Le billet suivant est une reprise d'un Quinze que j'en pense, datant originalement du 29 mai 2013. La diffusion originale fut faite "en tandem" avec I Think You Will Love This Music Too (Montage # 107) |
Fil connexe: Les
cent temps du Sacre
A Lire (en anglais):
History of Ballets Russes
Le Sacre Du Printemps and its Volcanic Reception
Vous me permettrez mon petit écart de programmation; habituellement, j’offre une réflexion le 30 du mois, mais j’ai choisi e hâter ma contribution afin de coïncider avec la date d’aujourd’hui.
Tout dépendant de votre point de vue, la date du 29 mai 1913 est soit un récital des Ballets Russes de Diaghilev d’une notoriété incontournable, ou une balise ferme qui marque la fin d’une époque en musique. Quel que soit votre point de vue, on souligne aujourd’hui le centenaire de la première prestation publique du Sacre du Printemps de Stravinski, sous la baguette de Pierre Monteux, au théâtre des Champs-Elysées.
Ma fille cadette est une danseuse pas mal sérieuse (le ballet, le jazz, la claquette, …), mais je ne me considère pas nécessairement un expert ou une autorité quand on parle de danse. Mis à part ses récitals, mon exposition à tout ce qui s’appelle «expression corporelle» se limite pas mal à ce que j’ai vu sur le petit ou sur le grand écran. Ce que j’ai vu de plus zélé, c’est sans doute des trucs par des chorégraphes comme Bob Fosse, Peter Martins ou Jerome Robbins. Pour les amateurs plus ou moins avertis comme moi, je ne crois pas que c’est très radical.
Plutôt que de parler du Sacre et de la réaction du public (les références ci-haut offrent un survol assez étoffé), je me contenterai ici de tout simplement offrir un aperçu du programme de la soirée. Le montage que je vous propose aujourd’hui est ma tentative de recréer le programme des Ballets Russes du 29 mai 1913. L’ordre des pièces est (je crois) conforme au récital.
Les chorégraphies de Mikhail Fokine pour Les Sylphides et Le Spectre de la Rose forment l’avant-entracte.
Les Sylphides
(Première: Paris, 2 juin 1909)
A Lire (en anglais):
History of Ballets Russes
Le Sacre Du Printemps and its Volcanic Reception
Vous me permettrez mon petit écart de programmation; habituellement, j’offre une réflexion le 30 du mois, mais j’ai choisi e hâter ma contribution afin de coïncider avec la date d’aujourd’hui.
Tout dépendant de votre point de vue, la date du 29 mai 1913 est soit un récital des Ballets Russes de Diaghilev d’une notoriété incontournable, ou une balise ferme qui marque la fin d’une époque en musique. Quel que soit votre point de vue, on souligne aujourd’hui le centenaire de la première prestation publique du Sacre du Printemps de Stravinski, sous la baguette de Pierre Monteux, au théâtre des Champs-Elysées.
Ma fille cadette est une danseuse pas mal sérieuse (le ballet, le jazz, la claquette, …), mais je ne me considère pas nécessairement un expert ou une autorité quand on parle de danse. Mis à part ses récitals, mon exposition à tout ce qui s’appelle «expression corporelle» se limite pas mal à ce que j’ai vu sur le petit ou sur le grand écran. Ce que j’ai vu de plus zélé, c’est sans doute des trucs par des chorégraphes comme Bob Fosse, Peter Martins ou Jerome Robbins. Pour les amateurs plus ou moins avertis comme moi, je ne crois pas que c’est très radical.
Plutôt que de parler du Sacre et de la réaction du public (les références ci-haut offrent un survol assez étoffé), je me contenterai ici de tout simplement offrir un aperçu du programme de la soirée. Le montage que je vous propose aujourd’hui est ma tentative de recréer le programme des Ballets Russes du 29 mai 1913. L’ordre des pièces est (je crois) conforme au récital.
Les chorégraphies de Mikhail Fokine pour Les Sylphides et Le Spectre de la Rose forment l’avant-entracte.
