Notre montage # 341 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast341 |
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Le B+B de
cette semaine marque le quarante-quatrième anniversaire des cérémonies
d’ouverture des Jeux Olympiques d’été tenus à Montréal pendant quinze jours en
juillet de 1976. Les vestiges de ces jeux, dont le fameux Stade conçu par
l’architecte français Roger Taillibert, inclut également son déficit devenu
maintenant légende dans le domaine des finances publiques au Canada, ce qui
laisse un souvenir mitigé de cet événement.
Le regard
musical offert aujourd’hui, avec entre autres l’écoute de la trame sonore des
cérémonies officielles vendue commercialement lors de la tenue des jeux, nous
permet une réflexion sur la musique du compositeur québécois André Mathieu
(1929-1968) et son attrait populaire dans le folklore québécois, y compris
l’intérêt renouvelé inspiré par les enregistrements d’Alain Lefèvre au cours
des presque vingt dernières années.
Dans un
article de La
Presse consacré au quarantième anniversaire des jeux, je retiens ce
témoignage du conseiller juridique du comité organisateur, François Godbout (citation
modifiée pour ce billet):
Le
responsable de la cérémonie d’ouverture était André Morin, un réalisateur de
Radio-Canada ayant joué un rôle important dans le volet culturel d’Expo 67. Il
souhaitait une trame musicale semblable à celle d’un film, une innovation pour
les Jeux olympiques. Il s’est tout naturellement tourné vers l’œuvre du
compositeur et pianiste André Mathieu, pour qui il éprouvait un immense
respect. Et il a demandé à Vic Vogel d’adapter cette musique.
Mais
avant tout, il a fallu obtenir les droits sur l’œuvre d’André Mathieu, mort en
1968. Le comité négocie avec sa veuve et alors que le marché fut conclu, elle a
récupéré une vieille valise : c’était l’œuvre complète du compositeur!
Nous avons,
en 2012, proposé une réflexion sur la carrière et la musique d’André Mathieu, et la rubrique qu’on lui consacre dans l’Encyclopédie
Canadienne suggère un talent précoce, une carrière affectée par la Seconde
Guerre Mondiale, une dynamique familiale malsaine et l’alcool qui mineront son
succès. Il est difficile de spéculer si, gérée convenablement, sa progression
aurait plutôt ressemblé à celle de, par exemple Jean Papineau-Couture (de
quinze ans son ainé) ou François Dompierre (de quinze ans son cadet).
Si on met
de côté l’aspect « tragique » de l’histoire de Mathieu, et si on se
concentre uniquement sur sa production musicale, on doit reconnaître son génie
(en particulier dans son œuvre juvénile), mais également le manque de
« fini » de ces œuvres – explicable chez un bambin, mais inexcusable
chez un jeune adulte; d’après moi, Mathieu ne devait pas être un très bon
élève, car on ne ressent pas de maturité dans son style – les mélodies sont là,
mais leur développement est faible par moments.
Le folklore
québécois n’a pas été tendre envers la musique d’André Mathieu, qu’on considère
dans les années 1950 et 60 comme « un ivrogne », qui gagne sa
vie en donnant des leçons privées et qui ne s’offre en spectacle que dans
des « pianothons » dont il fait lui-même la promotion. Mis à part une
poignée d’apparitions à la télé, Mathieu est relégué aux oubliettes, et mourra
avant d’atteindre la quarantaine.
Vic Vogel
(1935-2019) représente une page d’histoire du patrimoine canadien. Après avoir
travaillé jusqu'à la fin des années 1950 dans le monde des bars et des
cabarets, Vogel a dirigé son premier groupe vers 1960. C’est pendant cette
période que Vogel a rencontré Mathieu, qui fréquentait les diverses boîtes de
nuit de la métropole.
Il a
dirigé, composé, arrangé et orchestré la musique présentée à l’Expo 1967, Terre
Des Hommes 1968, des Jeux Olympiques de Montréal de 1976 (dont un
enregistrement pour la maison Polydor devenu disque Platine avec plus de 200
000 copies vendues) et des Jeux du Canada de 1985.. Pour l’enregistrement
commercial de la trame sonore des cérémonies, il agît comme directeur musical
et s’associe avec les Disciples de Massenet et avec les petits chanteurs du Mont-Royal
pour les portions accordées aux chorales.
Si vous
écoutez la trame attentivement, vous reconnaîtrez les trois œuvres proposées
dans la deuxième partie du montage, toutes interprétées par Alain Lefèvre – la berceuse
est omniprésente dans la marche des athlètes et dans le ballet de
clôture, des bribes du Concerto de Québec sont éparpillées çà et là,
et la cantate olympique s’inspire de la Rhapsodie Romantique, que
Lefèvre et son orchestrateur Gilles Bellemare reprennent comme mouvement lent
de leur reconstruction du quatrième concerto de Mathieu.
Bonne écoute!
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