|
Le billet suivant est mon Mardi en Musique du 16 juin 2020
|
Avant d’entreprendre ma réflexion pour aujourd’hui, un petit mot d’introduction s’impose. J’ai rarement l’habitude de proposer ici des billets « hors série ». Toutefois, lorsque j’ai préparé ma rubrique de juin dans le cadre du Calendrier du Laitier, j’ai découvert que je n’avais pas offert de réflexion en français sur l’opéra Maskarade de Nielsen. Même si je n’ai pas d’engagement formel avec quiconque, je m’impose une heure de tombée pour mes contributions sur les quelques forums que je fréquente, et ne voulant pas retarder la rubrique du calendrier de juin, j’ai décidé exceptionnellement de créer une réflexion post-facto, coïncidant avec la parution de l’opéra sur ma chaîne de baladodiffusion.
Sans être un grand amateur d’opéra, j’aime bien de temps à autre en écouter (et partager mes impressions). Comme je l’ai expliqué ici par le passé, je comprends que l’opéra pour certains n’est pas un genre de prédilection, et de plus dans une langue complètement étrangère. Toutefois, équipé d’un argument ou d’un livret (traduit ou non), l’audition d’un opéra dans une langue autre que notre langue maternelle peut souvent nous surprendre, et pour moi ce fut le cas avec cet opéra chanté en danois.
Ludvig Holberg était un dramaturge danois du XVIIIe siècle, célèbre pour ses comédies inspirées de la commedia dell’arte, souvent avec un courant satirique. Carl Nielsen considérait depuis longtemps écrire un opéra comique, et étudié les comédies de Holberg depuis les années 1890. Trouver un librettiste s'est avéré une tâche difficile, car la plupart qu’il a approchés n'osaient pas adapter Holberg, mais Nielsen a finalement trouvé quelqu'un pour la tâche: Vilhelm Andersen, le premier professeur de littérature danoise à l'Université de Copenhague.
Dans Maskarade de Holberg, la bal masquée titulaire n'est jamais explicitement montré, sauf une courte pantomime à la fin de l'acte I, montrant les fiançailles de Léandre et Leonora; la mascarade n’est qu’un artifice, un sujet de conversation. Dans son adaptation lyrique, Andersen a condensé l'action de la pièce de Holberg en trois actes, condensant la plupart de l'action originale et ajoutant un tableau final, montrant les réjouissances plus ou moins ivres de la mascarade dans toute sa splendeur. Le nouvel acte fait peu en termes de développement de l'intrigue elle-même; il s'agit plutôt d'un collage de ce qui se passe à la mascarade, d'un madrigal moralisateur à un spectacle de ballet, des identités erronées et enfin du démasquage, les invités montrant enfin leur véritable identité, menant à la conclusion de l'opéra.
Maskarade a été écrit à peu près au même moment où Nielsen écrivait son célèbre essai sur Mozart, et bien que Mozart ne soit pas exactement présent stylistiquement, il y a une grâce et une légèreté indéniables mozartiennes qui imprègnent toute la partition. Malgré le désenchantement de Nielsen envers Wagner, le prélude et la chanson de l’acte II du veilleur de nuit auraient presque pu être copiés et collés du Meistersinger de ce dernier.
Cet opéra peut être considéré comme étant l'opéra national du Danemark, au même titre que La Fiancée vendue de Smetana l'est en République tchèque. La vive ouverture, ainsi que le ballet du troisième acte (La danse du coq), sont régulièrement joués en concert.
Argument
L’action a lieu à Copenhague au printemps 1723. Le rideau se lève pour montrer notre héros, Léandre, se réveillant avec une gueule de bois... à cinq heures de l'après-midi. Peu de temps après, son serviteur Henrik, un espèce de Figaro avec une séquence socialiste prononcée, se réveille également, et les deux commencent à raconter les événements de la mascarade de la nuit dernière: Léandre a rencontré une fille, Leonora, et, comme cela semble être habituel dans ce genre d'opération, ils se sont fiancés. Le problème est que Léandre est déjà fiancé à la fille de Leonard, un marchand du pays. Le père de Léandre, Jeronimus, enragé, essaie sans succès de faire honorer sa promesse, mais il refuse.
