baladodiffusions sur le printemps et le renouveau, propose la sérénité qui accompagne un séjour à la campagne. Vous avez sans doute une anecdote préférée qui concerne notre cher Ludwig, mais celles qui me sont familières suggèrent un Beethoven belliqueux, même volatile, qui n’avait aucun problème quant au congédiement d’une femme de ménage. On dit que Beethoven était (comme plusieurs d’entre nous) une caféphile – probablement un caféiomane – qui exigeait une tasse de son breuvage de prédilection résultant de l’infusion de … 60 grains de café 


Tout ça pour dire que Beethoven et sérénité ne vont pas nécessairement main dans la main… Toutefois, les trois pièces réunies ici aujourd’hui représentent un trio qui illustre un sens du paisible, voire même ouvert à la réflexion et au délices de la contemplation.

La sonate pour piano no. 15, dite «pastorale» a sans doute un surnom qui fut apposé par les éditeurs et non pas par le compositeur. Si l’allegro initial et le rondo final sont des mouvements relativement légers et atmosphériques, les sections qui se retrouvent en sandwich entre les deux sont fougueux et loin d’êtres aussi légers.

Nous avons discuté du concerto et de la symphonie d’aujourd’hui dans le contexte de leur première dans un billet qui présentait des clipsYouTube recréant l’avant-entracte de la célébrissime académie de concert du 22 décembre 1808. Le concerto a ceci d’unique et de particulier: l’introduction du mouvement initial innove avec l’entrée en matière du piano seul, accompagné par l’orchestre qu’une fois que le premier thème est exposé. Cette approche, ainsi que l’élégant Andante du mouvement lent, confèrent un sens introspectif et serein. Le brillant rondo de la finale du concerto est magnifique, et parvient à mon avis à maintenir l’aspect contemplatif du concerto – c’est un mouvement virtuose mais pas un mouvement qui martèle le piano comme, disons, le finale de l’Empereur.

Quant à la symphonie, son programme campagnard fait l’objet de tant d’articles et d’analyses… Je n’ai ici rien de neuf à ajouter. Nous reviendrons à l’aspect particulier de la performance que j’ai choisi un peu plus loin.

Les performances

Dans les trois cas, j’ai choisi des performances de ma collection personnelle, qui proviennent d’écrins d’intégrales des sonates, concerti et symphonies de Beethoven. Chacune de ces collections méritent que je m’y attarde un peu.

Tout d’abord, à propos d’intégrales en général, et d’intégrales Beethoven en particulier. Dans le cas de ce compositeur plus que d’autres je dirais, il y a une tension qui existe entre créer une performance d‘une œuvre individuelle versus la création de l’ensemble des œuvres dans le cadre d’un esprit de synthèse globale. Le cas des sonates pour piano de Beethoven est, je crois, plus propice à cette tension que le cas des concerti, par exemple.

J’ai entendu un bon nombre d’intégrales, par des pianistes d’avant ou contemporains à la Deuxième Guerre Mondiale (Schnabel, Kempe et Badura-Skoda me viennent à l’esprit) et de pianistes de générations subséquentes (Silverman, Kuerti et l’écrin d’aujourd’hui d’Ashkenazy), et je trouve que la grande majorité de ces pianistes abordent leurs intégrales comme un ensemble. Il est donc un peu malhonnête d’isoler une sonate et de l’offrir sans entendre les autres.

Certaines sonates (La Hammerklavier, ou la sonate du clair de lune, par exemple) sont des pièces qui peuvent être jugées isolément à cause de l’aspect technique ou la virtuosité requise pour les rendre pleinement, mais la Pastorale entre dans le groupe de ces sonates qui sont le maillon d’une grande chaîne.

Ashkenazy a commis sur disque deux groupes (sinon, deux intégrales) d’enregistrements de ces sonates: un premier est «analogique» et un deuxième – d’un Ashkenazy plus mature, plus économe, est «numérique». Il y a une dizaine d’années, la maison DECCA a réédité l’intégrale analogique (avec une ou deux sonates du cycle numérique et l’Andante Favori WoO 57) dans un écrin prix-budget. 


