| Le billet suivant est un de mes Mardi en Musique pour le mois de novembre 2017. La série Les Routes du Laitier explore le répertoire de long en large, faisant appel à nos montages et playlists du passé. Pour plus d'information, lisez la page d'infos. |
Un
anglicisme de bon aloi, l’expression « route scénique » signifie une
route panoramique, qui offre une vue souvent sympathique pour les
passagers. Dans le contexte de notre
série, l’expression s’adresse à des musiques composées expressément pour la
scène (et au XXe siàcle, pour les arts visuels tels la télé et le cinéma).
Cela se
manifeste à bien des égards musicalement - la musique incidentale (calque
encore de l’Anglais…), c'est-à-dire la musique conçue comme musique de fond ou
d'ambiance; de la musique de ballet ou de la musique destinée à des productions
théâtrales chorégraphiées et, dans une moindre mesure, des ouvertures, des
poèmes sonores ou d'autres œuvres de ce genre, inspirées par des pièces de
théâtre.
L'opus de scène ultime impliquant la musique, bien sûr, est l'opéra et ses formes
dérivées (opérette, comédie musicale, revues musicales, ...) mais nous réserverons
pour le volet du mois prochain.
De la suite
dans les idées
Le cas de
la musique de scàne mérite d'être discuté sous un angle différent. dans le
contexte d’un concert quel est le meilleur véhicule ou la meilleure plateforme
pour présenter cette musique dans la salle de concert sans les éléments
scéniques (acteurs, décors…)?
La réponse
est d'assembler des numéros musicaux dans une suite en plusieurs parties. Ces
suites se présentent en deux saveurs - celles rassemblées par le compositeur
(ou un substitut) et celles assemblées par des chefs d'orchestre ou des
instrumentistes.
Il y a
beaucoup d'exemples de cela. Par exemple, on entend rarement la musique écrite
par Edvard Grieg pour Peer Gynt d’Ibsen (son opus 23) sous sa forme originale.
En 1888 et 1891, Grieg a extrait huit mouvements pour faire deux suites à
quatre mouvements: ses opp. 46 et 55. Certaines de ces sections – l’air du
matin et L’antre du Roi des Montagnes - ont transcendé la scène et la salle de
concert et sont des airs reconnus dans la culture populaire.
Pelléas et
Mélisande de Meterlinck est l'exemple d'une mise en scène qui a recueilli de
nombreuses versions de musique, notamment de Fauré et Sibelius, ainsi qu'une
adaptation d'opéra de Claude Debussy. Il est à noter que c'est l'élève de
Fauré, Charles Koechlin, qui a réuni une suite de concerts de Fauré et le
compositeur / chef d'orchestre Marius Constant qui a emballé la musique de
Debussy pour une «symphonie de concert».
Ballet, en
tout ou en partie
La musique
de ballet ouvre le débat en concert: intégrale ou suite.
Il arrive
parfois que des orchestres (et des chambristes) invitent des troupes de danse à
les rejoindre sur scène en concert pour ajouter la dimension chorégraphique à
un ballet qu'ils exécutent - mais c'est l'exception. la règle.
La question
est vraiment si la musique de ballet peut se passer de la danse; une question
qui n’a pas de réponde universelle...
Une œuvre
comme le Sacre du printemps, en raison de son statut historique, est l'un de
ces cas où la musique peut se tenir seule dans la salle de concert. Je dirais
en outre que tout ballet qui peut être interprété comme un morceau de musique
continu - contrairement aux grands ballets de Tchaïkovski qui se déploient sur
plusieurs actes - est également un candidat à la performance en concert.
Parfois, on oublie même La Valse de Ravel ou le Prélude à l'après-midi d'un
Faune de Debussy étaient à l'origine des œuvres dansées!
Le ballet
de Prokofiev Roméo et Juliette (son opus 64) défend la thèse des suites de
ballet. Prokofiev traita cette musique à toutes les sauces: il ne rassembla pas
une, pas deux mais trois suites (son op 64 bis et ter et son opus 101), et
Prokofiev réduisit la musique du ballet en 1937 sous le nom de Roméo et
Juliette: dix pièces pour piano, op. 75. De nombreux chefs de renom, dont
Riccardo Muti et Dimitri Mitropoulos, ont assemblé les leurs en mélangeant les
numéros des suites Prokofiev.
Plus qu’un
accessoire
La
puissance de la musique dans la performance de scène (et d'écran) est sa
capacité à créer l'ambiance ou à transmettre des messages «sans mots». Richard
Wagner, dans beaucoup de ses opéras, a institué le concept de leitmotiv, ou
«thèmes de caractère» où il représente des personnages dans l'action au sein de
la musique, transformant ces thèmes en fonction du moment. Cette méthode a été
largement utilisée par d'autres compositeurs - John Williams en a fait un usage
important pour la musique qu'il a composée pour les nombreux chapitres de
l'anthologie de la Guerre des Etoiles, et l'anthologie Harry Potter, pour ne
citer que ceux-là.
