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Le billet suivant est mon Mardi en Musique du 21 mai 2019
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Notre Revanche
du Vinyle cette semaine est un rare enregistrement EMI d’ Herbert von
Karajan et du Philharmonique de Berlin - rare, tout simplement parce que la
majeure partie de la discographie de Karajan et de son orchestre berlinois
appartient au catalogue Deutsche Grammophon Nous oublions cependant que
la carrière de Karajan après la Seconde Guerre mondiale compte une période
notoire dans les studios Abbey Road à Londres.
Karajan est
né en 1908 ce qui, selon les mots de son biographe Richard Osborne, est
"le mauvais moment" ayant dû traverser deux grandes guerres, la
Guerre Froide (il mourra peu de temps avant la chute du mur de Berlin). Mais
d’être né en 1908 signifie que Karajan atteignait des jalons personnels majeurs
au bon moment de l’histoire mondiale, et en particulier de l’histoire du disque.
La guerre
était peut-être profondément traumatisante, mais lorsqu'il a cessé ses
activités en 1945, il avait 37 ans, un âge où un chef d'orchestre est encore
fort jeune, il a appris son métier de manière adéquate et possède un grand répertoire
à son actif.
Les années
50 furent une décennie d’énormes innovations technologiques. Peu de gens ont
compris le potentiel de la technologie du disque aussi bien que Karajan. Comme
le disait Osborne, "Il est absolument arrivé au bon moment, car il y avait
quelques autres grands chefs de la génération précédente qu’il révérait - comme
Furtwängler, Toscanini, Bruno Walter, etc. - qui n'enregistraient pas de
microsillons. Karajan rayonnera non seulement sur le 33-tours, mais aussi en
stéréo et sera au premier plancher pour l’arrivée du numérique. "
Ironiquement,
ce sont les adversaires des allemands qui furent les plus grands alliés de
Karajan dans les années 1950. Le producteur d’EMI Walter Legge avait un
instinct inégalé. Outre Karajan, Giulini, Klemperer, Cantelli et Sawallisch
furent recrutés par Legge. Sa mission consistait à créer un catalogue
d’enregistrements, dans les nouveaux medias (microsillon, stéréo, et bandes
magnétiques) du soi-disant répertoire de base qui résisterait à l'épreuve du temps.
Un coup d'œil dans ses productions montre qu'il a réussi son pari. Beaucoup de
ces gravures furent dirigées par Karajan.
Encore une
fois, le moment était propice: les grands orchestres européens étaient en
reconstruction et Legge avait besoin d’un ensemble avec lequel travailler en
studio. Sa création fut le Philharmonia Orchestra, assemblé en 1945;
probablement le meilleur orchestre du monde à l’époque.
Lorsque
Karajan a pris la relève de Furtwangler au Philharmonique de Berlin, il était
toujours sous contrat avec EMI et a gravé une partie de leur partenariat
initial sur ce label. Le disque d'aujourd'hui comprend quelques titres de Mozart
– la Petite Musique de Nuit (dans un enregistrement fort édulcoré si
vous me demandez), quelques danses allemandes et un vestige - l'Ave Verum
Corpus - avec le Philharmonia. En Face “B”, une suite du Water Music
d’Handel assemblée par Sir Hamilton Harty, un clin d’oeil aux
années Londoniennes du chef.
Sans
vouloir ramener sur le tapis cette anecdote, le disque dans ma collection est
une des rééditions Italiennes que je me suis procure naguère à prix modique.
Warner, maintenant détenteur du vieux catalogue EMI, a émis les plages de ce
même disque sur YouTube, et je leur doit donc mes remerciements.
Bonne écoute
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