La pastorale d’aujourd’hui vient de cette collection. Compte tenu de la longueur de la baladodiffusion d’aujourd’hui, je n’ai monté que le premier mouvement de la sonate – je vous propose en complément d’écouter la sonate complète sur la bibli musicale: http://www.mqcd-musique-classique.co...ead.php?t=4163

Je compte deux écrins d’intégrales des concerti pour piano de Beethoven: Perahia/Concertgebouw/ Haitink de la fin des années 1980, et celle choisie aujourd’huii, Lupu/Israel/Mehta, des premiers jours du numérique, donc datant de la fin des années 1970. 


Radu Lupu est un grand pianiste, et sa conception des concerti de Beethoven rejoint celle des grands pianistes Soviétiques (Gilels et Richter), amalgame de musicalité, virtuosité et technique, trahissant la formation du pianiste Roumain au conservatoire de Moscou sous Heinrich Neuhaus. M. Mehta et son orchestre sont des partenaires adéquats, même un peu subjugués dans cette intégrale, mais Lupu vole la vedette, comme il se doit.

Parlant de collections, mon projet Beethoven a fait un effort d’échantillonner mes quatre intégrales des symphonies de Beethoven, et mon acquisition la plus récente dans ce domaine est l’intégrale Haitink/London Symphony pour le label-maison de l’orchestre, LSO Live. 


Je dois passer aux aveux – ma Pastorale préférée fut endisquée par Michael Tilson-Thomas et l’English Chamber Orchestra (en analogique, fin des années 1970) faisant partie d’un effort du chef américain (alors un jeune loup du podium) qui explora les symphonies de Beethoven dans un contexte «réduit». Comme la plupart des mélomanes d’un certain âge en attesteront, de tels efforts avant la «vague authentique» des années 1980-90 étaient risqués, alors que les chefs établis dans ce répertoire (Karajan, Bernstein entre autres!) voyaient Beethoven joué dans des proportions romantiques, suivant la tradition établie par Mahler un siècle plus tôt (d’ailleurs, Mahler aurait révisé les orchestrations de Beethoven afin d’accommoder des effectifs plus musclés, disons). L’écoute de la Pastorale de Tilson-Thomas m’a révélé des accents jusqu’alors étouffés par la masse orchestrale. Les interprétations de période (Norrington, entre autres) furent décevantes pour moi, car elles me semblaient forcer la note avec l’usage d’instruments d’époque et l’ajustement des fréquences relatives des notes qui s’y rattachent.

Ce que M. Haitink tente, et réussit, c’est d’utiliser une édition musicologique (celle de Jonathan Del Mar) et de l’éxécuter avec un orchestre aux proportions modestes jouant des instruments modernes. On retrouve donc l’intimité et la clarté requise, sans les artifices des instruments d’époque. M. Haitink approche donc l’ensemble des symphonies de cette manière, et sa Pastorale se veut la plus réussie du lot.

Le Montage

Ludwig van BEETHOVEN (1770-1827)

Extrait de la Sonate no. 15, en ré majeur, pour piano "Pastorale", op. 28
Premier mouvement (Allegro)
Vladimir Ashkenazy, piano

Concerto no. 4, en sol majeur, pour piano et orchestre, op. 58
Radu Lupu, piano
Israel Philharmonic Orchestra sous Zubin Mehta

Symphonie no. 6, en fa majeur, pour orchestre "Pastorale"
(Ed. Jonathan Del Mar, Bärenreiter-Verlag, 1997)
London Symphony Orchestra sous Bernard Haitink

vendredi 23 mars 2012

Le Printemps


Le billet suivant est une reprise provenant du blog I Think You Will Love This Music Too, datant originalement du 23 mars 2012.

Le montage (# 48) est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: 
http://archive.org/details/Spring_186



Le contenu de la réflexion fut modifiée pour sa reprise sur L'Idée Fixe.


pcast048 Playlist


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Il y a quelques jours, le parcours du Soleil dans notre firmament l'a amené à l'équinoxe du printemps dans l'hémisphère Nord, donc le point et astronomique et convenu pour le début du printemps. En musique classique, le printemps et le renouveau qui s'y rattache a inspiré plus d'un compositeur, et voici donc une belle occasioin pour nous d'en écouter quelques exemples.