Les Sylphides
(Première: Paris, 2 juin 1909)
La commande originale d’un ballet basé sur la
musique de Frédéric Chopin vient du ballet Impérial (connu
également sous le nom du ballet Maryinsky ou du ballet Kirov sous
le régime Soviétique). Cette première aventure, fait ses débuts au théâtre
Maryinsky de St-Pétersbuorg en 1907 sous le titre «Rêverie Romantique: Ballet
sur la musique de Chopin ». Le ballet- et la musique adaptée originalement par
Glazounov – contiunueront d’évoiluer, et une seconde production, appelée cette
fois Chopiniana, reviendra au même théâtre le 21 mars 1908,
chorégraphie de Mukhail Fokine, et mettant en vedette Pavlova, Karsavina,
Nijinsky et Preobrajenska.
Chopiniana deviendra Les Sylphides sous les Ballets Russes de Diaghilev le 2 juin 1909 au Théâtre du Châtelet. Danseront la nouvelle chorégraphie Fokine à la première: Tamara Karsavina, Vaslav Nijinsky, Anna Pavlova, et Alexandra Baldina.
Il n’y a pas vraiment de scenario pour Les Sylphides: on fait plutôt appel à des sylphes blanches qui dansent au clair de lune accompagnés d’un jeune homme (ou poète) vêtu en noir et blanc.
Le Spectre de La Rose
(Première: Monte Carlo, 19 avril 1911)
Chopiniana deviendra Les Sylphides sous les Ballets Russes de Diaghilev le 2 juin 1909 au Théâtre du Châtelet. Danseront la nouvelle chorégraphie Fokine à la première: Tamara Karsavina, Vaslav Nijinsky, Anna Pavlova, et Alexandra Baldina.
Il n’y a pas vraiment de scenario pour Les Sylphides: on fait plutôt appel à des sylphes blanches qui dansent au clair de lune accompagnés d’un jeune homme (ou poète) vêtu en noir et blanc.
Le Spectre de La Rose
(Première: Monte Carlo, 19 avril 1911)
Le ballet raconte l’histoire d’une jeune fille
qui, revenant d’un bal, ramène une rose. Endormie, elle danse avec le spectre
de la rose dans un rêve qui se termine avec un saut périlleux du spectre à
travers la fenêtre de sa chambre. Chorégraphié par Mikhail Fokine, musique de Carl
Maria von Weber orchestrée par Hector Berlioz, décors et
costumes de Leon Bakst. Danseront à la première: Vaslav Nijinsky (le spectre)
et Tamara Karsarvina (la jeubne fille).
Après l’entracte, le récital reprend avec une chorégraphie des Danses Polovtsiennes, séquence dansée de l’opéra de Borodine, Prince Igor. Et, pour terminer, Le Sacre.
Prince Igor
(Première aux Ballets Russes, Paris, 19 mai 1909)
Après l’entracte, le récital reprend avec une chorégraphie des Danses Polovtsiennes, séquence dansée de l’opéra de Borodine, Prince Igor. Et, pour terminer, Le Sacre.
Prince Igor
(Première aux Ballets Russes, Paris, 19 mai 1909)
Prince Igor est l’unique opera de Borodine,
créé posthumément à St-Pétersbourg en 1890. Un ballet s’inspirrant des
séquences dansées (dont les famneuses danses Polovtsiennes) fut créé par le
Ballet Impérial en novembre de la même année. La conception scénique était de
Yanov, Andreyev, et Bocharov, avec une chorégraphie de Lev Ivanov. La première
aux Ballets Russes adopte une chorégraphie de Fokine.
Le Sacre du Printemps
(Première: Paris, le 29 mai 1913)
Le Sacre du Printemps
(Première: Paris, le 29 mai 1913)
Le Sacre du Printemps se veut l’adaptation
scénique d’un rite païen de Russe de sacrifice. Chorégraphie de Vaslav
Nijinsky; musique d’Igor Stravinski et conception scénique et costumes de
Nicholas Roerich.
