mardi 21 novembre 2017

Les routes scéniques



Le billet suivant est un de mes Mardi en Musique pour le mois de novembre 2017.

La série Les Routes du Laitier explore le répertoire de long en large, faisant appel à nos montages et playlists du passé. Pour plus d'information, lisez la page d'infos.







Un anglicisme de bon aloi, l’expression « route scénique » signifie une route panoramique, qui offre une vue souvent sympathique pour les passagers.  Dans le contexte de notre série, l’expression s’adresse à des musiques composées expressément pour la scène (et au XXe siàcle, pour les arts visuels tels la télé et le cinéma).

Cela se manifeste à bien des égards musicalement - la musique incidentale (calque encore de l’Anglais…), c'est-à-dire la musique conçue comme musique de fond ou d'ambiance; de la musique de ballet ou de la musique destinée à des productions théâtrales chorégraphiées et, dans une moindre mesure, des ouvertures, des poèmes sonores ou d'autres œuvres de ce genre, inspirées par des pièces de théâtre.

L'opus de scène ultime impliquant la musique, bien sûr, est l'opéra et ses formes dérivées (opérette, comédie musicale, revues musicales, ...) mais nous réserverons pour le volet du mois prochain.

De la suite dans les idées

Le cas de la musique de scàne mérite d'être discuté sous un angle différent. dans le contexte d’un concert quel est le meilleur véhicule ou la meilleure plateforme pour présenter cette musique dans la salle de concert sans les éléments scéniques (acteurs, décors…)?

La réponse est d'assembler des numéros musicaux dans une suite en plusieurs parties. Ces suites se présentent en deux saveurs - celles rassemblées par le compositeur (ou un substitut) et celles assemblées par des chefs d'orchestre ou des instrumentistes.

Il y a beaucoup d'exemples de cela. Par exemple, on entend rarement la musique écrite par Edvard Grieg pour Peer Gynt d’Ibsen (son opus 23) sous sa forme originale. En 1888 et 1891, Grieg a extrait huit mouvements pour faire deux suites à quatre mouvements: ses opp. 46 et 55. Certaines de ces sections – l’air du matin et L’antre du Roi des Montagnes - ont transcendé la scène et la salle de concert et sont des airs reconnus dans la culture populaire.

Pelléas et Mélisande de Meterlinck est l'exemple d'une mise en scène qui a recueilli de nombreuses versions de musique, notamment de Fauré et Sibelius, ainsi qu'une adaptation d'opéra de Claude Debussy. Il est à noter que c'est l'élève de Fauré, Charles Koechlin, qui a réuni une suite de concerts de Fauré et le compositeur / chef d'orchestre Marius Constant qui a emballé la musique de Debussy pour une «symphonie de concert».

Ballet, en tout ou en partie

La musique de ballet ouvre le débat en concert: intégrale ou suite.

Il arrive parfois que des orchestres (et des chambristes) invitent des troupes de danse à les rejoindre sur scène en concert pour ajouter la dimension chorégraphique à un ballet qu'ils exécutent - mais c'est l'exception. la règle.

La question est vraiment si la musique de ballet peut se passer de la danse; une question qui n’a pas de réponde universelle...

Une œuvre comme le Sacre du printemps, en raison de son statut historique, est l'un de ces cas où la musique peut se tenir seule dans la salle de concert. Je dirais en outre que tout ballet qui peut être interprété comme un morceau de musique continu - contrairement aux grands ballets de Tchaïkovski qui se déploient sur plusieurs actes - est également un candidat à la performance en concert. Parfois, on oublie même La Valse de Ravel ou le Prélude à l'après-midi d'un Faune de Debussy étaient à l'origine des œuvres dansées!

Le ballet de Prokofiev Roméo et Juliette (son opus 64) défend la thèse des suites de ballet. Prokofiev traita cette musique à toutes les sauces: il ne rassembla pas une, pas deux mais trois suites (son op 64 bis et ter et son opus 101), et Prokofiev réduisit la musique du ballet en 1937 sous le nom de Roméo et Juliette: dix pièces pour piano, op. 75. De nombreux chefs de renom, dont Riccardo Muti et Dimitri Mitropoulos, ont assemblé les leurs en mélangeant les numéros des suites Prokofiev.

Plus qu’un accessoire

La puissance de la musique dans la performance de scène (et d'écran) est sa capacité à créer l'ambiance ou à transmettre des messages «sans mots». Richard Wagner, dans beaucoup de ses opéras, a institué le concept de leitmotiv, ou «thèmes de caractère» où il représente des personnages dans l'action au sein de la musique, transformant ces thèmes en fonction du moment. Cette méthode a été largement utilisée par d'autres compositeurs - John Williams en a fait un usage important pour la musique qu'il a composée pour les nombreux chapitres de l'anthologie de la Guerre des Etoiles, et l'anthologie Harry Potter, pour ne citer que ceux-là.