Commençons avec On hearing the First Cuckoo In Spring de Delius, servant de trait d'union entre le montage sur les oiseaux de la semaine dernière et le montage d'aujourd'hui. L'ouverture de Karl Goldmark évoauant le printemps est une de mes pièces préférées, et la version choisie  (Arthur Fiedler et les Boston Pops) s'adonne être mon introduction personnelle à cette oeuvre.

Parmi des oeuvres plus ambitieuses, je vous propose des extraits de la première symphonie de Schumann (performance intégrale ici), Le Sacre du Printemps de Stravinski et Appalachain Spring de Copland.

EN AVANT LA MUSIQUE: Une prestation intégrale du Sacre du Printemps fait partie de notre montage du mois de mai 2013 Ephéméride musical pour le 29 mai 1913

L'une des trois images pour orchestre de Debussy, moins célènbre que Iberia, est Rondes de Printemps et fait le palmarès cette semaine. S'ajoutent des miniatures de MendelssohnJohann Strauss IIRichard StraussMahler et de la pianiste de jazz québécoise Lorraine Desmarais.

Bonne écoute!


mercredi 15 février 2012

Il fallait y être

 

Le billet suivant est une reprise d'un Quinze que jèen pense, datant originalement du 12 février 2012.

(NDLR: L'intervention originale était assortie d'un sondage)

Le contenu de la réflexion fut modifiée pour sa reprise sur L'Idée Fixe.

Avec le boum technologique du dernier siècle, notre cadre de référence autour des «grands évènements» a beaucoup changé. Les médias d’information directs comme la télé et la radio (qui ont dominé largement les 50-75 dernières années du Xxe siècle) nous ont permis d’assister «en direct» à des événements (locaux ou internationaux) qui ont eu un impact tangible sur notre société. Que ce soit la Deuxième Grande Guerre, Neil Armsstrong qui marche sur la lune, ou l’inauguration de grands projets communautaires.

Si on considère les sujets pertinents à notre forum, le disque et les médias de masse (la radio au début, mais de plus en plus la télé, les chaînes spécialisées et l’Internet) ainsi que le cinéma (à sa façon) ont permis la diffusion des grandes premières, ou de grandes occasions (comme des concerts notoires) et -dans le cas du disque plus particulièrement - de préserver certains de ces grands évènements afin de les faire revivre pour notre bon plaisir, ou pour des fins historiques.

Considérons – pour ne nommer que ceux-là – les Beatles au Ed Sullivan Show (9 février 1964), les concerts d’adieu de
Bernstein (19 août 1990) et Toscanini (4 avril 1954), la création d’Amahl and the Night Visitors (le 24 décembre 1951
), la diffusion multi-médias (CD, DVD, …) du Requiem de Verdi par Claudio Abbado pour le centenaire du décès du compositeur (25 et 27 janvier 2001), l’inauguration de la Maison Symphonique de Montréal (7 septembre 2011) ou le retour de Vladimir Horowitz à Moscou (20 avril 1986).

Si on se limite aux 300 quelques dernières années, il doit y avoir une multitude d’évènements d’une portée et d’un intérêt variable, allant de curiosités personnelles jusqu’à des évènements d’une notoriété telle qu’ils ont marqué l’histoire de la musique.

La question du sondage qui accompagnait le billet original était fort simple: si l’occasion se présentait (le voyage dans le temps, par exemple…) auquel de ces grands évènements voudriez-vous assister en personne? Afin d’en arriver à un nombre raisonnable de sélections, je vous propose de lire le cheminement que j’ai entrepris afin d’en arriver à cette liste.

Les évènements du XVIIIe siècle: Mozart et Haydn

Pour commencer, une anecdote qui est restée gravée dans ma mémoire – le 4 novembre 1783, Mozart participe à un concert public au théâtre de Linz. Toutefois, le compositeur, parti «en vacances», n’avait aucune partition de ses œuvres avec lui. Quel malheur! On a pensé aux chaussettes, aux chemises, mais pas à des feuilles de musique… Il fut donc «contraint d’écrire une symphonie à toute allure». Le résultat – sa 36ie symphonie, une de mes symphonies préférées de notre cher Amadeus (Voir «
Les vacances de Mozart
»).