Le clou de la soirée si on veut, cette première suscite une émeute historique. La musique (complexe) et les mouvements de danse (parfois violents) qui représetemt ce rite de fertilité attirent les huées de la foule – lorsque Stravinski introduit les premières grandes saccades de l’Adoration de la Terre, les spectateurs manifestent bruyamment, suivi de débats flagrants enre les spectateurs plus ouverts et les récalcitrants. Les huées se transforment en escarmouches et finalement émeute. Durant l’entracte du ballet, la force constabulaire est dépêchée au théâtre, l’ordre n’étant que partiellement rétabli.
L’intensité rythmique de la partition, le scénario et la chorégraphie ont sans doute provoqué l’émoi des spectateurs. Dans le contexte du reste du récital (en-deça des normes du ballet classique), on peut fort bien imaginer pourquoi! Après la première, lors d’un repas avec son compositeur et son chorégraphe, Diaghilev dira de la réaction sensationnelle que « c’est exactement ce que je recherchais ».
Après une série de neuf représentations, le ballet est mis de côté, et ne sera dansé de nouveau que sept ans plus tard (même concept scénique, mais sous une chorégraphie de Leonide Massine). Il ne reste, toutefois, que peu de vestiges de la chorégraphie originale de Nijinski, ne serait-ce qu’une poignée de notes et de photos. C’est à partir de ces documents ainsi que des croquis laissés par Roerich que Millicent Hodson, Kenneth Archer et Robert Joffrey tentent de recréer le tout en 1987.
Les versions retenues
La version des Sylphides du montage est celle du compositeur et orchestrateur Roy Douglas, qui date de 1936. Des dires de Douglas, une nouvelle orchestration plus homogène était nécessaire. Les Ballets Russes auraient utilisé des orchestrations signées Glazounov, Lyadov, Taneyev, Tcherepnin et Stravinski.
La version retenue du Borodine est dépourvue de choristes – il n’est pas clair si l’exécution en aurait eu recours. J’ai monté la version avec chœurs dans un montage datant de 2011.
La version retenue du Sacre est la version publiée par Stravinski en 1921. La version «originale» de 1913 n’existe que sous forme manuscrite, et sera publiée cette année de centenaire par la fondation Paul Sacher. La première édition publiée du Sacre était d’une réduction pour piano, et fut offerte pour piano mécanique avant une version pour orchestre!
Il est intéressant de suivre la saga des différentes «éditions» de la partition orchestrale du Sacre. Généralement, Stravinski a personnellement vu à la ré-édition de toutes ses œuvres majeures à au moins une sinon deux reprises; une édition qui date des années Stravinski aux USA (post-1945) serait une question pécuniaire. Pour son 80e anniversaire de naissance, la Maison Columbia approche Stravinski afin d’assurer la direction musicale de l’enregistrement de l’intégrale de son œuvre, et il dirigera lui-même la plupart de ses grands ballets avec l’orchestre éponyme Columbia Symphony, et avec l’orchestre de Radio-Canada à Toronto.
Durant les sessions Columbia, les lutrins des musiciens étaient tous dotés de crayons, afin de noter les changements que le compositeur effectuait à ses partitions en temps réel durant les répétitions! Suite à ce projet, Stravinski publiera de nouvelles partitions. Il y a donc deux ré-éditions majeures du Sacre: 1947 et 1965. Fait à noter, la version dirigée pour Columbia par Stravinski en 1960 est de l’édition 1947, mais fait appel à une orchestration inédite de la «danse du sacrifice» – que Stravinski croyait supérieure à l’édition 1947, et qui est enchâssée dans la version 1965. Il y a une trôlée de versions corrigées entre 1920 et 1960, quelque chose de tout à fait normal puisque Stravinski était un fignoleur obsédé.
Le clou de la soirée si on veut, cette première suscite une émeute historique. La musique (complexe) et les mouvements de danse (parfois violents) qui représetemt ce rite de fertilité attirent les huées de la foule – lorsque Stravinski introduit les premières grandes saccades de l’Adoration de la Terre, les spectateurs manifestent bruyamment, suivi de débats flagrants enre les spectateurs plus ouverts et les récalcitrants. Les huées se transforment en escarmouches et finalement émeute. Durant l’entracte du ballet, la force constabulaire est dépêchée au théâtre, l’ordre n’étant que partiellement rétabli.
