Ce Quinze que j'en pense pour novembre 2021 propose notre montage # 372. Il est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast372 |
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Au Canada, on parle souvent de la théorie des deux solitudes, c'est-à-dire le mariage parfois tendu entre deux cultures fondatrices, une anglaise et l’autre française. Depuis son inception il y a plus de 80 ans, la société Radio-Canada maintient deux solitudes, ou deux voix distinctes – l’une en français, et l’autre en anglais.
Le diffuseur public a donc une copie-conforme en anglais et en français de son service télévisuel, son service de nouvelles, ses chaînes spécialisées et, bien sûr, son service radiophonique qui aujourd’hui déborde sur la toile. Pendant mes années formatrices (si vous me permettez l’expression), et en particulier durant mes années du bac, j’étais un auditeur assidû du FM de la CBC (et non du FM de Radio-Canada). Les deux chaînes avaient une programmation à peu près identique, axée sur la musique classique, le jazz et certains genres musicaux hétérogènes, mais la CBC offrait à mon avis une programmation plus équilibrée. Les temps ont changé depuis lors, et les deux chaînes se sont transformées; l’une est maintenant « ici Musique », avec un cachet musical encore plus hétérogène, l’autre est devenu « CBC Music » moins axée sur le classique.
Je me passerai de commenter sur la radio «classique» d’aujourd’hui, et vais plutôt me lancer dans un exercice de nostalgie, qui implique le sujet de mon billet.
Bob Kerr est le porte étendard de la radio classique anglo-canadienne. Pendant près de 50 ans, M. Kerr a convié ses auditeurs à le joindre dans ses auditions musicales, deux heures chaque jour de semaine, la majorité provenant des studios de la CBC à Vancouver.
C’est à l’insistance d’une amie qui croyait qu’il avait une voix digne de la radio que Kerr se pointe à la station de radio CFCN à Calgary, où en 1947 il anime une émission de musique classique légère Afternoon Concert. Ensuite, il change le format de son émission, passant d’une programmation rigide et scriptée au format improvisé du disc-jockey, du jamais vu au Canada pour la musique classique, intercalant ses auditions de commentaires, d’entrevues avec des musiciens de passage, etc. En 1960, Kerr est sollicité par la radio d’État, et déménage ses pénates à Vancouver et y animera son émission Off the Record (un calembour anglais qui signifie et conversation en privé et extraits du disque). Cette émission fut proposée localement jusqu’en 1973, où elle joint la grille-horaire nationale jusqu’à la retraite de son animateur en 1996.
Collectionneur avide, sa collection occupait deux chambres et une partie du hall d’entrée de son domicile! Depuis cette collection, Kerr planifiait ses sélections pour son émission quotidienne. Ses goûts musicaux touchant le spectre complet de la musique de concert, avec une affection particulière pour des œuvres obscures. Il pouvait programmer une symphonie de Mahler, suivie de musique brésilienne pour guitare. Les jeudis étaient dédiés exclusivement à l’orgue (Bach, Buxtehude, Vierne, Widor, …), et le vendredi au ballet.
Les indicatifs musicaux de Kerr – le bergamasque des airs de danses anciennes de Respighi, et le canon de Pachelbel en terminant, Paillard étant sa version de prédilection.
Kerr nous quitta en 2003 à l’âge de 84 ans.
Ma playlist se veut un hommage à Kerr, assorti de ses indicatifs d’ouverture et de clôture, et des plages entendues jadis entre treize et quinze heures les jurs de semaine.
Bon souvenir!