A la fin de l’été de 1772 (aucune date exacte disponible), les musiciens du prince Nicolas Ier Esterházy avaient passé la saison entière à divertir l’entourage princier, et le kappelmeister, Franz Joseph Haydn, décida de passer un message des plus subtils à son employeur: sa symphonie no. 45 sous-titrée «les adieux», avec l’extinction systématique des chandelles sur les lutrins des musiciens…

Les académies de concert de Beethoven

Contrairement à Mozart et Haydn, Beethoven n’a pas vraiment profité du soutien financier de mécènes – Beethoven doit se produire en spectacle afin de faire la promotion de ses services et de sa musique. Les académies musicales de l’époque étaient l’équivalent des tournées Rock d’aujourd’hui et Beethoven se doit d’être homme d’affaires, promoteur et directeur artistique afin d’empocher les profits de ces soirées. De Beethoven, on retient deux, sinon trois académies de concert mémorables: son académie du 22 décembre 1808 (
Deux billets
), soirée interminable qui offre la première d’au moins trois oauvres majeures (Ses symphonies no. 5 et 6 et son quatrième concerto pour piano), et celle du 7 Mai 1824, création de la neuvième symphonie, l’ouverture Die Weihe des Hauses et des mouvements de la Missa Solemnis.

Le 13 avril1807, Beethoven reprend un concert privé donné quelques semaines plus tôt chez le Prince Franz Joseph von Lobkowitz, où il crée sa quatrième symphonie, son troisième concerto et l’ouverture Coriolan.

Les salons

Je comprends que la cour impériale de Joseph II ne convient pas à la définition usuelle d’un salon, mais le 24 décembre 1781, l’Empereur invita Muzio Clementi et Mozart pour un concours pianistique amical à Vienne, dans le but de divertir ses convives pour Noël. Les compositeurs ont été appelés à improviser et à faire des sélections à partir de leurs propres compositions. L'Empereur a déclaré avec diplomatie que les combattants étaient ex aequo.

Le salon parisien de la princesse Christine de Belgiojoso fut le siège, le 31 mars 1837, d’un duel pianistique notoire entre Franz Liszt et Sigismond Thalberg afin de déterminer qui était le plus gramd virtuose. L’avis de Mme Belgiojoso “Thalberg est le plus grand pianiste, mais il n’y a qu’un seul Liszt."

La Verein für musikalische Privataufführungen (Société des performances musicales privées) fut un orgamnisme fondé par Arnold Schönberg durant l’automne de 1918, dédié à la performance d’oeuvres “modernes” à l’intention d’un public averti (et sans doute, affranchi). Pour les trois ans entre février 1919 et le 5 décembre 1921, l’organisme fut responsible pour 353 performances de 154 oeuvres échelonnées sur 117 concerts. Pour ces soirées viennoises, entre autres, Schönberg adapte personnellement deux œuvres de Gustav Mahler pour un orchestre de salon: la quatrième symphonie et les Lieder eines fahrenden Gesellen (dont une section fut présentée dans un de mes
combats de clips)

Les grandes premières opératiques

Le film Amadeus recrée à sa façon la première Viennoise de Don Giovanni (7 mai 1788) et la dynamique Mozart père et fils. Dans la peau de Salieri, F. Murray Abraham révèle que la première affecta tant Mozart (qui en assura la supervision et la direction musicale) qu’il vit personnellement à écourter la série de spectacles prévue.

Le Bayreuther Festspielhaus (Palais des festivals de Bayreuth), salle conçue par et expressément pour Richard Wagner et son œuvre est déplus près de 130 ans le théâtre d’un bon nombre de productions mémorables et controversées des opéras du compositeur. En dépit des nombreuses productions de la tétralogie L'Anneau du Nibelung montées dans ce panthéon musical, son inauguration et la première performance intégrale de la tétralogie donnée du 13 au 17 août 1876. (les deux derniers opéras étant donnés en création mondiale) doit figurer parmi notre liste…

Quel spectacle qu’a dü ëtre la création d’Aida au Caire le 24 décembre 1871! Mais j’aurais préféré être présent pour la première de Turandot le 25 avril 1926 sous Toscanini, la performance qu’il arrêta avec «Qui finisce l'opera, perché a questo punto il maestro è morto».