A l’encontre des directives paternelles de rester chez eux, Léandre et Henrik se rendent à une autre soirée de mascarade pour rencontrer à nouveau Leonora. Pas loin derrière est Leonard, voulant découvrir cet endroit presque magique. La mère de Léandre, Magdelone, également contrainte au domicile familial est également en fuite pour profiter de quelques déguisements; piègée dans un malheureux mariage, elle ne veut que sortir et s'amuser. Jeronimus découvre rapidement ce qui s'est passé et suivi de son serviteur Arv se dirige vers la mascarade, absolument furieux.
La fête est bien engagée et tous les personnages sont emportés par le tourbillon de lumières, de danses et de romances: Léandre chante la pomme à Leonora; Henrik est en train de courtiser la femme de chambre de Leonora, Pernille, et est en même temps accosté par de vieilles flammes; Magdelone et Leonard commencent à flirter l'un avec l'autre, ignorant leurs identités respectives; et Jeronimus s'enivre de façon scandaleuse. Alors que l'identité de chacun est révélée à la fin de la fête, Leonard reconnaît sa fille, Leonora. Tout est pardonné, car Léandre et Leonora étaient de fait fiancés, et un chœur entraînant vantant les vertus de la mascarade achève l'opéra.
La Prestation
Carl NIELSEN (1865 - 1931)
Maskarade, FS 39. (1904-06)
Opéra comique en trois actes, livret danois de V. Andersen après Holberg.
Jeronimus, un citoyen de Copenhague - Aage Haugland
Magdelone, femme de Jeronimus - Susanne Resmark
Léandre, fils de Jeronimus - Gert Henning-Jensen
Henrik, valet de Léandre - Boje Skovhus
Arv, valet de Jeronimus - Michael Kristensen
Leonard, un citoyen de Slagelse - Kurt Ravn
Leonora, fille de Leonard - Henriette Bonde-Hansen
Pernille, bonne de Leonora - Marianne Rorholm
Chœurs et et Orchestre Symphonique de la radiodiffusion Danoise
Ulf Schirmer, direction
Internet Archive - https://archive.org/details/MaskaradeFs39ByCarlNielsen
(Assorti de mots d’introduction, en anglais, de Sean Bianco)
Également disponible, dans le cadre du Calendrier du Laitier, sur notre chaîne Pod-O-Matic (pour un temps limité) – [Actes 1 & 2] [Acte 3]
Sans être un grand amateur d’opéra, j’aime bien de temps à autre en écouter (et partager mes impressions). Comme je l’ai expliqué ici par le passé, je comprends que l’opéra pour certains n’est pas un genre de prédilection, et de plus dans une langue complètement étrangère. Toutefois, équipé d’un argument ou d’un livret (traduit ou non), l’audition d’un opéra dans une langue autre que notre langue maternelle peut souvent nous surprendre, et pour moi ce fut le cas avec cet opéra chanté en danois.
Ludvig Holberg était un dramaturge danois du XVIIIe siècle, célèbre pour ses comédies inspirées de la commedia dell’arte, souvent avec un courant satirique. Carl Nielsen considérait depuis longtemps écrire un opéra comique, et étudié les comédies de Holberg depuis les années 1890. Trouver un librettiste s'est avéré une tâche difficile, car la plupart qu’il a approchés n'osaient pas adapter Holberg, mais Nielsen a finalement trouvé quelqu'un pour la tâche: Vilhelm Andersen, le premier professeur de littérature danoise à l'Université de Copenhague.
Dans Maskarade de Holberg, la bal masquée titulaire n'est jamais explicitement montré, sauf une courte pantomime à la fin de l'acte I, montrant les fiançailles de Léandre et Leonora; la mascarade n’est qu’un artifice, un sujet de conversation. Dans son adaptation lyrique, Andersen a condensé l'action de la pièce de Holberg en trois actes, condensant la plupart de l'action originale et ajoutant un tableau final, montrant les réjouissances plus ou moins ivres de la mascarade dans toute sa splendeur. Le nouvel acte fait peu en termes de développement de l'intrigue elle-même; il s'agit plutôt d'un collage de ce qui se passe à la mascarade, d'un madrigal moralisateur à un spectacle de ballet, des identités erronées et enfin du démasquage, les invités montrant enfin leur véritable identité, menant à la conclusion de l'opéra.