Vos feuilles de Route

Feuille de Route #53 - "Pelleas et Melisande"
Pelléas et Mélisande est un drame intemporel avec une atmosphère de légende: les personnages de Maeterlinck apparaissent sans histoire, on ne connaît pas leur passé. Il n’est donc pas surprenant que la pièce inspire des musiques qui sont tout aussi symboliques, et par moment tout aussi sombres. [Lire notreréflexion]

Hyperlien au menu - https://archive.org/stream/pcast108-Playlist



Feuille de Route #54 - "Sibelius entre en scène "
Trois « suites » compilées depuis la musique composée par Jean Sibelius pour des productions scandinaves de pièces de théâtre.. [Lire notre réflexion

Hyperlien au menu - https://archive.org/stream/pcast234-Playlist




Feuille de Route #55 - "Inspirations Shakespeariennes"
La tradition des drames de l’ère Tudor et Stuart inclut au moins une chanson dans chaque pièce. Seules les tragédies les plus profondes évitent l’ajout d’interludes musicaux sauf pour les sons des trompettes et des tambours. Dans ses grandes tragédies, William Shakespeare a défié cette orthodoxie et a utilisé des chansons étonnamment émotives, en particulier dans Othello, le Roi Lear et Hamlet. Shakespeare et musique vont donc main dans la main. [Lire notre réflexion

Hyperlien au menu - https://archive.org/stream/pcast233-Playlist




Feuille de Route #56 - “Tchaïkovski ‎– Le Lac Des Cygnes - La Belle Au Bois Dormant”
Les suites du Lac des Cygnes et de la Belle au Bois Dormant ont ceci en commun – elles furent toutes deux compilées posthumément par des collaborateurs anonymes du compositeur. Ceci étant dit, on rapporte que le compositeur avait envisagé des suites (inédites) pour les deux ballets, et que celle de la Belle était sans doute conforme aux plans sommaires laissés parmi ses cahiers. [Lire notreréflexion]

Hyperlien au menu et à la musique - https://archive.org/details/01SwanLakeSuiteOp.20A




Feuille de Route #57 - “Prokofiev ‎– Romeo et Juliette ”
Dimitri Mitropoulos, lui-même compositeur, est reconnu pour le rayonnement du répertoire postromantique et moderne: Mahler, la deuxième école Viennoise et les maîtres Russes de la fin du XIXe et du XXe siècles. Cet enregistrement de sélections de Roméo et Juliette de Prokofiev tombe donc en plein dans la mire du chef. [Lire notreréflexion

Hyperlien au menu et à la musique - https://archive.org/details/07RomeoAndJulietOp.64SuiteII



Feuille de Route #58 - "C’est arrivé le 29 mai 1913 "
Tout dépendant de votre point de vue, la date du 29 mai 1913 est soit un récital des Ballets Russes de Diaghilev d’une notoriété incontournable, ou une balise ferme qui marque la fin d’une époque en musique. Ce montage recrée le programme complet de la soirée, au théâtre des Champs-Elysées. [Lire notre réflexion]

Hyperlien au menu - https://archive.org/details/pcast107-Playlist

Feuille de Route #59 - "Une loge au cinéma"
Musique et cinéma vont main dans la main, et ce depuis les films silencieux, en passant par les comédies musicales, et finalement les longs métrages de grande envergure, avec leurs trames sonores envoûtantes. Les compositeurs du début du XXie siècle, à commencer par Saint-Saëns et en passant par les exemples choisis aujourd'hui vous mettront sûrement dans le bain cinématographique. [Lire notreréflexion]

Hyperlien au menu - https://archive.org/details/Pcast020Playlist



Feuille de Route #60 - " La Guerre des Etoiles"
C’est en 1974 que Williams entreprend sa longue collaboration avec Spielberg (pour la vaste majorité de ses films). Et Spielberg recommandera Williams à son collègue Lucas pour son projet de film qui deviendra La Guerre des Etoiles – un triptyque original, une trilogie de films « antécédents » et plus récemment la poursuite de l’aventure réalisée par JJ Abrams. [Lire notre réflexion]

Hyperlien au menu - https://archive.org/stream/pcast232-Playlist



Feuille de Route #61 - " Le mythe du cowboy solitaire"
Le mythe du cowboy Américain est fondé sur des idéaux romantiques: les vastes étendues, héroisme, liberté, les "bons" Vs. les brigands, et j'en passe... Pour la plupart d'entre nous, la musique associée aux cowboys passe par la musique "country". C'est au cinéma qu'on retrouve le mythe dans sa plus pure expression: John Wayne, Clint Eastwood, dans des productions signées John Ford ou Sergio Leone. [Lire notre réflexion]

Hyperlien au menu - https://archive.org/details/Pcast013Playlist



Feuille de Route #62 - "Edvard Grieg ‎– Peer Gynt (Musique de scène)"

Enregistré le 17 octobre 1966 dans la Heilandskirche de Leipzig. le Gewandhausorchester Leipzig dirigé par Vaclav Neumann et accompagné par la soprano Adele Stolte visitent la trame musicale de la pièce d'Ibsen Peer Gynt, composée par son compatriote Edvard Grieg. [Lire notre réflexion]

Hyperlien au menu et à la musique - https://archive.org/details/EdvardGriegMusicToPeerGyntOp.

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