Stravinski et les Ballets Russes de Diaghilev

L’association entre Igor Stravinski et l’imprésario Diaghilev a permis de monter la célèbre trilogie de ballets formée par L’Oiseau de Feu (25 juin 1910), Pétrouchka (13 juin 1911),et Le Sacre du Printemps (29 mai 1913).

Durant la saison 1912-13, les Ballets Russes ont monté deux autres œuvres d’envergure: Daphnis et Chloé (musique de Maurice Ravel, 8 juin 1912), et Jeux (musique de Claude Debussy, 15 mai 1913).

New-York

N’en déplaise aux mélomanes de Chicago, Toronto ou Buenos Aires, La Mecque de la musique en Amérique est New-York. New-York fut le théâtre d’un nombre impressionnant de grands moments, et le fameux Carnegie Hall en particulier. Nous avons parlé beaucoup le mois dernier du
concert du 16 janvier 1910
, et nous avons souligné en début de billet le concert d’adieu de Toscanini. Que dire du concert du 6 avril 1962, et la performance notoire du premier concerto de Brahms par Glenn Gould qui nécessita une introduction exceptionnelle de Leonard Bernstein («N’ayez crainte, M. Gould est parmi nous…»).

Quand on parle Carnegie Hall, on parle également des grands débuts: Jacha Heifitz (27 octobre 1917), Horowitz (12 janvier 1928), Benny Goodman et son orchestre (16 janvier 1938), Bernstein remplace Bruno Walter à pied levé (14 novembre 1943), …

Mais il n’y a pas que le Carnegie Hall. Paul Whiteman et son orchestre envahissent l’Aeolian Hall le 12 février 1924 pour un concert intitulé
An Experiment in Modern Music (Une expérience de musique moderne) où George Gershwin crée sa pièce fétiche pour piano et orchestre Rhapsody In Blue. Ou le «Vieux Met» - le nom donné à la salle originale du Metropolitan Opera de New-York sis au 1411 Broadway et démoli en 1967 où Puccini créa La Faniciula del West (10 décembre 1910) et Il Trittico (14 décembre 1918)

Les mentions honorables

Il y a bien d’autres grands moments qui n’ont pas fait mon palmarès ou fait partie de ma réflexion ci-haut. Voici une liste non-exhaustive de ces mentions (plus qu’) honorables:


  • Matthäus-Passion (La Passion selon St-Mathieu) fut probablement créée vendredi Saint le 11 avril 1727 à la Thomaskirche de Leipzig – là où Bach était le kantor.
  • Création du célèbre oratorio Messiah de Handel eut lieu, non pas à Londres, mais en Irlande – à Dublin le 13 Avril 1742.
  • Dix ans après le décès de Schubert, Robert Schumann convainc son confrère Félix Mendelssohn de diriger une oeuvre à ce jour considérée “injouable et pompeuse”, la grande symphonie en ut majeur. La performance a lieu au Gewandhaus de Leipzig le 21 mars 1839.
  • Tchaïkovski fait la suggestion à plusieurs de ses confrères: sa nouvelle symphonie est une œuvre qui a un programme «caché». La symphonie, aujourd’hui surnommée la Pathétique est créée à St-Petersburg sous la direction du compositeur le 16 octobre 1893. Tchaikovski mourra trois semaines plus tard, sans révéler le secret du programme…
  • La première du recueil de chansons Sea Pictures de Sir Edward Elgar, le 5 octobre 1899 au Norfolk and Norwich Festival. Elgar en assure la direction, et la cantarice Clara Butt est vêtue d’un costume de sirène.
  • Création de la Symphonie des mille de Mahler, au Neue Musik-Festhalle de Munich le 12 septembre 1910.
  • Créattion de la symphonie no. 5, de Dmitri Chostakovitch le 21 novembre 1937 à Léningrad. Selon des témoignages: «Lors de la finale, l’auditoire se leva, un par un jusqu'à ce que le public entier soit debout. Après les notes finales, le public a éclaté. L'ovation a duré plus d'une heure, plus longtemps que la symphonie elle-même, les gens ont couru à travers les rues se félicitant les uns les autres d’avoir été là.».
  • Le Teatro alla Scala de Milan fut sérieusement endommagé par des bombardements en 1943, et dut être rénové. Sa réouverture, le 11 mai 1946, fut souligné par un concert mémorable sous Toscanini, accompagné par la cantatrice Renata Tebaldi.
  • Autre évènement rapporté dans nos pages, le concert-gala inaugural de la Place des Arts de Montréal, le 21 septembre 1963, sous la direction conjointe de Wilfrid Pelletier et d’un jeune Zubin Mehta.
  • Parlant de jeunes hommes, comme Bernstein avait l’air jeune et fringuant lors de son apparition télévisée du 14 novembre 1954, expliquant la cinquième de Beethoiven au public Américain.

