Notre montage # 246 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast246 |
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Le B+B de
cette semaine marque le 25ième anniversaire du décès d’Olivier
Messiaen avec une prestation qui date de 50 ans déjà, mettant en vedette un
jeune chef en début de carrière qui est aujourd’hui une des éminences grises de
sa profession.
L’année
1949 marque un nombre de jalons importants : le décès de Richard
Strauss, qu’on doit considérer un des derniers des compositeurs de la
transition entre le Romantique et le Moderne; le 75ième anniversaire
de naissance d’Arnold Schoenberg, qui lui se veut un des premiers
défenseurs de cette « nouvelle musique » - une musique qui ne fait
pas l’unanimité parmi le public… Et la création de la Turangalîla-Symphonie
d’Olivier Messiaen, une des grandes pages orchestrales du XXième siècle.
Il est
difficile de cerner en quelques mots la nature exacte de Turangalîla,
sauf peut-être de l’appeler un des meilleurs exemples de « musique du
monde », qui emprunte des traditions orientales, Grecques, Indiennes,
Africaines, en plus d’arborer la signature des muses de Messiaen lui-même -
chants d’oiseaux, bois perçants et panoplie de sons parfois mystérieux. Peu de
musique pour orchestre se veulent un défi d’interprétation qui résulte en une
telle expérience viscérale.
Le chef
Serge Koussevitzky commande cette œuvre de Messiaen peu après une série
d’épreuves très dures pour le compositeur - après sa libération d’un camp de
prisonniers de guerre, Messiaen doit composer avec la déroute mentale de son
épouse, Claire Delbos. Toutefois, il trouvera une heureuse inspiration chez une
de ses élèves au Conservatoire, la pianiste Yvonne Loriod, qu’il épousera une
fois veuf.
Turangalila
est un terme dérivé de deux mots en sanscrit, Turanga et Lîla,
liés, et la traduction de Turangalîla peut être « chanson d'amour, hymne de
joie, mouvement, rythme, vie et mort ». Turangalîlâ exprime tout à la fois, vie
et mort, énergie et joie, chant, mouvement, rythme.
L’appellation
“symphonie” s’applique mieux ici dans le contexte d’une symphonie
concertante; la diversité des pupitres requis, suivant en cela la liberté
laissée par son commanditaire, comprend, les bois, le quintette des cordes, les
cuivres dont une section étoffée de trompettes, mais aussi célesta et
vibraphone qui peuvent rappeler le gamelan. La présence des ondes Martenot,
mais aussi d'une «batterie » conséquente constituée notamment de triangle,
cymbale turque et chinoise, maracas, tam-tam souligne combien, en orchestrateur
avisé, Messiaen aimait la démesure d'une palette orchestrale vaste et puissante
afin de créer des mélanges orchestraux très neufs. L'omniprésence du piano et
son importance dans la partition font de cette symphonie un véritable concerto
pour piano et orchestre.
Turangalîla-Symphonie
sera créée en 1949 par Leonard Bernstein et le Boston Symphony Orchestra (avec
Mme Loriod au piano, et Ginette Martenot – soeur de l’inventeur – aux commandes
des ondes du même nom). La réception plutôt négative lors de la première
surprend un peu avec le recul – Koussevitzky sacrera la pièce un summum du
XXième siècle, comparable au Sacre du Printemps. Le langage musical de
Messziaen est aujourd’hui recherché par un plublic averti, toutefois on
programme Turangalîla assez rarement principalement à cause de l’ampleur des
effectifs requis. La discographie de cette œuvre est relativement modeste, puisqu’en
grande partie seul les chefs qui championnent l’œuvre orchestrale de Messiaen
n’osent s’y frotter: Pierre Boulez, Kent Nagano et Myung-whun Chung sont deux
noms qui viennent immédiatement à l’esprit, ayant tous non seulement
endisqué l’œuvre mais ont également entretenu une relation professionnelle
étroite avec le compositeur.
Le disque
qui est proposé en montage cette semaine est un exercice de jeunesse d’un autre
collaborateur de Messiaen, Seiji Ozawa. Alors directeur artistique du Toronto
Symphony, Ozawa est accompagné sur disque par l’épouse et la belle-sœur du
compositeur, Mmes Yvonne et Jeanne Loriod au piano et aux ondes Martenot,
respectivement. Il est donc fort probable que la réalisation de cet
enregistrement au vieux Massey Hall a impliqué le compositeur qui était sans
doute du voyage. Ozawa était alors aussi jeune que son mentor Bernstein alors
qu’il créa la pièce presque vingt ans plus tôt.
La critique
du disque (la première prestation significative en stéréo) est unanime dans son
éloge de la vision réalisée par Ozawa – l’équilibre idéal entre puissance et
discipline, une énergie tout à fait explosive qui rencontre en tous points les
objectifs du compositeur.
Bonne
écoute!
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