L’intensité rythmique de la partition, le scénario et la chorégraphie ont sans doute provoqué l’émoi des spectateurs. Dans le contexte du reste du récital (en-deça des normes du ballet classique), on peut fort bien imaginer pourquoi! Après la première, lors d’un repas avec son compositeur et son chorégraphe, Diaghilev dira de la réaction sensationnelle que « c’est exactement ce que je recherchais ».
Après une série de neuf représentations, le ballet est mis de côté, et ne sera dansé de nouveau que sept ans plus tard (même concept scénique, mais sous une chorégraphie de Leonide Massine). Il ne reste, toutefois, que peu de vestiges de la chorégraphie originale de Nijinski, ne serait-ce qu’une poignée de notes et de photos. C’est à partir de ces documents ainsi que des croquis laissés par Roerich que Millicent Hodson, Kenneth Archer et Robert Joffrey tentent de recréer le tout en 1987.
Les versions retenues
La version des Sylphides du montage est celle du compositeur et orchestrateur Roy Douglas, qui date de 1936. Des dires de Douglas, une nouvelle orchestration plus homogène était nécessaire. Les Ballets Russes auraient utilisé des orchestrations signées Glazounov, Lyadov, Taneyev, Tcherepnin et Stravinski.
La version retenue du Borodine est dépourvue de choristes – il n’est pas clair si l’exécution en aurait eu recours. J’ai monté la version avec chœurs dans un montage datant de 2011.
La version retenue du Sacre est la version publiée par Stravinski en 1921. La version «originale» de 1913 n’existe que sous forme manuscrite, et sera publiée cette année de centenaire par la fondation Paul Sacher. La première édition publiée du Sacre était d’une réduction pour piano, et fut offerte pour piano mécanique avant une version pour orchestre!
Il est intéressant de suivre la saga des différentes «éditions» de la partition orchestrale du Sacre. Généralement, Stravinski a personnellement vu à la ré-édition de toutes ses œuvres majeures à au moins une sinon deux reprises; une édition qui date des années Stravinski aux USA (post-1945) serait une question pécuniaire. Pour son 80e anniversaire de naissance, la Maison Columbia approche Stravinski afin d’assurer la direction musicale de l’enregistrement de l’intégrale de son œuvre, et il dirigera lui-même la plupart de ses grands ballets avec l’orchestre éponyme Columbia Symphony, et avec l’orchestre de Radio-Canada à Toronto.
Durant les sessions Columbia, les lutrins des musiciens étaient tous dotés de crayons, afin de noter les changements que le compositeur effectuait à ses partitions en temps réel durant les répétitions! Suite à ce projet, Stravinski publiera de nouvelles partitions. Il y a donc deux ré-éditions majeures du Sacre: 1947 et 1965. Fait à noter, la version dirigée pour Columbia par Stravinski en 1960 est de l’édition 1947, mais fait appel à une orchestration inédite de la «danse du sacrifice» – que Stravinski croyait supérieure à l’édition 1947, et qui est enchâssée dans la version 1965. Il y a une trôlée de versions corrigées entre 1920 et 1960, quelque chose de tout à fait normal puisque Stravinski était un fignoleur obsédé.
DETAILS
Richard Roy DOUGLAS (*1907)
Les sylphides (ballet, orchestrations de pieces pour piano par Chopin) (1936)
Philharmonia Orchestra
Robert Irving, direction
Hector BERLIOZ (1803-1869)
L'invitation à la danse, d'apres Weber, H 90
(Musique du ballet Le Spectre de la Rose)
Chicago Symphony Orchestra
Fritz Reiner, direction
Alexander BORODINE (1833 -1887)
“Danses Polovtsiennes” de l’acte 2 de Prince Igor (opera; complete par Rimski-Korsakov & Glazounov) (1869-87)
Philharmonia Hungarica
Siegfried Köhler, direction
Igor STRAVINSKI (1882-1971)
Le Sacre du Printemps (1913, rev. 1921)
Orchestre Symphonique de Montréal
Charles Dutoit, direction