vendredi 27 janvier 2012

Mozart & Bartók


Le billet suivant est une reprise provenant du blog I Think You Will Love This Music Too, datant originalement du 27 janvier 2012.

Le montage (# 40) est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: 
https://archive.org/details/MozartBartk



Le contenu de la réflexion fut modifiée pour sa reprise sur L'Idée Fixe.

pcast040 Playlist


Ce montage fut initialement proposé dans le cadre d'un arc thématique apelé "le pianothon",  mettant en vedette l’un des plus grands pianistes du siècle dernier qui, malheureusement, a été plutôt négligé au cours des dernières décennies.


Le pianiste Hongrois Géza Anda (1921 -1976) fut un grand interprète des répertoires classique et romantique. Particulièrement connu pour Mozart, il a également été associé aux œuvres de Beethoven, Schumann, Brahms et Bartók. Malgré sa notoriété, sa réputation s'est estompée quelque peu depuis son décès prématuré (le cancer)  à l'âge de cinquante-quatre ans.
Voici Anda qui joue un arrangement de de la valse lente de Coppélia (Ernst von Dohnanyi adapte ici la musique de Delibes) datant de janvier 1954. Soulignons ici l’articulation incroyablement nette,  le ton chantant et le délicieux sens du rythme. Les dernières mesures comportent un effet de harpe envoûtant!



Pour ce montage, j'ai choisi des prestations concertantes de M. Anda provenant de deux compositeurs très différents - Mozart et Bartok.
Bien qu'il ait joué très peu de Mozart en début de carrière, il est devenu le premier pianiste à enregistrer le cycle complet des concerti pour piano de Mozart (1961-1969), dirigeant lui-même du clavier). Son enregistrement de 1967 du concerto K. 467, utilisé sur la trame sonore du film Elvira Madigan a conduit à une association permanente sous la forme d’un surnom, au point où onen oublie l’origine….
Tiré du livret de l'une de ses nombreuses compilations sur disque: «Depuis le début de sa carrière, il a été ce qu'on pourrait appeler un philosophe-virtuose. Dans sa quête continue pour l'équilibre parfait de la tête et du cœur, entre l'intellect et l'instinct, il. exploré de nombreuses facettes de la création musicale.»"
Considéré de son vivant, avec pianiste Andor Foldes, comme un des principaux interprètes de Bartók de sa génération, le philosophe-virtuose chez Anda est amplement sollicité dans ses enregistrements des concerti pour piano de Bartók. Si on peut considérer les concerti pour violon comme des pièces de texture lyrique  ses concertos pour piano sont ont clairement une consonance moderne, et ce plus que certaines œuvres contemporaines – tel le concerto de Schönberg présenté la semaine dernière.
Autant le Mozart peut être délicat et rêveur, le Bartók se veut une clinique de muscle et se veut par moments plutôt tapageur, tout en soulignant des miotifs folkloriques hongrois, familiers et au compositeur et à l’interprète.
En compément de programme, l'une des nombreuses fantaisies pour piano de Mozart, et l'une des suites pour piano de Bartók.
Bonne écoute!

vendredi 20 janvier 2012

Beethoven & Schönberg


Le billet suivant est une reprise provenant du blog I Think You Will Love This Music Too, datant originalement du 20 janvier 2012.