Vos
feuilles de Route
Feuille de
Route #53 - "Pelleas et Melisande"
Pelléas et
Mélisande est un drame intemporel avec une atmosphère de légende: les
personnages de Maeterlinck apparaissent sans histoire, on ne connaît pas leur
passé. Il n’est donc pas surprenant que la pièce inspire des musiques qui sont
tout aussi symboliques, et par moment tout aussi sombres. [Lire notreréflexion]
Feuille de Route #54 - "Sibelius entre en scène "
Trois « suites » compilées depuis la musique composée par Jean Sibelius pour des productions scandinaves de pièces de théâtre.. [Lire notre réflexion]
Feuille de Route #55 - "Inspirations Shakespeariennes"
La tradition des drames de l’ère Tudor et Stuart inclut au moins une chanson dans chaque pièce. Seules les tragédies les plus profondes évitent l’ajout d’interludes musicaux sauf pour les sons des trompettes et des tambours. Dans ses grandes tragédies, William Shakespeare a défié cette orthodoxie et a utilisé des chansons étonnamment émotives, en particulier dans Othello, le Roi Lear et Hamlet. Shakespeare et musique vont donc main dans la main. [Lire notre réflexion]
Feuille de
Route #56 - “Tchaïkovski – Le Lac Des Cygnes - La Belle Au Bois Dormant”
Les suites
du Lac des Cygnes et de la Belle au Bois Dormant ont ceci en commun – elles
furent toutes deux compilées posthumément par des collaborateurs anonymes du
compositeur. Ceci étant dit, on rapporte que le compositeur avait envisagé des
suites (inédites) pour les deux ballets, et que celle de la Belle était sans
doute conforme aux plans sommaires laissés parmi ses cahiers. [Lire notreréflexion]
Feuille de
Route #57 - “Prokofiev – Romeo et Juliette ”
Dimitri Mitropoulos,
lui-même compositeur, est reconnu pour le rayonnement du répertoire
postromantique et moderne: Mahler, la deuxième école Viennoise et les maîtres Russes
de la fin du XIXe et du XXe siècles. Cet enregistrement de sélections de Roméo
et Juliette de Prokofiev tombe donc en plein dans la mire du chef. [Lire notreréflexion]
Feuille de
Route #58 - "C’est arrivé le 29 mai 1913 "
Tout
dépendant de votre point de vue, la date du 29 mai 1913 est soit un récital des
Ballets Russes de Diaghilev d’une notoriété incontournable, ou une balise ferme
qui marque la fin d’une époque en musique. Ce montage recrée le programme
complet de la soirée, au théâtre des Champs-Elysées. [Lire notre réflexion]
Feuille de Route #59 - "Une loge au cinéma"
Musique et
cinéma vont main dans la main, et ce depuis les films silencieux, en passant
par les comédies musicales, et finalement les longs métrages de grande
envergure, avec leurs trames sonores envoûtantes. Les compositeurs du début du
XXie siècle, à commencer par Saint-Saëns et en passant par les exemples choisis
aujourd'hui vous mettront sûrement dans le bain cinématographique. [Lire notreréflexion]
Feuille de
Route #60 - " La Guerre des Etoiles"
C’est en
1974 que Williams entreprend sa longue collaboration avec Spielberg (pour la
vaste majorité de ses films). Et Spielberg recommandera Williams à son collègue
Lucas pour son projet de film qui deviendra La Guerre des Etoiles – un
triptyque original, une trilogie de films « antécédents » et plus récemment la
poursuite de l’aventure réalisée par JJ Abrams. [Lire notre réflexion]
Feuille de
Route #61 - " Le mythe du cowboy solitaire"
Le mythe du
cowboy Américain est fondé sur des idéaux romantiques: les vastes étendues,
héroisme, liberté, les "bons" Vs. les brigands, et j'en passe... Pour
la plupart d'entre nous, la musique associée aux cowboys passe par la musique
"country". C'est au cinéma qu'on retrouve le mythe dans sa plus pure
expression: John Wayne, Clint Eastwood, dans des productions signées John Ford
ou Sergio Leone. [Lire notre réflexion]
Feuille de
Route #62 - "Edvard Grieg – Peer Gynt (Musique de scène)"
Enregistré
le 17 octobre 1966 dans la Heilandskirche de Leipzig. le Gewandhausorchester
Leipzig dirigé par Vaclav Neumann et accompagné par la soprano Adele Stolte
visitent la trame musicale de la pièce d'Ibsen Peer Gynt, composée par son
compatriote Edvard Grieg. [Lire notre réflexion]
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