Maskarade a été écrit à peu près au même moment où Nielsen écrivait son célèbre essai sur Mozart, et bien que Mozart ne soit pas exactement présent stylistiquement, il y a une grâce et une légèreté indéniables mozartiennes qui imprègnent toute la partition. Malgré le désenchantement de Nielsen envers Wagner, le prélude et la chanson de l’acte II du veilleur de nuit auraient presque pu être copiés et collés du Meistersinger de ce dernier.
Cet opéra peut être considéré comme étant l'opéra national du Danemark, au même titre que La Fiancée vendue de Smetana l'est en République tchèque. La vive ouverture, ainsi que le ballet du troisième acte (La danse du coq), sont régulièrement joués en concert.
Argument
L’action a lieu à Copenhague au printemps 1723. Le rideau se lève pour montrer notre héros, Léandre, se réveillant avec une gueule de bois... à cinq heures de l'après-midi. Peu de temps après, son serviteur Henrik, un espèce de Figaro avec une séquence socialiste prononcée, se réveille également, et les deux commencent à raconter les événements de la mascarade de la nuit dernière: Léandre a rencontré une fille, Leonora, et, comme cela semble être habituel dans ce genre d'opération, ils se sont fiancés. Le problème est que Léandre est déjà fiancé à la fille de Leonard, un marchand du pays. Le père de Léandre, Jeronimus, enragé, essaie sans succès de faire honorer sa promesse, mais il refuse.
A l’encontre des directives paternelles de rester chez eux, Léandre et Henrik se rendent à une autre soirée de mascarade pour rencontrer à nouveau Leonora. Pas loin derrière est Leonard, voulant découvrir cet endroit presque magique. La mère de Léandre, Magdelone, également contrainte au domicile familial est également en fuite pour profiter de quelques déguisements; piègée dans un malheureux mariage, elle ne veut que sortir et s'amuser. Jeronimus découvre rapidement ce qui s'est passé et suivi de son serviteur Arv se dirige vers la mascarade, absolument furieux.
La fête est bien engagée et tous les personnages sont emportés par le tourbillon de lumières, de danses et de romances: Léandre chante la pomme à Leonora; Henrik est en train de courtiser la femme de chambre de Leonora, Pernille, et est en même temps accosté par de vieilles flammes; Magdelone et Leonard commencent à flirter l'un avec l'autre, ignorant leurs identités respectives; et Jeronimus s'enivre de façon scandaleuse. Alors que l'identité de chacun est révélée à la fin de la fête, Leonard reconnaît sa fille, Leonora. Tout est pardonné, car Léandre et Leonora étaient de fait fiancés, et un chœur entraînant vantant les vertus de la mascarade achève l'opéra.
La Prestation
Carl NIELSEN (1865 - 1931)
Maskarade, FS 39. (1904-06)
Opéra comique en trois actes, livret danois de V. Andersen après Holberg.
Jeronimus, un citoyen de Copenhague - Aage Haugland
Magdelone, femme de Jeronimus - Susanne Resmark
Léandre, fils de Jeronimus - Gert Henning-Jensen
Henrik, valet de Léandre - Boje Skovhus
Arv, valet de Jeronimus - Michael Kristensen
Leonard, un citoyen de Slagelse - Kurt Ravn
Leonora, fille de Leonard - Henriette Bonde-Hansen
Pernille, bonne de Leonora - Marianne Rorholm
Chœurs et et Orchestre Symphonique de la radiodiffusion Danoise
Ulf Schirmer, direction
Internet Archive - https://archive.org/details/MaskaradeFs39ByCarlNielsen
(Assorti de mots d’introduction, en anglais, de Sean Bianco)
Également disponible, dans le cadre du Calendrier du Laitier, sur notre chaîne Pod-O-Matic (pour un temps limité) – [Actes 1 & 2] [Acte 3]
0 commentaires:
Publier un commentaire