Le montage (# 39) est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: http://www.archive.org/details/BeethovenAndSchnberg




Le contenu de la réflexion fut modifiée pour sa reprise sur L'Idée Fixe.


pcast039 Playlist


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Notre montage de cette semaine met en vedette à parts égales nos compositeurs (Beethoven et Schönberg) et notre soliste: Glenn Gould.

Comme je l'ai mentionné dans mon billet "Rrétrospective 2011", 2012 sera une année anniversairre à double consonnance pour M. Gould: son 80ie anniversaire de naissance et le 30ie anniversaire de son décès. Je compte donc dédier quelques montages et des billets de la série du mardi à l'oeuvre du pianiste, et créerai une page "info" pour rassembler les hyperliens pertinents parmi mes plateformes.


On sait que Gould cessa de donner des récitals publics en 1964, mais que savons-nous d'un programme typique d'iun récital Gould? Eh bien, M. Goiuld avait une affection particulière pour la musique des compositeurs baroques/médiévaux Orlando Gibbons et William Byrd. Il ouvrait souvent ses concerts avec des sélections de ces compositeurs, avant de s'attaquer à Bach ou Beethoven, et terminer le tout avec de la musique contemporaine, sans doute de la deuxième école Viennoise (Berg, Webern ou Schönberg). Notre montage d'aujourd'hui est donc bien en place, et particulièrement avec l'ajoût d'un Gibbons.




Les sélections primées dans notre baladodiffusion d'aujourd'hui sont des extraits de la compilation sur les disques CBC intitulée "The Young Maverick" (trad. libre "le jeune loup") qui fut discutée en octobre dernier dans notre Chroinique du Disque.



Je crois que je ne surprendrai personne en observant que Gould avait ses moments disons... excentriques. Ces excentricités avaient à faire avec son comportenet et sa posture particulière au piano, et également aux excès de dynamique que Gould amait bien explorer l'esprit de l'interprétation dans sa plus pure tradition. Les prestations radiophoniques croquées par la CBC au cours des années 50 étaient des prestations beaucoup plus spontanées, plus "traditionnelles" si on veut, et moins vouées à l'excès. A titre d'exemple, permettez vous d'écouter le mouvement lent du troisième concerto de Beethoven de notre montage, et comparez-le au même mouvement mais en studio pour Columbia (en collaboration avec Leonard Bernstein):





Les deux concerti choisis cette semaine présentent Gould accompagné par l'orchestre de la CBC (souvent appelé l'orchestre de Radio-Canada dans les émissions et publications en français de l'époque). Il faut rappeler que la CBC (et pat surcroit, la SRC) avaient quatre orchestres-maison étalés d'un océan à l'autre entre les années 30-40 et ce jusqu'à tout récemment. Les orchestres étaient établis à Toronto, Montréal, Winnipeg et Vancouver - l'orchestre de Vancouver ayant été le dernier orchestre maintenu par le radiodiffuseur, faisant de lui le dernier orchestre de radiodiffusion en Amérique du Nord. Ces orchestres avaient des chefs attitrés: John Avison à Vancouver, Eric WIld à Winnipeg, Jean Deslauriers à Montréal et un ensemble de chefs itinérants, dont Jean-Marie Beaudet (entendu ici pour le Schönberg et dans le Concerto Romantique d'André Mathieu tout récemment dans nos pages) et Geoffrey Waddington. Le chef pour le Beethoven - le Dr. Heinz Unger, était sans doute un membre du personnel enseignant du Royal Conservatory of Music de Toronto, institution étroitement reliée durant les années 40 et 50 avec la CBC et la Canadian Opera Company. Pour mettre un terme à ce petit écart, rappelons parmi les successeurs de John Avison à Vancouver il y eut un court séjour d'un jeune John Elliot Gardiner, et une longue association (et une série de disques) avec le chef canadien Mario Bernardi et finamlement le chef et trromboniste montréaliais Alain Trudel.



En complément de programme, Gould joue seul une sonate de Beethoven et la suite pour clavier de Schönberg.


Bonne écoute!

 

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